Agrément des OP lait Le ministère de l’Agriculture est-il gêné par les arrière-boutiques syndicales ?
Bientôt sept mois après la publication du décret sur les organisations de producteurs de lait, le ministère de l’Agriculture n’a agréé aucune OP. Pour certaines d’entre elles, le ministère, gêné par l’appui syndical dont elles bénéficient, ne serait pas pressé de les valider alors qu'approchent les élections Chambres d’agriculture 2013.
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Certaines Organisations de producteurs de lait n'attendent plus que le tampon d'agrément du ministère de l'Agriculture pour pouvoir négocier officiellement pour le compte de leurs adhérents auprès des collecteurs. (© Terre-net Média) |
Certaines OP sont prêtes depuis plusieurs mois
« Le ministère nous a laissé entendre qu’il fallait revoir les conventions entre l’OP et les producteurs, explique Benoît Champalaune, vice-président Ille-et-Vilaine de l’association des producteurs de lait bretons Lactalis (Aplbl). Mais il est incapable de nous dire ce qu’il faut changer. » « Le ministère bloque mais on ne sait pas officiellement pourquoi, poursuit Léandre Georget, président de l’Aop Lactalis Ouest.
Il est vrai que certaines OP ne remplissent pas encore toutes les conditions fixées par le décret pour être agréées. Mais d’autres, comme l’Aplbl, l’Aop Lactalis Ouest ou l’OP Bongrain, disposant d’au moins un demi-équivalent temps plein pour justifier de leurs moyens conformément à la loi, sont prêtes. « Notre demande d’agrément a été déposée le 20 juillet dernier », se souvient Benoît Champalaune.
Alors pourquoi un tel « blocage du ministère de l’Agriculture » pour les agréer ? Pour les deux représentants d’OP, à deux mois des élections Chambres d’agriculture 2013, ce sont « les enjeux syndicaux » qui dérangent rue de Varenne.
La situation exaspère d'autant plus les représentants des OP prêtes à être agréées que la reconnaissance de ces organisations par les laiteries ne tient qu'au bon vouloir de ces dernières. « C'est ainsi que Lactalis a décidé, sans discussion, de s'affranchir des indicateurs de prix et de baisser le prix du lait depuis septembre dernier. Les 18 mois passés à se battre pour que les OP soient officieusement reconnues par Lactalis n'ont servi à rien », explique Benoît Champalaune, quelque peu amer.
« L’appui juridique de la Fnpl est indispensable »
Car dès la préparation de la contractualisation par Bruno Le Maire, les OP qui se sont constituées par laiterie ont reçu, d’emblée, le soutien et l’appui de la Fnpl, branche laitière de la Fnsea. Une situation que justifient les deux responsables d’OP. « Dès le début, on nous a reproché une étiquette syndicale. Mais le dossier des OP est complexe. Et l’appui d’un service juridique s’avérait indispensable. Nous l’avons pris là où nous l’avons trouvé », se défend Léandre Georget.
« Nous n’avons caché à personne le fait que nous soyons épaulés par le service juridique de la Fnpl », renchérit Benoît Champalaune.
Pour arriver à regrouper un grand nombre de producteurs dans une organisation totalement nouvelle, les représentants d’OP ont fait le choix de fixer des montants de cotisations faibles. « En demandant seulement 20 € aux éleveurs pour adhérer, difficile de se payer l’appui d’un service juridique pour démarrer la structure et surtout préparer les négociations avec notre collecteur qui, lui, dispose de moyens sans commune mesure avec les nôtres. »
Que ce soit une réelle nécessité ou un choix, l’appui de la Fnpl aux OP constituées par laiterie a par ailleurs, dès le début, soulevé les critiques de l’Apli, soutenue par la Confédération paysanne et la Coordination, ces trois organisations y voyant une nouvelle « mainmise » du syndicalisme majoritaire dans l’organisation de la filière laitière. Mais France Milk board, l’OP transversale que défendent ces trois structures, ne semble pas encore prête à être agréée, les producteurs n’ayant pas encore donné officiellement leur mandat de négociation.
Ne pas attiser les querelles syndicales
Dans ce contexte, à l’heure où la campagne électorale des Chambres d’agriculture n’a pas encore véritablement démarré, Stéphane Le Foll, attaché à respecter davantage que son prédécesseur le pluralisme syndical, du moins par ses consultations, ne semblerait donc pas pressé, selon Léandre Georget et Benoît Champalaune, d'agréer des OP soutenues par le syndicalisme majoritaire et d' attiser ainsi les querelles syndicales.
Reste, pour les représentants d’OP, à préparer le prochain comité technique du ministère de l’Agriculture, qui est programmé le 11 décembre prochain. En vue de cette échéance, les responsables de l'Aplbl et de l'Aop Lactalis Ouest ont sollicité un rendez-vous avec les services du ministère de l'Agriculture, pour comprendre. Une sollicitation pour l'heure sans réponse.
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