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Emmanuel Berger, éleveur laitier bio à Jonzieux (42) 3.500 l de lait/hectare

« L’autonomie fourragère est le premier gage de rentabilité d’un élevage laitier bio », estime Emmanuel Berger. En système de production bio, la production laitière chute. Emmanuel a perdu en moyenne 1.000 kg de lait/vache depuis sa conversion. Et si le coût des intrants a tendance à diminuer, la production fourragère est réduite elle aussi. « Ainsi, je récolte une quantité 20 % plus faible de matière sèche. En outre, tout achat extérieur de fourrage bio est très coûteux. »

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« Toutefois, un niveau de rentabilité comparable à une production conventionnelle peut être atteint en bio, sans rémunération supplémentaire au litre de lait (primes), par un éleveur qui possède de très grandes surfaces », présente Emmanuel. « En effet, en système de production biologique, le critère le plus pertinent n’est plus la production laitière moyenne par vache mais la quantité de lait produite par hectare. Dans notre secteur du département de la Loire, le bon équilibre se situe aux alentours de 3 500 l de lait/hectare pour maintenir une bonne autonomie en fourrage, en fertilisation organique. En dessous de ce seuil, les restitutions sont insuffisantes et les prairies permanentes ont tendance à être utilisées trop longtemps. »

 

Emmanuel Berger, éleveur laitier bio à Jonzieux  (42) - « la conversion a amélioré la santé des vaches »

« La conversion en bio a été grandement favorable à une amélioration de l’état de santé de mes vaches. En moyenne sur les dernières années, les interventions vétérinaires sur mon exploitation sont des deux tiers inférieures à la moyenne des producteurs du groupement Covel (Groupement de vétérinaires conventionnés).
La santé s’est améliorée grâce aux bénéfices apportés par le changement du régime alimentaires des VL. Auparavant, je distribuais une ration acidogène à base d’ensilage d’herbe et de céréales autoconsommées qui maintenaient un état chronique d’acidose. En bio, la part de l’ensilage ne devant pas dépasser 50%, j’ai augmenté la part de foin dans la ration et j’achète également de la luzerne en brins longs de 7-8 cm. La bio permet de fournir une alimentation plus physiologiquement adaptée à leurs besoins
Les vaches sont moins soumises au stress alimentaire, elles ruminent plus, et l’acidité dans le rumen a diminué. Je n’ai plus ou quasiment de problèmes de fourbures, ni de fièvres de lait. Ce type de problème sanitaire ancien a été résolu sur mon élevage grâce à la conversion à l’agriculture biologique. Je n’ai pas de problèmes particuliers sur les veaux. Je travaille en niche individuelle et je m’astreins d’une part à mettre de la paille systématiquement tous les jours et d’autre part à nettoyer complètement la niche entre chaque passage avec de l’eau de javel. Les veaux ne sont pas surnourris en lait, la quantité est dosée et la température du lait ajustée par chauffage. Si une diarrhée se déclare, immédiatement mon épouse distribue au veau concerné de l’argile pendant une journée puis revient progressivement au lait coupé avec de l’argile. »

Aujourd’hui, Emmanuel valorise le lait au prix du litre conventionnel, auquel s’ajoute une prime de 76 € à la tonne de lait. A ce prix, le revenu de l’éleveur est plutôt supérieur à la situation de production laitière conventionnelle d’il y a dix ans. « Mais cette prime demain va baisser à 60 € la tonne », souligne l’éleveur, rendant le revenu sensiblement égal. « Mais en dessous de cette barre des 30 centimes le litre, ce n’est plus intéressant de rester en bio sur un plan économique et certains éleveurs risquent de retourner en production de type conventionnelle. »

Lire aussi : « Emmanuel Berger, éleveur laitier à Jonzieux - Cellules à 100.000 en élevage laitier bio »

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