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Troupeau laitier La génisse, baromètre des problèmes de boiteries

Les boiteries sont à l’origine, chaque année dans les élevages, de réformes très coûteuses. Dans les élevages concernés par ces problèmes notamment de fourbure, un parage annuel s’impose, il concernerait entre 10 et 20% des vaches.

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« Dans un troupeau, ce sont les primipares qui vont traduire de manière plus intense le déséquilibre qu’il y a dans l’exploitation en terme de boiteries et notamment de fourbure », relate Jean Prodhomme, responsable de la formation des pédicures bovins au Cfppa de Rennes - Le Rheu. « Plus que des individus isolés, ce sont des troupeaux qui sont concernés ou non de manière générale par les problèmes de boiteries. Et le bovin le plus à risque vis à vis de la fourbure est sans conteste la primipare en troupeau laitier. Et c’est un cas d’autant plus grave que la jeune vache n’a pas encore commencé sa carrière. Je vois par l’intermédiaire de mes stagiaires pédicures dans les élevages sensibles à ce genre de problèmes que cela peut conduire à de nombreuses réformes, les répercussions économiques étant alors importantes dans les troupeaux. J’ai le cas d’un éleveur qui a dû réformer 9 primipares l’an dernier pour des problèmes de boiteries. Un profil type des animaux concernés se dégage faisant ressortir certaines tendances communes. On va trouver de façon critique des primipares qui éventuellement sont élevées sur une aire paillée, et qui vont rentrer avec les troupeaux de vache et vivre une transition un peu délicate. Elles sont mises dans des bâtiments logettes où tout est bétonné, sans trop de confort et elles vont avoir du mal à se coucher dans les logettes. Elles peuvent être bousculées, trouver difficilement leur place dans la hiérarchie du troupeau, manger plus difficilement car elles ont moins accès à l’alimentation et avoir des rations plutôt riches en énergie. »

Des boiteries plus ou moins rapidement


Position typique pour une boiteuse des deux pieds (© crédit photo Jean Prodhomme, Cfppa Rennes Le Rheu)
L’intensité de cette fourbure va amener des boiteries plus ou moins rapidement. « Mais juste au moment où cela se passe, l’éleveur ne peut pas s’en apercevoir. Dans les premiers temps, l’animal va moins bien se déplacer, aura tendance à rester debout. Même si la fourbure est intense, il faudra attendre de trois semaines à un mois avant d’avoir une lésion profonde visible dans la corne. L’animal va paraître bloqué, paralysé mais il ne va pas forcément toujours boiter. Dans cette forme intense de fourbure, appelée forme subaiguë, généralement, les quatre pieds sont atteints. Une vache qui boîte des deux pieds arrières, aura un positionnement caractéristique, resserré, un amaigrissement intense, le dos  va s’arrondir, éventuellement les pieds vont un peu enfler et la démarche se fait hésitante », poursuit Jean Prodhomme.
« Quand la fourbure est moins intense, la boiterie va apparaître plus tardivement, au bout de deux, voire trois-quatre mois mais les onglons auront eu tendance à pousser et à former une concavité. Il se produit ce que l’on appelle le cerclage de la muraille», explique le spécialiste. « Dans cette fourbure de forme chronique, le pied va avoir tendance à s’allonger, on observera un cerclage et une concavité de la muraille. Si on lève le pied, on verra des lésions profondes de type hémorragiques, avec une cerise ou une ouverture de ligne blanche. »

Les affections de pied ont souvent un caractère multifactoriel


Ouverture ligne blanche observée dans la fourbure de forme chronique (© Crédit photo Jean Prodhomme, Cfppa Rennes Le Rheu)

Lorsque l’éleveur constate la boiterie de l’animal, la pathologie est déjà installée. « Le pédicure bovin va intervenir par un parage curatif mais sur ces animaux sensibles, il sera nécessaire de procéder à un parage fonctionnel une fois par an. Le parage va alors s’inscrire dans la conduite de gestion du troupeau. Pour une primipare qui aura mal vécu sa première lactation, il y aura pour elle un travail d’entretien à faire chaque année. Pour un troupeau de 50 vaches, le coût d’un parage fonctionnel par an va coûter de l’ordre de 400 à 600 ou 700 euros par an, ce qui est très faible en comparaison du coût de la réforme », souligne Jean Prodhomme.
« Les affections de pied ont souvent un caractère multifactoriel impliquant les conditions de logement et de vie en rapport avec leur physiologie, leur alimentation. Dans le cas de troupeaux concernés par des problèmes de fourbure, on pourra proposer de revoir le logement, d’adapter différemment les transitions, et de revoir la nutrition. Ainsi, l’éleveur peut par exemple amener les génisses plus tôt dans les bâtiments à logettes pour que les primipares ne subissent pas en même temps et le stress du vêlage et le stress du bâtiment. Les risques peuvent aussi être atténués en faisant vêler les génisses pendant que les vaches sortent encore. »

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