LES STATISTIQUES DE LA MSA SONT SANS APPEL : 7 % des accidents chez les agriculteurs sont liés au travail du bois. Pour un temps de travail estimé entre une et deux semaines par an, c'est énorme. Ces accidents sont en général très graves, notamment sur les chantiers d'abattage. Les jambes sont souvent les plus touchées. D'où l'importance de s'équiper, notamment avec un pantalon anticoupure. Cette protection a fait baisser de 50 % les séquelles sur les membres inférieurs chez les bûcherons professionnels. Autres éléments accidentogènes : une mauvaise maîtrise des techniques d'abattage ou de la tronçonneuse. « La première qualité d'un bûcheron est d'observer l'arbre et son environnement sans jamais se précipiter », affirme Alain Bernou de la MSA. Évitez aussi de travailler seul en forêt.
DOMINIQUE GRÉMY, EN COLLABORATION AVEC ALAIN BERNOU (CONSEILLER DE PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS, MSA MAYENNE-ORNE-SARTHE)
PHOTOS © D.G.
LE CODE DU TRAVAIL L'IMPOSE
- Le pantalon anticoupures est composé de fibres qui, en s'enroulant sur le pignon d'entraînement, bloquent la chaîne en une fraction de seconde. Les membres inférieurs étant les plus sensibles aux accidents, c'est l'équipement à ne pas oublier.
- Les chaussures ou les bottes coquées protégeront contre les risques d'écrasement et les coupures.
- Le casque avec sa visière et l'indispensable casque antibruit pour manipuler un engin capable de vous faire perdre rapidement vos capacités auditives.
- Les gants protègent des agressions de la végétation, mais certains bûcherons se sentent plus assurés sans eux.
Le bon geste pour démarrer la tronçonneuse : c'est au sol, avec un pied dans la poignée arrière. A défaut debout, la machine entre les cuisses, mais jamais avec l'outil à bout de bras
LE NETTOYAGE ET L'ÉGOBELAGE
- Il faut bien nettoyer le pied de l'arbre en le débarrassant, à l'aide d'une serpe ou du merlin, de la mousse ou de la terre qui peuvent s'y déposer et désaffûter la chaîne. Pour les arbres de grand diamètre, l'égobelage consiste à régulariser la base de l'arbre souvent déformée par les empattements. L'entaille et le trait d'abattage seront plus faciles à réaliser.
Prendre soin de bien nettoyer les abords de la zone d'abattage (ronces, branches, etc.) pour ne pas être gêné et pouvoir se dégager rapidement au moment de la chute de l'arbre. La zone de repli idéale est à 45° en arrière.
L'AFFÛTAGE ET LA LIMITATION DE PROFONDEUR
- Quand ça coupe mal, on s'énerve, on se fatigue et on se blesse. L'affûtage se fait avec une lime cylindrique adaptée au pas de la chaîne. L'angle doit être de 30 à 35° et il est plus facile de le respecter avec un guide lime. Il faut être attentif à ne pas affûter un côté plus que l'autre (même nombre de coups de lime). Sinon, gare aux traits de scie qui partent en biais. Après quatre à cinq affûtages, il est nécessaire de régler les limiteurs de profondeur (ils définissent l'épaisseur du copeau) avec une lime plate et une jauge. Noter le mini-étau très pratique pour l'affûtage.
La tension de la chaîne se vérifie quand elle est chaude. En tirant au milieu du guide, on doit pouvoir soulever trois maillons.
LE LEVIER TOURNEBILLE, TRÈS PRATIQUE
- C'est un outil deux en un. Il s'utilise soit comme un pied-de-biche en agissant en levier, soit en faisant tourner l'arbre sur lui-même par un mouvement de poussée pour le désencrouer. Pour des arbres de petite section, il peut servir à orienter la chute.
On ne laisse jamais un arbre encroué en forêt et on ne coupe jamais l'arbre encroué ni celui qui le retient, cela peut être très dangereux.
RÉALISER UNE ENTRÉE EN MORTAISE
- La compression et l'extension des fibres créent des risques d'éclatement dangereux. On commence donc par faire une entaille réduite mais assez ouverte, puis on pratique une mortaise de part en part en respectant toujours la charnière et l'épaulement. Il reste à couper la partie qui retient l'arbre avec un trait en biais.
À NE PAS FAIRE ET À FAIRE
- La charnière et son épaulement ont été respectés, mais il y avait une telle pression au coeur de l'arbre qu'il a éclaté. Cela peut être dangereux pour le bûcheron. Quant à l'arbre, il a perdu toute sa valeur.
- Une fois que l'entaille est faite, il faut percer le coeur de l'arbre en attaquant en mortaise au centre de l'entaille. Ensuite, le trait de chute s'effectue en tournant autour du tronc et en respectant, bien sûr, la charnière et l'épaulement.
Cette technique permet d'abattre des arbres dont le diamètre atteint plus de deux fois la longueur du guide.