Login

Biosécurité en élevage porcin Une vigilance de tous les instants

Les mesures de biosécurité en élevages de porcs permettent de limiter les risques sanitaires. Si les consignes sont régulièrement diffusées, elles ne sont pas toutes mises en œuvre dans les élevages porcins. Une étude menée dans le grand ouest de la France vient d’en préciser les niveaux de variations.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.


L’analyse statistique de l’ensemble de ces enquêtes a permis de distinguer 4 groupes par rapport à la mise en œuvre
de ces pratiques de biosécurités (encadré). (© Terre-net Média)

Les mesures de biosécurité constituent un moyen de maîtrise des infections en élevage porcin. On entend par cela la mise en place de mesures visant à limiter les risques sanitaires au niveau du personnel (entrée limitée, tenues propres, lavage des mains, douche…), du matériel (véhicules spécifiques à l’élevage, nettoyage et désinfection du petit matériel après chaque usage, housse de protection pour le matériel commun à plusieurs élevages…), des locaux (nettoyage, désinfection, désinsectisation, plan d’élimination des rongeurs…) sans oublier la conduite d’élevage. Cette liste n’est évidemment pas exhaustive.

Pour soutenir les éleveurs dans la mise en œuvre de ces actions, des consignes leur sont régulièrement délivrées par les organismes techniques et de développement qui les accompagnent. « Notre étude a eu pour objectif de réaliser une typologie des élevages sur la base des pratiques de biosécurité interne et externe à partir des résultats d’une enquête visant à décrire ces pratiques réalisée dans des élevages du Grand Ouest », résumait Catherine Belloc (Inra).

Le Syndrome dysgénésique et respiratoire porcin comme facteur discriminant

Pour distinguer les différents groupes de l’échantillon choisi, les scientifiques se sont basés sur le statut vis-à-vis du virus du Syndrome dysgénésique et respiratoire porcin (Sdrp).

Biosécurité, les variables distinguées

Pour la biosécurité interne, trois groupes de variables ont été distingués :

  • l’utilisation de pédiluves,
  • la gestion des contacts entre porcs (mélanges de bandes, séparation des cases),
  • la mise en œuvre du nettoyage et de la désinfection.

Pour la biosécurité externe, d’autres facteurs ont été retenus : gestion des entrées de visiteurs, gestion des véhicules entrant dans l’élevage, protection vis-à-vis de la faune sauvage et domestique. « La gestion de la quarantaine a été considérée comme une variable supplémentaire car elle n’était pas présente dans les élevages engraisseurs », notait toutefois Catherine Belloc (Inra).

Cette infection virale engendre un impact économique sur la production porcine moderne considérable. Les gros dommages qu’il cause sont essentiellement dus aux troubles de la fertilité et aux affections pulmonaires propres à cette maladie.

Or, il s’avère qu’en France, cette maladie infectieuse se caractérise par une prévalence (mesure de l'état de santé d'une population à un instant donné, ndlr) hétérogène entre régions dans le Grand Ouest. « La prévalence est élevée en Bretagne, quasi nulle en Pays de la Loire, alors que la région Basse Normandie présente une situation intermédiaire », détaillait la chercheure de l’Inra. « Nous avons donc inclus dans l’échantillon des élevages positifs, en cours d’assainissement, récemment assainis ou indemnes depuis une longue période. »

Pour évaluer la qualité des pratiques de biosécurité, les scientifiques se sont appuyés sur des données issues d’une série d’enquêtes réalisées dans 58 élevages porcins du Grand Ouest (41 naisseurs ou naisseurs/engraisseurs et 17 engraisseurs). « Ces informations nous permettent d’établir la structure de l’exploitation (présentation générale, localisation de l’élevage, statut Sdrp) ainsi que les mesures de biosécurité externe et interne (encadré). »

Le plan d’assainissement favorable

Les résultats en bref

Quatre groupes d’élevages ont pu être distingués par cette analyse :
- Les élevages de la classe 1 se caractériseraient par des scores élevés (modalité favorable) concernant l’entrée de véhicules et de visiteurs, la protection vis-à-vis de la faune sauvage et domestique, les modalités de nettoyage/désinfection ainsi que l’utilisation de pédiluves ;
- Les élevages de la classe 2 étaient caractérisés par une cohérence des pratiques plus faible du fait de l’absence de pédiluves, malgré une bonne gestion des entrées de véhicules ;
- Les élevages de la classe 3 présentent de scores faibles concernant les entrées de véhicules et de visiteurs ainsi que l’utilisation des pédiluves ;
- Les élevages de la classe 4, des scores faibles étaient observés pour toutes les variables, à l’exception des entrées de visiteurs.
Le type d’élevage (naisseur ou naisseurs/engraisseurs d’une part, engraisseurs d’autre part) ainsi que le nombre de bandes n’étaient pas significativement associés aux groupes issus de la classification.
La gestion de la quarantaine n’apparaissait pas comme différente entre les classes.

L’analyse des enquêtes collectées a mis en évidence que « la qualité des pratiques de biosécurité est meilleure dans les élevages en cours d’assainissement ou ayant depuis peu achevé un plan d’assainissement » notait Catherine Belloc. En clair, l’analyse statistique de l’ensemble de ces enquêtes a permis de distinguer 4 groupes par rapport à la mise en œuvre de ces pratiques de biosécurités (encadré).

« Nous avons noté que parmi les descripteurs de l’élevage, seul le statut vis-à-vis du Sdrp s’est avéré statistiquement associé aux différents groupes de la classification : les élevages dans lesquels les pratiques de biosécurité étaient meilleures (classes 1 et 2) étaient plus souvent des élevages récemment assainis ou en cours d’assainissement que des élevages indemnes », résumait la spécialiste de l’Inra.

Nouvelle perspective de travail

Ce plan pourrait donc servir de levier pour sensibiliser les éleveurs « à l’intérêt de la biosécurité pour une observance correcte des pratiques ».

Autre information notable ressortie de ces enquêtes : la mise en évidence d’une corrélation entre perception de l’importance d’une mesure et sa mise en œuvre dans l’élevage. « Ce résultat nous ouvre une nouvelle perspective : la suite de l’étude pourrait être de mettre en relation la typologie de pratiques établie dans cette étude avec la perception des mesures de biosécurité comme facteur de protection vis-à-vis des infections, notamment du Sdrp. »

Pour aller plus loin

Ifip-Institut du porc : www.itp.asso.fr.

 

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement