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[Paroles de lecteurs] Sécheresse Les étés se suivent et se ressemblent... malheureusement !

« Sans eau, adieu veau, vache, cochon... », résume Jmb67. (©Terre-net Média)

2018, 2019, 2020 et... ? Les années se succèdent tout comme les sécheresses, estivales notamment. Pas étonnant si cet été aussi, ces dernières ont été au centre des discussions des lecteurs de Web-agri.

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Patrice Brachet propose « un remède efficace » pour le moins extrême : « Arrêter la production laitière, la meilleure façon », selon lui, « de contrer le changement climatique ». « Si le lait était payé à sa juste valeur », cela vaudrait le coup d'après l'éleveur de chercher des solutions mais « là, c'est de l'esclavage » !

Vu le prix du lait, ça ne vaut pas le coup de chercher des solutions !

Remède radical : « arrêter le lait ou la viande »

steph72 rétorque : « Tu parles du lait mais en viande, c'est une cata aussi !! Avec des prix au rabais et plusieurs années de sécheresse de suite, les producteurs sont dégoûtés. Il va y en avoir des cessations d'activité !!! » Il poursuit : « Nos rendements en foin ont chuté de 30 %. Dans les prairies sur les coteaux, on voit même la terre et ce n'est pas prêt de repousser. (...) S'il ne vient pas d'eau en septembre, c'en sera terminé pour la saison de pâturage qui n'aura duré que deux mois et demi... Comme quoi ne miser que sur l'herbe devient trop aléatoire, voire dangereux, même en allongeant les rotations. Mieux vaut se tourner vers la luzerne et/ou le méteil, complétés par des céréales. »

Une saison de pâturage de 2,5 mois !

« Dans notre zone, l'herbe, c'est fini depuis juin », se lamente Patrice Brachet.

« (...) Les systèmes fourragers les plus simples demandent certes moins de travail et simplifient l'organisation mais ils sont aussi plus exposés aux excès climatiques. Mieux vaut en être conscient avant de se lancer et garder un stock de sécurité et un peu de trésorerie au cas où », conseille Lau.

Les systèmes fourragers les plus simples sont plus exposés aux aléas climatiques.
Jmb67 est, lui aussi, fataliste : « Sans eau, adieu veau, vache, cochon... »

Le "tout herbe", « c'est fini » !

Jonathan ironise : « (...) Au menu de mes vaches cet été, de l'herbe rôtie, voire grillée !! Au mieux, elles pourront revenir pâturer à partir du 15 septembre. La bouffe pour les animaux devient un véritable casse-tête (...) et, en plus, il faut acheter la paille... »

Au menu de mes vaches cet été, de l'herbe rôtie, voire grillée !!

« Même en pâturage tournant dynamique, quand il ne pleut pas, il n'y a pas d'herbe ! », déplore kami

« Moi, j'arrive en PTD à garder le pâturage de nuit mais il ne représente qu'un quart de la ration. Sur la ferme, le maïs équivaut à 10 % de la SAU mais constitue mon assurance sécheresse. Les exploitations exclusivement herbagères sont depuis quelques années en grande difficulté », précise Franck15.

La sécheresse m'a coûté 40 €/1 000 l de lait.

« Les aléas climatiques sont de plus en plus marqués et précoces au printemps. Chez nous, depuis quatre ans, la sécheresse nous coûte 40 €/1 000 l de lait ! », constate débutant.

Et sur Facebook :

(©Page Facebook de Web-agri)
 

Le maïs, une « assurance sécheresse »

titian est du même avis que Franck15 : « Comme le millet et le sorgho, le maïs est une plante très efficiente pour l'eau et pousse même avec 30°C contrairement aux graminées de prairies ».

Une plante très efficiente pour l'eau.

« Dans notre région, les premiers maïs semés vont produire 12 t de MS contre à peine 6 t pour l'herbe, donc il vaut mieux essayer d'optimiser les maïs avec une bonne fertilisation et des semis précoces », juge débutant.

