Ouverture du Sommet de l’Elevage 2012 L’optimisme des organisateurs contraste avec le quotidien des producteurs

 
Deuxième rendez-vous de l’élevage cet automne après le Space à Rennes, le Sommet de l’élevage 2012 ouvre ses portes pour la 21^e fois à la grande Halle d’Auvergne de Cournon ce mercredi 3 octobre 2012 avec, d’ores-et-déjà, l’annonce par ses organisateurs d’une « édition record ». 

Pendant trois jours, 1.250 exposants se partageront la totalité de la superficie du site, une première, soit 170.000 m². 80.000 visiteurs sont attendus.

Comme le Space, le Sommet s’affiche plus que jamais comme une vitrine incontournable de l’élevage. L’envergure internationale se confirme avec un tiers des exposants d’origine étrangère. 3.500 visiteurs viendront également de plus de 60 pays, de la Colombie au Pakistan, en passant par la Turquie qui a ouvert ses portes à la viande française à l’automne 2010.

Ces visiteurs pourront se rendre compte du savoir-faire français grâce à la présentation de 2.000 animaux, dont certains défileront sur le ring pour les concours nationaux des races Blonde d’Aquitaine et Abondance.

De meilleurs prix absorbés par la flambée des prix de l'alimentation animale

Mais qu’on ne s’y trompe pas : l’optimisme des organisateurs contraste avec la réalité conjoncturelle difficile de la filière bovine.

Certes les cours de la viande affichent de bien meilleures couleurs qu’en 2009 et 2010. Les gros bovins se négocient à 3,80 €/kg entrée abattoir (prix moyen pondéré) fin septembre 2012, selon FranceAgriMer, contre 3,30 €/kg en 2011 et moins de 3,10 €/kg en moyenne sur la période 2007-2011. Les bovins maigres cotent, quant à eux, 2,88 €/kg vif aujourd’hui contre moins de 2,5 €/kg sur la période 2007-2011. Des chiffres confirmés par l’Insee : les prix des gros bovins ont augmenté de 20 % en un an, et de 30 % depuis 2010, selon l'Insee.

Sauf que les bénéfices de ces prix meilleurs à la production ont été totalement absorbés par l’envolée des charges, au premier rang desquelles figure l’alimentation animale. Le prix de l’alimentation des animaux a ainsi augmenté de 35 % entre deux ans, boosté par une envolée de prix des tourteaux de 50 % sur la même période.

Côté volumes, la filière bovine enregistre une baisse sans précédent des abattages de gros bovins : - 7 % en juillet puis 10 % en août 2012. La production d’animaux finis est en baisse de 7 % en un an. Une production en baisse que Caroline Monniot, spécialiste de la filière à l’Institut de l’élevage, justifie par la baisse massive du cheptel reproducteur allaitant depuis avril dernier. « Avec la sécheresse de 2011, les éleveurs ont eu besoin de trésorerie pour supporter des coûts alimentaires plus élevés. Pour cela, ils ont réformé beaucoup plus que les années précédentes. »

L’Institut de l’Elevage, qui en janvier dernier, prévoyait déjà une baisse de la production bovine d’environ 5 % en 2012, s’attend à une baisse de 2 %, voire plus, en 2013.

A défaut d’annonces, Stéphane Le Foll à l’écoute

Dans ce contexte inédit, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, ne peut passer à côté d’une visite du salon que son prédécesseur Bruno Le Maire a boycotté deux années de suite. Ce dernier avait tenté un passage en 2009, alors que les cours étaient très bas, mais avait dû rebrousser chemin, refoulé par des centaines d’éleveurs en colère et réclamant des mesures d’urgence.

Après son passage réussi au Space en compagnie du chef de l’Etat, Stéphane Le Foll visitera donc le Sommet jeudi 4 octobre dans la matinée avant de clôturer un colloque organisé par l’interprofession bovine consacré à la place de l’élevage bovin européen dans la future Pac.

S’il ne faut pas attendre d’annonces de sa part, le ministre devrait évoquer, outre la place de l’élevage dans la future Pac, l’application de l’accord du 3 mai pour la filière bovine mais aussi les Etats généraux des filières bétail et viandes, annoncé par Dominique Langlois, le président d’Interbev, le 25 septembre dernier, et à l'issue desquels des propositions pour redynamiser la filière seront présentées courant février 2013.