Parasitisme (partie 2/2) Douves et paramphistomes : les ennemis invisibles
L’été humide et l’automne doux sur une grande partie de la France ont été très favorables à l’infestation des prairies en parasites. La contamination par la grande douve est importante en fin de période de pâturage. Cet ennemi invisible conduit à long terme à une grande sensibilité aux infections, une baisse de la production laitière et du taux protéique et cause des problèmes de fertilité. Faut-il vermifuger maintenant ? Quand ? Quels animaux ? Avec quels produits ? Le Bureau technique de la promotion laitière (Btpl) y répond, d’autant que la nouvelle réglementation sur les produits antiparasitaires restreint leur utilisation systématique sur le troupeau laitier.
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Une contamination importante en automne
L’infestation des animaux par la douve est particulièrement importante en début d’automne. En effet, les sources de métacercaires (formes infestantes de la douve) sont de petits escargots semi aquatiques, les limnées, qui profitent des pluies pour ressortir et disperser les métacercaires sur les pâtures.
Une fois ingérées par un bovin, les douves immatures migrent vers le foie provoquant des lésions importantes. Puis les douves adultes s’installent dans les canaux biliaires dont elles altèrent les parois pour absorber le sang. Il faut environ deux semaines pour que les formes immatures se retrouvent dans le foie et huit semaines pour qu’elles deviennent adultes.
Des dégâts invisibles mais préjudiciables à long terme
(©DR)
Les conséquences de cette infestation, la fasciolose, sont bien souvent sous-estimées d’autant plus que les symptômes sont en général très limités (sauf pour les infestations très importantes : amaigrissement, anémie, diarrhée).
Pourtant, la fasciolose entraîne des pertes insidieuses chez les vaches laitières :
- baisse de production de lait,
- diminution du taux protéique,
- moins bonne fertilité,
- baisse des défenses immunitaires.
L’infestation conduit à une grande sensibilité aux infections, des risques accrus de maladies métaboliques (fièvre de lait).
Chez les génisses, la fasciolose perturbe la croissance compromettant ainsi leur future carrière de laitière.
Agir à la racine du mal pour limiter l’infestation des pâtures
- Repérer les parcelles à risque et éliminer des gîtes à limnées (l’hôte intermédiaire de la grande douve) dans les parcelles concernées, dans toutes les zones humides, propres et stagnantes.
- Eviter autant que possible la pature de zones humides (mares, fossés, mouillères). Ces zones doivent être interdites d’accès.
Le diagnostic des animaux et des pâtures
- L’aspect des animaux renseigne sur leur degré d’infestation (amaigrissement, poil piqué, diarrhées...).
- Si la parcelle pâturée est saine et dans la mesure ou le lot d'animaux n'a pas été placé, ne serait-ce que quelques jours sur une parcelle à risque : dans ce cas le déparasitage est inutile.
- Si la parcelle est reconnue comme étant à risque, un déparasitage est dans ce cas conseillé contre la grande douve pour tous les animaux devant hiverner.
- Le diagnostic sérologique : Il est nécessaire de prélever au moins 8 animaux par lot (en général un lot regroupant les génisses et un lot regroupant les vaches) pour pouvoir diagnostiquer les troupeaux infestés (>25% des animaux) avec une bonne sensibilité. Les analyses peuvent être réalisés en deux mélanges (lot génisses et lot vaches) pour diminuer les coûts d’analyses.
- En cas de suspicion de paramphistomose, il est conseillé de réaliser à la rentrée à l’étable des coproscopies sur les prélèvements de fécès de 5 ou 6 animaux suspectés d'être infestés (poil piqué, diarrhée, état général déficient). Si ces analyses de rentrée à l’étable sont négatives, elles devraient être refaites sur des nouveaux prélèvements dès 8 semaines après la rentrée à l’étable.
Quels animaux traiter ?
Pour la grande douve, l'immunité des bovins est de courte durée, peu protectrice et néfaste à la santé des animaux infestés. Les traitements réguliers sont donc nécessaires dans les cheptels infestés.
Génisses de première année de pâture sont à traiter en priorité :
- Les produits actifs sur les douves immatures (différences d’efficacité selon l’âge des douves immatures) doivent être utilisés en priorité à la rentrée à l’étable. Attention, ils ne sont en revanche pas efficaces envers les paramphistomes peuvent être utilisés deux semaines après la rentrée à l’étable.
- Pour les produits actifs sur les douves adultes, leur administration à la rentrée à l’étable doit être répétée 8 semaines après. Avant ce délai, il reste des douves immatures qui ne seront pas détruites.
Vaches laitières :
Après la rentrée des vaches laitières, des analyses sur mélange de sérums ou lait de tank sont possibles afin de juger de l’infestation ou non du troupeau.. Attention le test Pourquier généralement utilisé pour le diagnostic sur lait de tank semble manquer de sensibilité pour permettre d’exclure que l’infestation du troupeau quand son résultat est négatif. Les données d’un nouveau test (Biox-MM3) semblent plus prometteuses pour cette utilisation.
Il est nécessaire d’aller plus loin en évaluant avec son vétérinaire qui sont les animaux qui ont été exposés, quelles sont les parcelles à risques, quelles actions préventives (isolement des zones humides…) et curatives (traitement en lactation, traitement sur la période tarissement-vêlage) peuvent-être envisagées.
Depuis la fin de l’année 2013, trois douvicides actifs sur les grandes douves immatures et adultes, le closantel (Flukiver ®), le nitroxinil (Dovenix®) et le triclabendazole (Fascinex®) sont interdits non seulement en lactation, mais aussi pendant tout le tarissement, ainsi que chez les génisses futures laitières en fin de gestation.
Le pour-on bovin Cydectine® Triclamox est contre-indiqué à tout âge chez les génisses futures laitières.
L’oxyclozanide (Zanil®, Douvistome®) est le seul douvicide autorisé en lactation , au tarissement, et dans le dernier tiers de gestation. Mais, depuis le 7 janvier 2014, les produits à base d’oxyclozanide ont perdu leur temps lait nul qui a été porté à 4,5 jours pour la posologie « Douve » (7 jours pour la posologie « Paramphistome », usage hors Amm via la cascade thérapeutique – demander conseil à votre vétérinaire).
Les produits contre la douve
En résumé, l’oxyclozanide devient le seul traitement autorisé contre la douve chez la génisse gestante futures productrices de lait, dès son deuxième tiers de gestation, et chez la vache laitière en lactation (temps d’attente lait = 4,5j) et au tarissement.
En dehors du protocole de traitement à la rentrée à l’étable et 8 semaines après qui reste l’idéal mais nécessiterait d’écarter le lait, la stratégie de traitements sur la période du tarissement et au vêlage est indispensable. Le contrôle de la grande douve ne doit pas être négligé face à son impact sur la santé des animaux. Les ré-infestations sont violentes, il faut chercher à limiter autant que possible la pression d’infestation des parcelles, la présence des grandes douves chez l’animal infesté. Les conseils de votre vétérinaire sont nécessaires pour adapter annuellement la stratégie de maitrise de la grande douve à la situation de votre élevage et les possibilités thérapeutiques et préventives.
Lutter contre le Paramphistome
Une seule matière active est efficace : l’Oxyclozanide. Utilisé par votre vétérinaire, à une posologie hors Amm, le délai d’attente a respecté est de 7 jours. Contrairement à la douve, pour la paramphistomose, c’est le nombre de parasites qui pose problème. Le but du traitement est donc de limiter l’importance de leur accumulation dans le rumen et de leurs excrétions pour éviter que les animaux s’infestent massivement. Si seule la paramphistomose est mise en évidence dans un élevage (pas de grande douve), un seul traitement à la rentrée des génisses ou sur la période tarissement-vêlage des vaches est acceptable. Pour diminuer au maximum, la contamination des parcelles, ce traitement pourrait, au mieux, être répété dès 8 semaines après la rentrée à l’étable et avant la nouvelle mise à l’herbe.
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