En Afrique, l'auto-suffisance laitière patine, avec un potentiel sous-exploité
L'Afrique abrite 20 % du cheptel bovin mondial mais ne produit que 5 % du lait, met en évidence un rapport paru mardi, soulignant l'« enjeu stratégique » qu'il y a à mieux exploiter un « potentiel conséquent ».
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La production de lait en Afrique est « freinée par des infrastructures insuffisantes, une faible valorisation des produits locaux et une concurrence des poudres importées », résument les auteurs de ce Baromètre de la filière laitière africaine, la Fondation Farm, l'Organisation panafricaine des agriculteurs (Pafo) et Agriculteurs français et développement international (Afdi).
Le déficit commercial du continent dans les produits laitiers a atteint 6,4 milliards de dollars en 2023, soulignent ces trois organisations citant la base de données Comtrade de l'ONU.
Son taux d'autosuffisance (hors beurre), à 80 % en 2022, patine (il était de 82 % en 2012), selon un chiffre de la FAO. Avec des disparités : l'Afrique de l'Est affiche un taux d'autosuffisance régional de 99,5 %, quand l'Afrique centrale, à seulement 18 %, dépend fortement des importations.
L'Afrique a importé 7,5 Mds$ de produits laitiers en 2023
Le dérèglement climatique affecte les performances des troupeaux, et les pressions foncières, par exemple l'extension des cultures en zone soudano-sahélienne, pèsent sur l'élevage. Le développement des chaînes de valeur se heurte parallèlement au manque de routes, ou à l'absence d'électricité (qui concerne encore plus de 600 millions d'Africains), note le rapport.
En 2023, l'Afrique a importé 7,5 milliards de dollars de produits laitiers, pour 1,1 milliard d'exportations. Les importations de poudres infantiles ont crû de 33 % en valeur entre 2013 et 2023, celles de poudres ré-engraissées aux matières végétales de 41 %. En 2022, seule 1,6 % de la production laitière africaine a été transformée (poudre, fromage, yaourt...), un chiffre de la FAO constant depuis 10 ans.
Alors que la population devrait doubler d'ici 2050, le lait est un « produit essentiel à la nutrition et à la vitalité des territoires » et « la souveraineté laitière en Afrique s'impose comme un enjeu stratégique majeur », estiment les auteurs. Ils appellent à « une action publique cohérente, une coopération internationale fondée sur des échanges justes » et insistent sur la nécessité pour les acteurs de s'organiser collectivement (organisations de producteurs).
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