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Traçabilité de la viande Pierre Chevalier (Fnb) : « Un observatoire pour suivre les engagements pris »

Suite au scandale de la viande de cheval, une réunion sur la traçabilité s'est tenue mardi 21 mai au ministère de l'Agriculture avec les professionnels de la filière viande. Au lendemain de ce point d'étape, Pierre Chevalier, le président de la Fnb, se dit satisfait des avancées. En attendant les discussions européennes sur un étiquetage obligatoire de l’origine des viandes dans les plats préparés, il demande que les engagements pris par les industriels et les distributeurs soient suivis par la création d'un observatoire. Interview.

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Pierre Chevalier, le président de la Fédération nationale bovine, a demandé, sans succès, la mise en place d'un observatoire pour suivre les engagements pris par les industriels et distributeurs sur l'approvisionnement en viande bovine française dans les produits élaborés. (© Terre-net Média)
 

Terre-net Média : Vous étiez à la réunion d’étape organisée par les ministres concernés au sujet de la traçabilité des viandes dans les plats préparés, qui fait suite au scandale de la viande de cheval. En êtes-vous satisfait ?

Pierre Chevalier, président de la Fnb : Oui, les pistes d’action qui ont été discutées avec tous les responsables professionnels et actées par les trois ministres en charge du dossier vont dans le bon sens. La Fnb a d’ailleurs défendu ardemment ce plan d’action. La mise en place d’une charte anti-fraude et l’application de cahiers des charges très stricts pour les transformateurs notamment, ne peuvent que nous aider à maintenir la confiance que le consommateur doit porter à la viande bovine française. D’ailleurs, le ministre de l’Agroalimentaire Guillaume Garot a aussi rappelé la nécessité de promouvoir les démarches « viande bovine française » et « viande porcine française ».

Avant, pendant et après le Salon de l’Agriculture, en février dernier, en plein cœur du scandale de la viande de cheval, certains transformateurs et distributeurs, comme Carrefour, Super U et Findus, se sont engagés à garantir une viande 100 % d’origine française dans leurs produits fabriqués ou commercialisés. Lors de la réunion d’hier, j’ai demandé aux ministres de mettre en place un observatoire pour surveiller le respect des engagements pris. Ils n’ont pas retenu cette idée. C’est en cela que ce point d’étape ne va pas assez loin.

Tnm : Vous êtes pour la mise en place d’un étiquetage obligatoire de l’origine des viandes sur les produits préparés. Or, la France défend une obligation européenne, et donc discutée à Bruxelles. Cette position vous convient-elle ?

Pierre Chevalier : Il s’agit de notre principale revendication. Nous devons être transparents jusqu’au bout de la chaîne alimentaire si nous voulons avoir la pleine confiance du consommateur. Je souhaite que cette obligation d’étiquetage intervienne le plus rapidement possible. Mais les discussions européennes pour y parvenir pourraient prendre plusieurs mois.

En attendant, le Gouvernement encourage les démarches volontaires d’étiquetage de l’origine. Les entreprises peuvent très bien le faire, sans attendre une obligation européenne.

Tnm : La mise en place de chartes, le renforcement des standards et de la traçabilité, ainsi que la garantie d’une viande 100 % française auront un coût. Ne craignez-vous pas que, au-delà des promesses de certaines entreprises, ces dernières ne les appliquent finalement pas sous couvert d’une hausse des prix ?

Pierre Chevalier : La confiance du consommateur dans la production bovine française n’a pas de prix. Et, justement, le coût de ces mesures sera minime. Selon une responsable de Findus, citée dans les Echos, elles ne coûteront que 20 centimes par produit. Or, nous savons que le consommateur est prêt à payer plus cher pour avoir la certitude de manger de la viande produite en France.

Filière viandes : les engagements des professionnels et du Gouvernement

Au plan national, les professionnels se sont engagés à :

  • Mettre en place des chartes « antifraudes » de contrôles renforcés entre fournisseurs et acheteurs de viandes pour la transformation. Les entreprises rendront publique leur engagement dans cette démarche.
  • Définir des standards professionnels au travers d'un code des usages relatif à la qualité pour la viande utilisée dans les plats préparés et effectuer les contrôles physiques et analytiques nécessaires. Ce code des usages sera applicable dès l'automne 2013.
  • Anticiper le renforcement de la réglementation communautaire et mettre en œuvre le plus rapidement possible des démarches volontaires d’étiquetage de l’origine et de renforcement des contrôles de la qualité des viandes. Les Interprofessions assureront un suivi de la mise en œuvre de cet étiquetage.
  • Promouvoir des démarches de type Vbf (Viandes bovines françaises) ou Vpf (viandes porcines françaises) mais aussi dans les autres filières (ovins, volailles).

Au niveau européen, le Gouvernement s'est engagé à :

  • Promouvoir l’utilisation des codes des usages relatifs à la qualité dans les différents domaines de production de produits à base de viande pour mieux définir les matières utilisées dans les produits élaborés.
  • Poursuivre le dialogue constant avec les autorités communautaires pour obtenir un étiquetage de l’origine des viandes jusqu’au stade des plats préparés. À la demande de la France, la Commission s'est engagée à produire dans les meilleurs délais, le rapport sur l’extension de l’étiquetage de l’origine prévu dans le cadre de l’application du règlement Inco.
  • Renouveler sa demande de création d’un réseau anti-fraudes alimentaires notamment en optimisant la coordination entre les différents organes européens (Europol, Eurojust, Oav) pour mieux prévenir et détecter les fraudes alimentaires.
  • Veiller à ce que des obligations en matière d´enregistrement préalable, de traçabilité et d’accès aux informations pour les autorités de contrôle soient étendues aux sociétés de trading de viandes, des lignes directrices devront être établies dans ce sens.
  • Demander une révision des règles communautaires permettant d'accompagner les démarches visant à renforcer la tracabilite des viandes et l'information des consommateurs notamment s'agissant de l'origine des viandes ou ingrédients viande..

 

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