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Parasitisme des bovins 90% des élevages concernés par la grande douve

A ce jour, la lutte contre la fasciolose n’est pas menée de manière judicieuse. La seule attitude à tenir est l’intolérance. Deux stratégies s’imposent à partir de l’identification du statut parasitaire, lot par lot : traitement et recours aux moyens agronomiques.

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« La grande douve n’est pas un parasite du passé. Les deux années d’action de l’observatoire de la grande douve a fixé en France à 90% le pourcentage des élevages qui sont ou ont été infestés par la grande douve et 10% élimineraient des œufs dans les matières fécales », présente le docteur Philippe Dorchies, professeur de parasitologie à l’Ecole Nationale vétérinaire de Toulouse. A l’occasion du dernier congrès de la Sngtv (Société nationale des groupements techniques vétérinaires), l’observatoire, mis en place par le laboratoire Novartis santé animale s’est réuni et a affirmé son entrée dans une phase de sensibilisation et de mobilisation.

Tolérance zéro


Les limnées se développent en zones humides (© Novartis santé animale)
« L’erreur la plus fréquente consiste à croire que le seul traitement des génisses est suffisant », témoigne Jean Pierre Poeydebat, praticien en Aquitaine. « Et je suis convaincu que ce parasite est largement sous estimé dans les élevages. Des cas fréquents de péritonites, mortalité ou encore des retards de croissance pourraient être liés à ce parasite. »
« Contrairement à d’autres parasites, aucune immunité de prémunition n’existe contre Fasciola hepatica, la tolérance zéro est donc plus que jamais de mise »,
atteste le docteur Alain Chauvin, professeur en parasitologie à l’Ecole nationale vétérinaire de Nantes.
Pour l’observatoire, deux stratégies doivent être appliquées pour lutter contre la fasciolose. Le traitement, bien sûr, « mais aussi la lutte agronomique qui permet d’apporter un conseil qui diminue nettement l’utilisation de médicaments », témoigne Philippe Camuset, président de la Sngtv. Le parasitologue a diagnostiqué la grande douve lors de l’enquête passée dans un élevage de grande qualité en faisant des analyses aléatoires. Si la première année, le traitement a été obligatoire, une gestion agronomique est envisagée pour la suite en vue d’assainir les zones à risque. «Au cas par cas, dans certaines zones où les gîtes à limnées sont trop étendus, le traitement s’avère encore indispensable. »

Prévenir l'infestation

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Dans un élevage où le parasite est installé chez les bovins, le traitement est de rigueur mais il aura un impact limité sur la persistance de la fasciolose dans le troupeau. La prévention de l’infestation va nécessiter la mise en place de mesures agronomiques visant à supprimer la population de limnées tronquées, hôtes intermédiaires du parasite, ou à empêcher l’accès des bovins aux gîtes à limnées. Parfois sur une exploitation de 100 ha, seulement 1 ou 2 ha sont contaminants : les mares, les fossés de bord de parcelle, les prairies marécageuses, mais la contamination peut également intervenir seulement par le biais des zones de piétinement autour des abreuvoirs ou encore des lieux de passage entre deux pâtures.
Aujourd’hui le diagnostic sérologique permet de dépister précisément les animaux atteints et de cibler les traitements par lots d’animaux. Dépistage, identification des gîtes à limnées et sécurisation associés à des traitements ciblés sont les démarches que souhaitent aujourd’hui engager les vétérinaires avec les éleveurs. « L’intérêt de telles collaborations entre éleveur et vétérinaire est donc loin d’être négligeable tant sur le plan technique qu’économique. Le bilan volontaire pourrait permettre la mise en place de plans d’action formalisés en général et en particulier sur la douve. Cette nouvelle méthode de travail constitue les vrais enjeux de demain », conclut le docteur Gérard Bosquet, vétérinaire praticien dans les Ardennes.

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