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« En zéro pâturage, la nécessité d’un maximum de confort »

Avec son épouse Catherine, Philippe Le Duc a construit un bâtiment long de 75 m et large de 33 m, comprenant 2 tables d’alimentation de 5 m chacune. Les deux doubles rangés de 104 logettes sont interrompues en leur milieu par un passage doté de 2 abreuvoirs de 3 m. Ce type de bâtiment offre plus d’échappatoires aux vaches et un raclage moins long.

Depuis 2020, les 180 vaches de Philippe Le Duc et de son épouse Catherine sont en zéro pâturage, ce qui simplifie leur travail. Ils ont construit un bâtiment doté des équipements de confort disponibles sur le marché et l’ont adapté aux canicules désormais fréquentes dans l’Ouest.

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Philippe Le Duc, en EARL avec son épouse Catherine, conduit le troupeau de 180 vaches en zéro pâturage depuis 2020. Ils sont aidés de leur fils Nicolas, salarié de l’EARL. Cette année-là, la construction d’une stabulation laitière neuve couplée à une unité de méthanisation a totalement chamboulé leur système de production. « À l’époque, nos 130 vaches pâturaient 25 à 30 hectares de prairies. Mais elles étaient hébergées dans un bâtiment vieillissant datant des années 1970. Il était temps d’investir. Nous avons choisi une organisation qui simplifie notre travail. » Le nouveau bâtiment de 208 logettes a deux doubles rangées face à face et 205 places aux cornadis en deux tables d’alimentation. Il est destiné uniquement aux vaches en lactation et est implanté juste à côté du méthaniseur.

La toiture en bac acier isolé

Pour le couple, le zéro pâturage nécessite des compensations de confort apportées aux vaches. Il s’est efforcé de concevoir un bâtiment qui répond à cet objectif, « tout en restant dans une organisation simple, qui ne génère pas de coûts de fonctionnement, via une ventilation mécanique et du douchage, par exemple. Un bâtiment neuf donne cette opportunité. Il aurait été dommage de ne pas s’en saisir », rapporte-t-il. C’est dans cet esprit qu’est envisagée la ventilation, indispensable pour résister aux épisodes caniculaires désormais fréquents. « Notre exploitation est dans une cuvette. Les températures peuvent monter jusqu’à 40 °C », précise Catherine Le Duc. Les quatre façades sont entièrement ouvertes. Seule la partie supérieure des pignons a un bardage en claire-voie. « Le long-pan exposé à l’ouest est équipé d’un filet brise-vent amovible contre la pluie, détaille Philippe Le Duc. Son ouverture et sa fermeture ne sont pas contrôlées par un boîtier électronique. Nous actionnons un interrupteur. »

Le bâtiment exclusivement dédié aux vaches en lactation a les 4 façades ouvertes. L’entrée de la lumière par les côtés compense l’absence de translucides de la toiture. Les longs pans sont exposés est-ouest. La façade ouest a tout de même un rideau amovible contre les pluies. Le lisier est raclé vers une pré-fosse avant d’être repris par le méthaniseur. (© C.Hue)

L’autre originalité est la toiture sans translucides et surtout en bac acier isolé. « C’est sensationnel dessous ! s’exclame l’éleveur. Quand il fait très chaud, la température est aisément inférieure de 10 °C à la température extérieure. » La contrepartie est un coût de la toiture plus élevé. Julien Hamon, conseiller bâtiment à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, estime ce surcoût « entre 15 € et 20 €/m² par rapport à une toiture classique en plaques fibrociment ». Le conseiller a travaillé en étroite collaboration avec les éleveurs pour penser le bâtiment. Ces derniers n’ont pas pris le temps de regarder l’incidence des fortes chaleurs des années passées sur la production laitière. « Nous cherchons des vaches sans soucis, et ne voulons pas pousser la lactation. Un niveau d’étable entre 9 000 et 9 500 litres par vache nous convient. »

