C'est la question que se posent les membres du Gaec du Soleil. Ils envisagent une augmentation de production de 100 000 litres et ont souhaité étudier l'opportunité de leur projet et en mesurer l'impact sur la rentabilité de l'exploitation.
Les entreprises de la transformation ont, pour plusieurs d'entre elles, proposé de nouvelles opportunités de volumes à produire en plus. La question du développement de l'atelier lait est d'actualité dans un certain nombre d'exploitations. Elles subissent des variations plus importantes que les années passées avec une augmentation des volumes plus rapide. Mais qui dit volumes supplémentaires ne dit pas automatiquement revenu en plus. La cohérence par rapport à la structure de l'exploitation, aux objectifs des éleveurs et une maîtrise du volume du travail, doivent permettre dans ce cas d'améliorer le revenu de l'exploitation. C'est l'occasion d'apporter un regard complet sur l'élevage pour au final prendre la bonne décision.
ANALYSE DU COÛT
La situation de départ
Le Gaec du Soleil produit 600 000 l avec 75 vaches sur 96 ha.
L'outil de production (114 % des volumes contractualisés ont été livrés) est saturé.
Jean et Rolland estiment qu'il leur manque 10 places de logettes.
La production moyenne est de 7 600 kg de lait.
La SAU est de 96 ha, dont 51 en herbe, 31 en maïs et 14 ha en cultures de ventes.
L'analyse de l'expert gestion
« Le lait représente 95 % de la marge brute globale de l'exploitation. À ce niveau, l'optimisation de l'activité laitière est vitale. Si la structure financière de l'exploitation reste bonne avec un niveau d'endettement maîtrisé, les derniers éléments financiers traduisent une situation de trésorerie tendue. Avec 28 % de produit total, le niveau actuel d'efficacité économique (excédent brut d'exploitation) est insuffisant pour faire face aux charges engagées. L'analyse des coûts de production de l'exploitation apporte un éclairage complémentaire. Le niveau de charges de structure est maîtrisé (- 37 € /1 000 litres), mais celui des charges proportionnelles ne l'est pas (+ 41 € /1 000 litres). Cela veut dire aussi qu'il y a un moyen d'agir rapidement au niveau de l'exploitation en focalisant l'énergie sur l'amélioration de l'efficacité économique. Cela se joue au coeur du troupeau. Pour être réaliste, le projet d'augmentation des volumes devra s'accompagner d'une meilleure maîtrise de l'existant. »
L'analyse de l'expert système
« Les leviers de l'optimisation du système actuel peuvent être chiffrés, au total, à 29 €/1 000 litres, soit un montant global de 17 000 € pour l'exploitation. Trois axes de travail ont été retenus dans le plan d'actions :
- Mieux sécuriser la production fourragère et limiter le coût de production des fourrages (+10 €/1 000 litres) : l'augmentation du chargement de l'exploitation est envisageable par une intensification des fourrages. Un travail engagé par le renouvellement des pâtures (51 ha concernés) et la gestion des rotations répond à cet objectif. Parallèlement, une réduction de 20 €/t de matière sèche de maïs produite est possible en revoyant la fertilisation de la culture.
- Augmenter la productivité du troupeau par une alimentation mieux maîtrisée (+ 9 €/1 000 litres). Avec 7 600 kg de lait par vache et 1,1 t de concentrés annuellement, des marges de progrès sont facilement atteignables. Un travail à conduire sur l'orientation génétique de troupeau pour développer le potentiel lait permettra de consolider ce gain de productivité dans le temps.
- Travailler sur la conduite des génisses et des réformes (+ 10 €) : l'âge au vêlage peut être réduit (actuellement de vingt-huit mois). Le prix de vente des réformes peut également être amélioré.
Si le plan d'action est ambitieux, ces trois actions ne sont pas incompatibles et peuvent permettre d'espérer un résultat à moyen terme. Elles sont surtout de nature à redonner une motivation autour de la gestion du troupeau.
La partie projet a été finalement la moins compliquée. Jean et Rolland ont posé comme unique investissement 20 000 € pour la mise en place de 20 logettes supplémentaires, sans avoir à toucher à l'installation de traite ni aux bâtiments. Ces 20 logettes complémentaires couvrent largement les besoins en vaches qui proviendront essentiellement de l'exploitation (pas d'achat extérieur). La simulation économique aboutit à un résultat d'opportunité en année 1 de 6 000 €, soit le tiers de ce qui doit être réalisé par l'amélioration des résultats techniques. La réflexion avec Jean et Rolland a essentiellement porté sur la variabilité de ce coût d'opportunité en fonction des variations du prix du lait et du coût de production (voir tableau). »
« Augmenter le nombre de logettes pour absorber le volume »
« Avec Jean et Rolland, nous avons réfléchi sur ce qu'ils attendaient de ce projet. L'augmentation du volume de production est pour eux l'occasion de consolider la taille de l'atelier et de dépasser le facteur limitant de places dans les bâtiments. Il y a donc une vraie opportunité dans le projet.
La deuxième étape a été d'identifier ce qui bloque dans le niveau de performances économiques de l'exploitation. Les axes de travail ont été définis et chiffrés. Ils permettent de baliser et de hiérarchiser le travail à conduire. Le résultat montre bien que la simple projection dans un nouveau projet n'est pas suffisante et ne peut se faire par l'économie d'une remise à plat des pratiques actuelles. C'est un moment fort et engageant dans la démarche.
Au final, l'analyse du projet en lui-même n'a pas été, dans ce cas, la partie la plus compliquée. Le facteur limitant à lever est, dans ce cas, le nombre de logettes insuffisant sans avoir à renouveler d'autres postes pour absorber le volume de lait complémentaire. Il y a donc dans cet élevage une réelle opportunité de consolider l'ensemble de la structure. »