Paroles de lecteurs Les voyages forment-ils les agriculteurs ?
La moisson ayant été précoce cette année, vous avez peut-être pu partir quelques jours en vacances, dans un hôtel paradisiaque ou dans une ferme auberge pour ceux qui ne veulent pas être trop dépaysés. Mais autant profiter de ce congé bien mérité pour déconnecter un peu du boulot. D'autant que pour découvrir l'agriculture à l'étranger, il y a les séjours professionnels. L'occasion, selon Tell14 et Titian, d'échanger avec des producteurs d'autres pays.
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Tell14 : « C'est toujours intéressant d'aller voir nos voisins étrangers. En Suède, ils te parlent de bien-être animal avec des bovins qui ne sortent jamais. En Autriche, ils roulent en 4 x 4 même quand ils n'ont que 10 bêtes. En Irlande, ils font pâturer 500 à 800 vaches laitières sans aucune mise aux normes des bâtiments d'élevage mais par contre, ils n'ont pas encore de tracteurs quatre roues motrices. De plus, on se rend compte que tout n'est pas forcément rose ailleurs non plus. Mais, faire visiter des fermes françaises aux agriculteurs d'autres pays est plus difficile : mettre tous nos chiffres sur la table n'est pas dans notre mentalité, dommage... »
Titian : « Oui, c'est sympa les voyages, mais en retire-t-on vraiment quelque chose de transposable sur notre ferme ? Sinon, comme tu dis, c'est bête d'avoir peur de parler de son exploitation. Les comportements commencent à évoluer. Malheureusement, c'est déjà trop tard, de nombreux élevages ont disparu. Une remarque en passant : les agrofournisseurs ou les organismes agricoles n'organisent-ils pas des séjours à l'étranger pour ne pas voir ce qui ne marche pas chez nous ? »
Tell14 : « C'est aussi l'occasion de voir si les coopératives agricoles du nord de l'Europe répartissent mieux leurs résultats entre les investissements internes et le prix du lait payé aux producteurs. Cela explique peut-être, en partie, pourquoi ce dernier est plus faible en France. Notre pays a également la particularité d'avoir des coops multi activités : si tu livres ton lait là où tu vends tes céréales, c'est sans doute encore plus compliqué de défendre ses intérêts. »
« Commençons par échanger avec les producteurs autour de nous »
Titian : « Dans les voyages agricoles à l'étranger, on retrouve la même émulation de groupe que dans les groupements techniques d'agriculteurs comme les Ceta, en production végétale notamment. Quand je vois comment celui près de chez moi a avancé et progresse encore... Enfin, nous les éleveurs, avec nos outils bien saturés, économiquement comme humainement, on se laisse organiser par les institutions agricoles dans bien des domaines, jusque dans nos têtes ! »
Tell14 : « C'est vrai, il faut être force de proposition plutôt que tout critiquer sans arrêt. Dès qu'un agri explique que ses vaches ne pâturent plus et qu'il travaille en Cuma intégrale, il se fait descendre par ses collègues ! Par ailleurs, comme les exploitations ont beaucoup grossi depuis 20 ans, et que la main d’œuvre n'a pas suivi, on a moins le temps d'échanger entre agriculteurs. »
Titian : « Commençons effectivement par aller voir les producteurs de notre village, des communes autour ou de notre département. En mettant notre orgueil au placard et en parlant sans langue de bois. Ce serait forcément profitable, plus en tout cas que toutes ces études et conseils d'experts complètement déconnectés du terrain et dont on nous rebat les oreilles depuis des années, mais cela reste pour l'instant utopique. En outre, les expériences étrangères sont parfois éloignées des réalités et contraintes françaises. Et certains farming tours sont un peu trop bling-bling et n'apportent pas grand chose. »
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