Tapis dans les couloirs

Ce bâtiment est également configuré contre les émissions d’ammoniac. Sa ventilation et surtout le raclage des déjections toutes les heures les contiennent. Le raclage très fréquent limite le contact entre les urines et les fèces à l’origine de la fabrication d’ammoniac. Les racleurs à corde sont munis d’un caoutchouc adapté aux rainures des tapis antidérapants qui couvrent les trois couloirs (tapis Magellan de Bioret-Agri). Les passages de cir- culation entre les deux doubles rangées de logettes le sont aussi. Ils sont nettoyés deux fois par jour manuellement et lavés dès qu’il y a de la croûte (bouse sèche) empêchant une bonne adhérence. Julien Roubert, le vétérinaire qui suit le troupeau, valide ce choix : « En système de zéro pâturage, je constate beau- coup moins de glissades et d’acci- dents dans les bâtiments avec des tapis dans les couloirs. C’est le cas dans cet élevage. » En contrepar- tie, les onglons sont plus pous- sants. Les éleveurs font appel au pareur toutes les six semaines. Ils vont aussi remplacer la bande en caoutchouc fixée sur les racleurs  par un balai que lance Bioret-Agri. L’objectif est de mieux nettoyer les rainures et ainsi de supprimer la légère pellicule de lisier qui s’as- sèche l’été et devient glissante. Est-ce la meilleure adhérence des vaches au sol qui favorise leur grattage, mais aussi leurs bousculades, contre les logettes et les abreuvoirs ? Ce qui explique que quelques-uns de ces équipe- ments sont légèrement tordus.

Les trois couloirs et les passages entre les doubles rangées de logettes sont recouverts d’un tapis antidérapant pour limiter les glissades. La meilleure adhérence au sol des vaches facilite leurs interactions sociales, y compris leurs chamailleries. Dans les logettes, les éleveurs ont opté pour des matelas à eau, reconnus pour leur confort (© C.Hue)

Donner de l’espace aux vaches confinées

« Les logettes et les abreuvoirs ne sont pas assez solides. Une vingtaine a dû être remplacée un an après la mise en service du bâtiment et nous avons renforcé les seconds. » Les éleveurs prennent en considération le besoin de grattage de leurs laitières : une brosse rotative dans chaque couloir d’alimentation et des bandes de grattage en caoutchouc fixées sur les passages centraux.

La stabulation respecte les nouvelles recommandations de largeur de couloir pour les bâtiments à trois rangées de logettes et plus de l’Institut de l’élevage (Idele). L’objectif est de donner de l’espace aux vaches confinées. Julien Hamon les avait anticipées puisqu’elles ont été publiées deux ans après la mise en route de la stabulation. Les deux couloirs d’alimentation sont larges de 4,5 m, celui du milieu de 3,5 m. De même, les passages dotés d’abreuvoirs entre les rangées de logettes sont larges de 3,4 m. Celui à l’extrémité qui donne accès au roto de traite à 30 m du bâtiment est plus large de 1,80 m pour fluidifier la sortie des animaux. Enfin, les 160 à 170 vaches en lactation disposent de plus d’une logette et d’une place aux cornadis par vache. « Nous n’avons pas pour l’instant l’intention d’augmenter la taille du troupeau. »

Deux brosses rotatives au milieu de chaque couloir d’alimentation y répondent. Les bandes de pics en caoutchouc au niveau des deux passages centraux répondent aussi à cet objectif. Elles sont sur la face d’un des deux murs et son côté. (© C.Hue)

Matelas à eau refroidissant

Le confort des couchages n’est pas non plus oublié. Pour une meilleure maîtrise du lisier, Catherine et Philippe Le Duc ont préféré les matelas à eau plutôt que les logettes profondes. Ils sont allés jusqu’au bout de leur démarche en choisissant les matelas Bioret-Agri refroidissant par récupération de la chaleur dégagée par les laitières. Une étude d’Oniris met en évidence les bénéfices des matelas à eau par rapport aux matelas classiques. On attend les résultats relatifs à l’été caniculaire 2022 pour juger de l’efficacité de leur thermorégulation contre le stress thermique des vaches.

Les logettes sont nettoyées matin et soir par un automoteur qui apporte 500 g de paille broyée/vache/jour. La ration complète distribuée deux fois par jour casse le rythme routinier des vaches. Le soir, elles se ruent sur l’herbe apportée fraîche sur la table d’alimentation.

Le roto de traite de 32 postes est dans l’ancien bâtiment. Les vaches y accèdent par un parc d’attente de 320 m². La partie couverte a été dotée d’un tapis antidérapant en 2020. Le sol non couvert en pente l’est depuis cet été pour un coût de 12000 €. Une pré-fosse sous caillebottis entre les deux de 97 m3 recueille les eaux brunes. (© C.Hue)

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