Sébastien Pilaud, éleveur miniaturiste « JE RETROUVE DE LA LÉGÈRETÉ »

Réalisée à une échelle de 1/32e, la maquette de Sébastien Pilaud reproduit dans ses moindres détails l'étable qui abritait, jusqu'en 2010, 50 prim'holsteins et la suite. La salle de traite en épi 2 x 5 et le stockage de céréales pour la fabrication de l'aliment à la ferme sont là, de même que le matériel utilisé sur l'exploitation ou en Cuma. Dans cette création, il y a du vécu, et sur les salons où Sébastien présente son bâtiment et son diorama, les visiteurs se déclarent impressionnés par la minutie de la reconstitution.

DÉTAILS. Il y a de la terre devant les socs de la charrue, la moissonneuse-batteuse épouse la déclivité du terrain. « Certains me demandent comment les systèmes de vis à grain fonctionnent, note Sébastien. Cela leur donne des idées pour faire du vrai. »

Pour sa maquette, Sébastien a mesuré en détail son étable. « Je n'avais pas de plan, mais je connaissais bien l'intérieur du bâtiment pour avoir participé à son aménagement. » À l'exception des caillebotis et des cornadis qu'il s'est résolu à acheter faute de parvenir à les fabriquer, il a tout fait. « J'ai commencé avec des planches par la charpente, puis j'ai continué avec des bouts de plastique, de carton, et des végétaux utilisés pour les aquariums. » Bien que bricoleur, l'engouement de Sébastien pour les miniatures a étonné ses proches.

PARTAGE. En effet, la patience n'est pas son point fort. Comme le note sa plus jeune fille, Coline, « au boulot, il est très speed ». Mais Karine, sa femme, observe que « dans son atelier, il est différent ». « Même si je reproduis mes bâtiments ou mon matériel, la miniature me sort la tête du travail, apprécie l'agriculteur. Cette activité me redonne de la légèreté. Je redeviens un gamin. » Venue sur le tard en 2007, cette passion est partagée en famille. À 14 ans, son fils Anthony commence lui aussi à faire des maquettes.

DÉFIS. Et Karine lance des défis : reproduire le bâtiment en bois construit pour l'activité maraîchage avec vente directe qu'ils ont développée après l'arrêt du lait. « À 15 km de Lyon, dans un environnement périurbain et accidenté, nous n'avions plus le parcellaire adapté et nous n'étions plus compétitifs. » En 2015, pour la première fois, il a exposé sa stabulation dans sa commune de Vaugneray. « Nous sommes de plus en plus sollicités. C'est une source de satisfaction et une occasion d'échanges entre exposants. Beaucoup de créateurs sont des non-agriculteurs. La miniature agricole leur permet de vivre en partie un métier qu'ils auraient rêvé de faire. » Dans son petit atelier, Sébastien collectionne également du matériel miniature. « Les tracteurs sont des Valtra, une marque finlandaise. Assez lourds, ils sont bien adaptés aux pentes d'ici. » Il fabrique aussi des répliques des machines qu'il utilise sur son exploitation.

ANNE BRÉHIER