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Les robots de paillage à l’assaut des stabulations

Le Gaec des Chênes est équipé du système Schauer, une chaîne à pastilles qui circule au-dessus des logettes, laissant tomber la paille par gravité jusqu’au sol.

Tout comme la traite, le raclage, le repousse-fourrage et l’alimentation, le paillage se robotise : gain de temps et réduction de la pénibilité pour l’éleveur, propreté et confort améliorés pour les animaux. L’offre se développe avec plusieurs conceptions de matériels. Enquête dans deux exploitations.

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Le Gaec des Chênes, à Changé, en Mayenne, a été créé en 2020 à la suite du regroupement de deux troupeaux. Les associés ont alors construit un nouveau bâtiment de 43 mètres par 72, dédié aux vaches laitières. Il abrite les trois robots de traite placés à une extrémité et les 180 logettes disposées sur 3 doubles rangées en face-à-face.

« Nous ne voulions plus avoir à épandre de paille manuellement, l’astreinte aurait été trop contraignante, commente Mickaël Moullière, l’un des trois associés. L’installation d’un système de pailleuse automatique a donc été prévue dès le départ du projet. » Très rapidement, les éleveurs optent pour du matériel Strohmatic de la marque Schauer. Ce principe dispose d’un circuit de distribution relativement léger qui peut s’installer sous la charpente sans poser de renforts. En effet, avec cette machine, la botte est placée dans un caisson à poste fixe, situé à l’extérieur de la stabulation, où elle est broyée et dépoussiérée. Puis, la paille fine est transportée via une soufflerie jusqu’à une trémie tampon installée en hauteur à l’intérieur du bâtiment.

Une structure légère

Le circuit de distribution commence à partir de là, empruntant une chaîne à pastilles placée dans un tuyau de 200 mm de diamètre qui parcourt tout un chemin à quelques mètres au-dessus des logettes. La structure légère de ce type d’équipement est donc un atout, d’autant qu’elle peut aussi s’adapter à des bâtiments de forme complexe déjà existants.

Le caisson choisi par le Gaec des Chênes est dimensionné pour une seule botte à la fois, ronde ou rectangulaire. Il existe aussi des versions dotées d’une réserve de plusieurs balles. Après avoir placé la paille et retiré les ficelles, l’éleveur ferme les portes du caisson et met le système en route. Un rouleau démêleur envoie la paille vers le broyeur où la matière est coupée en fines particules d’environ 2 cm de longueur. Les pierres éventuellement présentes sont automatiquement écartées du circuit. Grâce à une aspiration spécifique, toute la poussière est également retirée et envoyée dans un autre compartiment placé juste à côté. L’agriculteur le vide tous les deux à trois jours avec le godet de son télescopique et dépose la poussière dans la fumière.

Le circuit de distribution dans lequel circule la chaîne à pastilles est percé de sorties placées sur la partie inférieure du tube, laissant tomber la paille par gravité. Chacune est équipée d’un obturateur qui sert à régler le débit de l’installation. « Plus l’ouverture est importante, plus il y aura de paille au sol, explique l’éleveur. J’utilise une perche pour modifier une à une les positions des obturateurs et gérer ainsi le débit. Il y a une sortie toutes les deux logettes. Au début, il a fallu tâtonner un peu, mais, assez rapidement, j’ai trouvé le bon réglage. Et si je constate qu’il y a trop ou pas assez de paille à certains endroits, je modifie l’ouverture des sorties correspondantes. Globalement, le principe est efficace et sans nuisance pour les vaches. Nous utilisons en moyenne une botte ronde par jour en été et deux en hiver pour les 180 logettes. Ce système est donc relativement économe en litière. Grâce à la pailleuse, nous avons supprimé une tâche pénible et les animaux sont toujours propres », se félicite Mickaël Moullière.

Une pailleuse sur rail

Depuis le mois de juin 2024, Andrew Colombel, gérant de l’EARL du Petit Plessis, à Torcé, en Ille-et-Vilaine, utilise un robot de paillage GEA qui passe une ou deux fois par jour au-dessus des logettes et des aires paillées.

« Je recherchais un système simple afin de réduire le temps d’astreinte quotidien autour du troupeau, sans nuire au confort et à la propreté des animaux, explique le jeune éleveur. Les vaches sont dans une stabulation unique constituée de plusieurs bâtiments construits côte à côte au fil des années. Dans la partie centrale, se trouvent les 130 logettes des laitières, réparties sur trois rangées, ainsi que le bloc de traite avec trois stalles robotisées. Tout un côté est occupé par une aire paillée de 500 m², divisée en cinq box pour les génisses et les vaches taries. Sur l’autre aile, se trouvent les box d’isolement et de soins, dont une partie est en logettes et le reste en aire paillée. Toutes ces zones sont disposées en parallèle, mais n’ont pas forcément la même longueur, et certaines sont discontinues. La difficulté était de pouvoir passer partout et d’apporter des quantités variables sur des largeurs différentes. »

Au départ, l’exploitant s’intéressait au système Schauer, mais en additionnant les puissances des différents moteurs électriques que comporterait l’installation, il a estimé que la consommation d’énergie serait trop importante. C’est pour cette raison qu’il a finalement opté pour la nouvelle pailleuse de GEA. Le principe est différent, car il faut placer la botte dans une cage suspendue à un rail fixé sous la charpente qui parcourt tout le bâtiment. Le modèle actuel n’accepte que les big-balers. Ainsi, la botte entière se déplace sur l’ensemble du circuit. Ce matériel fonctionne à l’électricité, grâce à une batterie ayant assez d’autonomie pour épandre cinq balles cubiques de suite, avant de retourner automatiquement au poste de charge.

