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PRIX DU LAIT MOINS VOLATIL La double innovation de Danone et de l'OP haut-normande

Hubert Dion et Guillaume Lasnon sont président et vice-président de l'OP Danone de Haute-Normandie. Ils sont éleveurs dans l'Oise et la Seine-Maritime. Avec deux autres collègues, ils ont mené les discussions durant presque un an avec Danone pour arriver à un accord le 24 mars. © C.H.

L'accord sur trois ans intègre les coûts dans le calcul du prix du lait. Les adhérents choisissent entre deux formules : un poids du marché à 50 % ou à 70 %.

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Après l'OP Danone du Centre-Est, c'est au tour de celle de Haute-Normandie de s'engager avec l'industriel sur un nouveau calcul du prix du lait intégrant les coûts de production. La première a préféré sécuriser le prix du lait en abandonnant toute référence au marché (lire n° 244, p. 16). La seconde veut à la fois profiter du marché quand il est au beau fixe et lisser le prix de base. Le 24 mars, les deux parties ont trouvé un accord. « Danone et l'OP ont le même objectif : limiter la volatilité des prix du lait », indique Hubert Dion, le président.

Trois indicateurs d'évolution des coûts de production

Jusqu'au 30 juin, la formule transitoire lancée en octobre est appliquée : 70 % du prix de base calculé à partir des indicateurs du Cniel, 30 % d'un prix fixe négocié à 337 €/1 000 l.

À compter du 1er juillet, les 499 adhérents pourront conserver cette formule. Les 337 € varieront alors les semestres suivants à partir de l'indice Ipampa « aliments achetés »... Ou ils en adopteront une autre dont la part de coût de production monte à 40 % jusqu'en décembre et à 50 % à partir du 1er janvier 2017. Ils doivent choisir avant le 8 juin, et pour trois ans, c'est-à-dire jusqu'au 1er juillet 2019. C'est une grande première dans l'univers laitier français. « L'OP n'a pas voulu décider pour eux le niveau de connexion au marché qu'ils souhaitent », explique Guillaume Lasnon, le vice-président.

En quoi consiste cette seconde méthode de calcul ? Sa partie « marchés » reprend les indicateurs du Cniel. La partie « coût de production » repose en fait sur le prix de revient du lait calculé par CERFrance 76 à partir des résultats 2014-2015 d'exploitations spécialisées. Le prix de revient des 25 % meilleurs résultats est retenu. « D'un semestre à l'autre, il variera à partir de trois indicateurs de charges : les indices Ipampa aliments, engrais et carburant. Il variera aussi avec le produit viande de l'atelier lait via le prix de la vache de réforme. »

Le prix de base 2016 au-dessus des 300 €/1 000 l

L'OP a négocié une majoration du prix de revient de 15 €/1 000 l pour compenser le fait qu'il soit issu des meilleurs exercices comptables. « C'est un reproche que l'on peut nous faire », acceptent les responsables. On devine qu'ils jouent la montre. Réévalué, le prix de base va aider les adhérents à passer le cap difficile de 2016 et 2017. « Celui de 2016 devrait être au-dessus des 300 €/1 000 l. » Avec un engagement sur trois ans, sans doute espèrent-ils en 2018 un redressement des marchés, au moment où les « négos » avec Danone redémarreront. Il y a une contrepartie. Le volume de l'OP passera de 240 Ml à 215 Ml en 2018, mais sans toucher aux références des producteurs. Pour y arriver, la cessibilité des contrats est rendue moins attractive. « Si l'objectif n'est pas atteint, elle sera suspendue en 2019, jusqu'à ce qu'on y arrive. » À moins que Danone soit de nouveau demandeur de lait.

CLAIRE HUE

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