Les mammites peuvent causer une perte de revenu allant jusqu'à 30 €/1 000 l. Des solutions existent et investir dans la qualité du lait se révèle aujourd'hui une stratégie payante.
LE PRIX DU LAIT ATTRACTIF ET LES OPPORTUNITÉS DE PRODUCTION DE VOLUMES supplémentaires accordés par les laiteries ont poussé de nombreux éleveurs à produire davantage. Ce sucroît est souvent accompagné d'une augmentation de l'effectif des vaches, à structure constante. L'outil de production est alors saturé. Si cette stratégie peut se révéler payante pour diluer les charges de structure, elle induit des contraintes. L'augmentation de l'effectif se fait souvent par la conservation d'animaux chroniquement infectés et prévus pour la réforme. De plus, un nombre plus élevé de vaches peut entraîner une surpopulation dans les logements (aires paillées, logettes) et une augmentation de la durée de traite... Il existe donc un risque de dégradation de la situation sanitaire du troupeau et de la qualité du lait. Des mesures doivent être mises en place.
La situation de départ
- Le Gaec Lepré possède un troupeau de 105 vaches laitières.
- Des volumes supplémentaires sont accordés par la laiterie, incitant à traire 10 vaches de plus.
- Le Gaec a simplifié les protocoles d'hygiène en salle de traite pour conserver une durée de traite similaire.
- La situation cellulaire est dégradée et les mammites sont fréquentes.
Le commentaire de l'expert
« Les associés ont simplifié les pratiques d'hygiène en salle de traite pour ne pas augmenter le temps de travail. La situation initiale est très bonne avec 82 % de comptages leucocytaires inférieurs à 300 000 cc et seulement 6 % de vaches à plus de 800 000 cellules. Ils ont donc arrêté de laver systématiquement les trayons, de tirer les premiers jets et de désinfecter les griffes après le passage des vaches leucotytaires. Ces simplifications ont permis de traire plus rapidement. La situation est restée maîtrisée, mais le choix de garder certaines vaches leucocytaires chroniques, prévues à la réforme, a compliqué les choses. Ils ont constaté une augmentation du taux cellulaire au tank et des vaches saines ont été infectées. Aujourd'hui, 10 vaches doivent être traites au pot et les mammites sont fréquentes. Cette situation crée du stress pour les éleveurs car elle nécessite une vigilance renforcée pour bien identifier les animaux et éviter les accidents d'inhibiteurs. »
Le commentaire de l'expert
« Les associés ont décidé de revoir complètement les protocoles d'hygiène. Le lavage, la désinfection des mamelles et le tirage des premiers jets seront réalisés systématiquement. L'utilisation d'un test plateau (CMT = Californian mastitis test) permettra de valider une situation d'infection en cas de doute. Le Gaec a aussi choisi d'investir dans un système automatisé de désinfection des griffes afin de réaliser un nettoyage efficace du faisceau trayeur entre chaque vache. Si les éleveurs sont conscients de la nécessité de changer leurs pratiques, ils se posent néanmoins des questions sur l'utilité réelle de telles dispositions au vu de l'augmentation du temps de travail que cela va entraîner. Une simulation économique de l'impact des évolutions techniques envisagées est donc réalisée. Dans la situation actuelle, la stratégie est de diminuer le temps de traite. Pour cela, les éleveurs ont simplifié au maximum les protocoles d'hygiène en salle de traite. Si la traite est rapide, les résultats en termes de qualité du lait ne sont pas satisfaisants. En effet, les pénalités s'élèvent à 3 200 € sur une année tandis que les coûts liés aux mammites et aux réformes supplémentaires sont respectivement de 4 500 € et 9 000 €. Les évolutions envisagées dans les pratiques de traite induisent un investissement de 3 000 € pour le système de désinfection des griffes et de 2 500 € de produit désinfectant (consommation pour l'ensemble dutroupeau sur une année). Le retour à une situation maîtrisée dans l'élevage devra ainsi permettre d'éviter les pénalités qualité du lait, d'abaisser le coût des mammites et de diminuer celui des réformes. Cela représente une économie supérieure à 13 000 € par rapport à la situation initiale. Attention, ces évolutions impliquent néanmoins une augmentation du temps de traite de quinze à trente minutes. »
« Les conséquences d'une extension de la taille du troupeau à structure constante doivent être bien mesurées car elles peuvent entraîner des changements de son management. Dans cet élevage, la simplification de l'hygiène à la traite, couplée à la hausse de l'effectif, a augmenté les risques de contamination et dégradé la maîtrise de la qualité du lait. Ces conséquences ont d'autant plus d'impact que l'effet volume multiplie les risques à tous les niveaux : travail, inhibiteurs, traitements, contaminations, boiteries... Le renforcement des protocoles d'hygiène à la traite, et notamment la désinfection systématique des griffes entre deux vaches apparaissent comme des investissements rentables au vu du coût des mammites. Néanmoins, cela implique souvent une augmentation du temps de travail. Le choix des équipements et des protocoles à mettre en place est donc une question de compromis entre, d'une part, la situation sanitaire du troupeau et, d'autre part, les objectifs en termes de temps de traite de l'éleveur. »