Ou alors cultiver du méteil, de l'avoine ou de la luzerne

« (...) Nous avons toujours connu plus ou moins des sécheresses estivales, il a donc fallu qu'on s'adapte, détaille Massol. Nous cultivons 10 ha de méteil, que nous enrubannons les mauvaises années et que nous moissonnons sinon, et de la luzerne soit en association multi-espèce pour obtenir un fourrage équilibré, soit pure en semant de l'avoine à l'automne pour effectuer une grosse coupe au printemps. L'objectif : avoir constitué 80 % du stock de fourrage et de paille auto-produit sur la ferme au 20 juin. Toutefois, cette année est aussi compliquée qu'en 2003 et nos laitières sont au régime hivernal depuis mi-juillet. »

« (...) Petit conseil : semer l'avoine dès fin août et fertiliser un peu, vous aurez un beau pâturage pour l'automne. (...) », recommande Patrice Brachet.

Rien ne pousse sauf la luzerne !

titi est dans la même situation : « Chez nous, tout est cramé !! Rien ne pousse sauf la luzerne, réputée pour sa résistance aux conditions sèches. »

« La luzerne m'a en effet permis de faire quatre coupes avec des rendements corrects, là où mes voisins n'en ont réalisé que deux avec du ray-grass italien », appuie Qwerleu

Même le sorgho, « il a fallu l'arroser »

Même le sorgho, « il a fallu l'arroser cette année », témoigne titian. « Au final, je suis pas certain que cette culture soit plus efficiente en eau à la tonne MS produite qu'un maïs. Avec l'avantage "multicoupe" par contre, on peut mieux bénéficier d'un retour des pluies alors qu'en maïs, elles n'auront plus aucun impact. »

« Je n'ai pas de sorgho multicoupe, mais des monocoupes BMR qui tardent à monter, même ceux qui ont reçu un tour d'eau, explique Moty. Pourtant ils paraissent beaux. Le sorgho fourrager reste une culture difficile à maîtriser tous les ans. »

Prions Sainte Pluie pour avoir quelques bottes en septembre...

Jmb67 revient avec son slogan qui rime avec "sorgho" : « Pas d'eau, pas sorgho ! » « J'en ai semé début juin et deux mois après, la moitié seulement était sortie et mesurait 20 cm de haut. Impossible alors de faire une coupe mi-août en région Aura. Le broyeur pour nettoyer en priant Sainte Pluie pour avoir quelques bottes fin septembre. »

« Un maïs semé dans le sec s'en sort mieux ! », lance Patrice Brachet.

« Il faut arrêter de croire aux plantes miracles face à la sécheresse (...) », prévient entre2o.

Diminuer l'effectif du troupeau ou le chargement

Si misérable pense que « dans certaines régions, l'élevage laitier va devenir impossible avec le réchauffement climatique », il se montre plus nuancé : « Le mieux est de diminuer l'effectif du troupeau, quitte à produire moins mais en étant plus autonome. »

« Ou de baisser le chargement à l'hectare dès le printemps », suggère Capitaine, ce sur quoi Patrice Brachet le rejoint.

La gestion du pâturage, c'est très compliqué...

Autre piste avancée par Moty :  « À partir de fin mai, on peut allonger la durée de retour sur les paddocks. La gestion du pâturage, c'est compliqué, mais il faut anticiper. »

L'irrigation, « la meilleure sécurité fourragère »

Poly, lui, juge que « l'irrigation, dénigrée par beaucoup, reste la meilleure sécurité fourragère possible ». « Il faut avancer sur le stockage de l'eau et optimiser son utilisation au maximum, insiste-t-il. Sur mon exploitation, depuis trois ans, l'irrigation sauve le bilan fourrager plombé par une production d'herbe catastrophique et en dents de scie. »

Patrice Brachet met en garde : « Entre les "anti" et les dégradations en tout genre, être irriguant aujourd'hui est un sacerdoce ! »

Être irriguant aujourd'hui, un sacerdoce !

steph72 renchérit : « Et dans certaines régions qui ne peuvent pas irriguer, c'est la désertification agricole !! »

Jeuneagri ajoute : « Et pendant ce temps, les communes continuent d'arroser les fleurs... »

Quant aux retenues collinaires qui font débat, « ce n'est que du bon sens », estime Oups. « Les pays qui en manquent doivent nous prendre pour des tarés de laisser partir toute cette eau...  »

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