La rentabilité prévisible d'une augmentation de quota peut être évaluée grâce au coût de production et au point d'équilibre. Il s'agit de mettre en parallèle les charges induites et les produits supplémentaires.
Les éleveurs qui ont une capacité de production non exploitée (bâtiments et surfaces), ne peuvent en profiter qu'en augmentant leur droit à produire. L'achat ou la location de surfaces le permettent, tout comme l'acquisition de quota sans terre dans de nombreux départements. Avant de se lancer, il faut évaluer la rentabilité. La connaissance du coût de production et du point d'équilibre est cruciale pour calculer l'impact de l'agrandissement. On en mesure ainsi l'intérêt en fonction du prix du lait espéré.
En général, la dilution des charges de structures sur un volume plus important est bénéfique. Les éleveurs en sous-réalisation, découragés par le niveau du prix du lait, doivent savoir qu'ils pénalisent leur coût de production. En revanche, toute hausse de production nécessitant des investissements impacte les charges de structure. La rentabilité est alors à étudier au cas par cas.
La situation de départ
- M. Lelait réalise 330 000 l de lait avec 50 VL et la suite.
- À la dernière clôture, son coût de production s'établit à 290 €/1 000 l et son point d'équilibre à 305 €/1 000 l.
- Depuis la mise aux normes, il dispose de six places supplémentaires de vaches dans son bâtiment.
- M. Lelait souhaite évaluer l'impact de plusieurs pistes d'agrandissement.
Le commentaire de l'expert
« Dans ce cas et toutes choses étant égales par ailleurs, les charges proportionnelles, comme leur dénomination l'indique, restent identiques. De même, le montant des charges de structure, en valeur absolue, n'est pas impacté par l'achat de foncier, celui-ci se faisant à titre personnel, au nom de l'exploitant qui met ensuite ces terres à disposition de l'exploitation. Par contre, ramenées à l'unité, elles se trouvent diluées par le volume plus important de lait sur l'exploitation, dès l'année N + 1.
• 150 € x 330 000 l = 49 500 € de charges de structure,
• 49 500 € : 350 000 l = 141 €/1 000 l.
En revanche, pour le point d'équilibre, les charges, en valeur absolue, vont progresser. En effet, les prélèvements courants vont être majorés, pour les quinze prochaines années, par l'annuité correspondant à l'achat de terre. Cette dernière s'élève à 3 855 €.
Par contre, elle va être minorée par les DPU supplémentaires, à savoir 1 800 €.
Avant : 305 € x 330 000 l = 100 650 € de charges à couvrir par le lait,
Après : (100 650 € + 3 855 € - 1 800 €) : 350 000 l = 293 €.
Dans ce cas, avec un prix de vente de 300 €/1 000 l, la trésorerie cumulée sur cinq ans est de 12 250 €. »
M. Lelait achète 6 ha de terre qui lui permettent de consolider sa référence initiale de 20 000 l. Le coût, tous frais compris, est de 7 000 €/ha. Cet achat de foncier est financé par un emprunt sur quinze ans à 4,5 %. Le foncier étant acquis à titre privé, il n'apparaît pas dans le bilan de l'exploitation. En revanche, avec le foncier, l'exploitant récupère 6 DPU à 300 € chacun.
Le commentaire de l'expert
« Le point d'équilibre s'améliore de 7 € par rapport à l'achat de terre. Le montant de la location est inférieur à l'annuité induite par l'achat. De plus, la location des DPU du cédant vient en positif. Dans ce cas, avec un prix de vente de 300 €, la trésorerie cumulée sur cinq ans est de 24 500 €. »
M. Lelait reprend 20 000 l de lait sur 6 ha en location. Le coût du fermage de 200 € par hectare vient se rajouter aux charges de structure. Il bénéficie également de 6 DPU à 300 € par hectare qui sont inclus dans le bail.
Le commentaire de l'expert
« L'achat de référence permet lui aussi d'améliorer le coût de production et le point d'équilibre. Sur ce dernier point, le bénéfice est renforcé après deux ans, une fois soldé le prêt finançant l'acquisition. Avec un prix de vente de 300 €, la trésorerie cumulée sur cinq ans est de 19 250 €. »
M. Lelait se porte acquéreur de 20 000 l dans le cadre du dispositif de transfert spécifique sans terre (TSST). Ce quota est payé sur la base de 0,15 €/1 000 l, soit 3 000 € financés par un emprunt sur deux ans à 4 %. Seuls les intérêts de cet emprunt se répercutent sur le coût de production et leur incidence est minime, s'élevant à 0,27 €/1 000 l. En revanche, sur le point d'équilibre, 5 € d'annuités par 1 000 l sont consacrés au remboursement de l'annuité supplémentaire sur N + 1 et N + 2.
« La dilution des charges de structures est bénéfique »
« Les différentes formules présentées ci-dessus permettent, à l'échelle de cinq ans, de voir le retour de trésorerie. C'est un point essentiel pour prendre en compte tous les paramètres d'une augmentation de la référence. Nos simulations montrent ici un avantage à la location, mais attention car dans ce cas, la référence supplémentaire n'est pas acquise, au contraire de l'achat de terre ou du TSST.
De même, dans les deux premiers scénarios, l'exploitant pourra envisager d'implanter quelques hectares en cultures de vente sur lesquelles il pourra réaliser une marge, ce qui peut encore conforter la tendance. Dans tous les cas, une reprise de quota ne nécessitant pas d'investissement important se solde par une dilution des charges de structure, bénéfique pour le coût de production, le point d'équilibre et donc la trésorerie de l'entreprise. »