Alimentation animale En 2022, 15 usines de production d'aliment risquent de fermer (Snia)
Hausse des coûts de production, baisse de l’activité, accès aux matières premières : François Cholat, représentant des industriels de la nutrition animale, nous fait part de ses inquiétudes.
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Rencontré le 14 septembre lors du Space à Rennes, le président du Syndicat national des industries de la nutrition animale (Snia), François Cholat, est revenu sur la situation économique du secteur. Un secteur confronté à la forte hausse de ses coûts de production, entre flambée des prix des matières premières et renchérissement des coûts de l’énergie.
« Les cours ont augmenté jusque février, puis la guerre en Ukraine a amené des facteurs multiplicateurs à cette hausse, explique-t-il. Nous faisons des métiers à faible valeur ajoutée : on a dû répercuter ces hausses, dans la difficulté ».
En fonction des renouvellements de contrats, les surcoûts liés à la crise de l’énergie sont estimés « entre 5 à 20 €/t d’ici à la fin de l’année en fabrication animale, avec de probables chocs à venir ».
Le responsable professionnel partage son inquiétude quant à la baisse d’activité du secteur de l’alimentation animale : « C’est un gros souci ». Les effets de l’influenza aviaire et de la décapitalisation des cheptels ruminants et porcins pourraient mener à une baisse de la production d’aliments de l’ordre de 1,2 Mt en 2022. « Ça correspond à peu près à 15 usines de production d’alimentation animale qui risquent de fermer », illustre-t-il.
Évoquant la problématique de la décapitalisation en élevages de ruminants, il pointe la difficulté du métier, « avec un niveau de rentabilité insuffisant et des messages envoyés aux éleveurs qui ne sont jusqu’ici pas assez incitatifs pour continuer ».
La sécheresse de cet été a d’ailleurs accéléré le phénomène : « les éleveurs ont réduit la taille des troupeaux. En lait, c’est plus facile car il y a une bonne valorisation des animaux à la viande. Cette décapitalisation a réduit les quantités d’aliments consommés ».
Et demain ? « Nous sommes préoccupés par 2023, parce qu’on a du mal à voir la reprise », ajoute-t-il, anticipant une production de 17 ou 18 Mt d’aliments en 2023 alors qu’« il y a une quinzaine d’années, le secteur en produisait 24 Mt par an en France ».
Le Snia appelle à des mesures d’urgence pour lutter contre la décapitalisation, mieux valoriser la production et garantir l’ accès aux matières premières.
Ce dernier sujet est d’ailleurs « aussi une grosse préoccupation : des matières premières jusqu’ici accessibles pour la nutrition animale (pulpe de betterave, drêches…) se réorientent massivement vers les méthaniseurs. Nous devons y voir plus clair sur le fournitures, et savoir ce dont on va disposer sur le marché », conclut François Cholat.
Retrouvez en vidéo l’interview de François Cholat :
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