En bout de sa stabulation, l’éleveur a installé un appentis avec la zone de chargement de la botte, ainsi que les aiguillages menant aux différents secteurs : logettes des laitières, box d’isolement, aires paillées pour les taries et les génisses. (© Denis Lehé)

La cage possède un poussoir qui entraîne la paille vers un démêleur rotatif, oscillant de haut en bas pour grignoter la botte petit à petit. Ce système n’est pas équipé de pesée instantanée, l’utilisateur ajuste la quantité épandue en jouant sur la vitesse d’avancement du poussoir. La litière tombe soit directement au sol sous le passage de la pailleuse, soit sur deux disques de répartition amovibles qui l’étalent sur une largeur réglable de 3 à 7 mètres. « La principale contrainte de ce type d’installation, c’est la pose du rail, précise l’éleveur. La charpente doit être assez solide pour supporter le poids de la structure, de la pailleuse et de la botte. De plus, il faut suffisamment de hauteur pour passer au-dessus des animaux sur l’ensemble des zones à pailler, sachant que tout le circuit doit se trouver au même niveau. En effet, la pailleuse n’est pas conçue pour franchir des dénivelés. Chez nous, ces conditions étaient remplies, nous avons juste dû modifier une charpente en bois et la renforcer avec des IPN métalliques pour dégager un passage de largeur suffisante. L’étude de faisabilité a été réalisée par le concessionnaire local, appuyé par des techniciens de chez GEA. »

Planifier avec le téléphone

L’exploitant a également construit un appentis de 4 mètres de profondeur sur toute la façade de son bâtiment. Cet espace sert au stockage et au chargement de la pailleuse. L’éleveur dépose généralement la botte sur la tranche, puis il retire les ficelles directement depuis le sol grâce à une perche télescopique pourvue d’une lame et d’un crochet. Si la botte ne se tient pas bien, il la pose alors à plat et retire ensuite les ficelles depuis une plateforme sécurisée, aménagée pour les interventions en hauteur. Toute la longueur de l’appentis est parcourue par un rail comprenant trois aiguillages et une courbe à son extrémité, formant ainsi les points de départ de quatre circuits. « Les différents secteurs sont mémorisés dans la console de la machine, explique Andrew Colombel. À partir de chaque aiguillage, nous avons enregistré que, de telle distance à telle distance, se trouvaient des logettes, ou une aire paillée, ou un couloir, etc. Toutes ces zones sont répertoriées. Je peux définir jusqu’à 20 programmes de passages différents en choisissant le parcours à suivre, la quantité de paille à épandre et si les disques éparpilleurs doivent entrer en action ou pas. »

Dans l’aire paillée, les deux disques placés sous le robot GEA se mettent en action pour étaler la paille sur toute la largeur. (© Denis Lehé)

Cette planification est accessible depuis le téléphone portable de l’exploitant, qui déclenche chaque jour le paillage en choisissant le programme adapté au nombre d’animaux présents et à la propreté de la stabulation. Il est aussi possible de déclencher, si besoin, des applications ponctuelles ou de planifier le fonctionnement de la machine à l’horaire souhaité. Le constructeur propose une option de pilotage à distance nécessitant une connexion au Wi-Fi de l’exploitation ou l’achat d’une carte Sim. La pailleuse GEA accepte différentes longueurs de paille. Sur les aires ouvertes, Andrew Colombel utilise donc des bottes de brins longs et réserve la paille broyée aux logettes, car celle-ci lui coûte un peu plus cher à l’achat. En moyenne, il consomme un big-baler par jour pour l’ensemble du troupeau.

Épandage silencieux, sans poussière

« Cet équipement répond bien à mes attentes, souligne Andrew Colombel. Auparavant, pour les aires paillées, nous utilisions le bol mélangeur, mais, dans les logettes, tout se faisait à la main à partir des bottes stockées entre les rangées. C’était relativement fastidieux. Désormais, la principale tâche consiste à placer une nouvelle botte quand la précédente est terminée et à retirer les ficelles. L’épandage est silencieux, sans poussière et relativement homogène si la paille est de qualité. Je conseille de fermer les portes et les rideaux d’aération pour éviter que les brins ne dérivent sous l’effet des courants d’air. Visiblement, nous consommons moins de paille qu’auparavant, quand l’étalage se faisait manuellement. L’idéal est de passer au moment où les vaches sont parties manger à l’auge et que les logettes sont vides. Jusqu’à présent, nous avons eu peu de soucis. Depuis sa mise en service, la machine a évolué puisque le constructeur a modifié les paramètres pour que le démêleur se remette tout seul en route en cas de bourrage. J’apprécie de pouvoir facilement modifier le débit au mètre carré. Avec ce système, je peux envisager d’agrandir mon bâtiment, car le prolongement du circuit sera simple à réaliser. »

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