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Jean-Michel Alory, éleveur engraisseur à La Ville Halna (22) 200 à 400 euros de marge brute par animal

Viser toutes les voies possibles pour améliorer la rentabilité de ses ateliers. C'est ce que cherche à faire Jean-Michel Alory, éleveur engraisseur de jeunes bovins et de génisses. Avec à la clé une marge brute de 200 à 400 euros par animal selon les années, en circuit court comme en circuit long. Témoignage de l'éleveur sur les leviers de rentabilité.

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Engraisseur spécialisé à La Ville Halna (22), Jean-Michel Alory a choisi de conduire deux types de production : des jeunes bovins (JB) sur 300 jours (en circuit long) et des génisses labellisées sur deux ans destinées à une filière viande de qualité commercialisées en boucherie (en circuit court).

Il dégage la même marge brute par animal sur chacun des deux ateliers, de 200 à 400 €/JB ou /génisse selon les années, avec un seuil situé à 300 €. Une telle variabilité, c’est aussi cela la particularité du métier d’engraisseur.

D’où l’importance cruciale de développer toutes les voies d’amélioration possible de la rentabilité des ateliers. « Sur l’atelier jeunes bovins, le premier critère de rentabilité est l’ensilage de maïs », affirme Jean-Michel Alory (lire « la tonne de MS/ha conditionne la rentabilité de l'engraissement » en cliquant ICI).

 

Carte d'identité :

 Jean-Michel Alory, éleveur engraisseur
 à La Ville Halna (22, Côtes d'Armor)

  • 45-50 jeunes bovins charolais
  • 35 génisses blondes d'Aquitaine

 

Jeunes Bovins

Génisses

Race

Charolais

Blonde d’Aquitaine

Taille du lot

45-50

35

Durée
d’engraissement

300 jours

2 ans

GMQ

1420-1600 g

600-700 g,
1 kg en finition

Poids carcasse

430-440 kg

470 kg

Marge brute
atelier

200 à 400 € /JB

200 à 400 €/génisse

Financièrement la différence est énorme

« Mais dans les deux ateliers, le choix et le triage des animaux est un levier fondamental. A 6 mois, la génétique a déjà parlé et livré tout son potentiel. Si vous ne prenez pas les animaux les plus adaptés, vous êtes pénalisés en fin de course. Je l’ai souvent vérifié. Avant d’être en filière qualité génisses Blonde d’Aquitaine, je faisais déjà des génisses dans cette race que j’allais choisir personnellement. Depuis 2002, je reçois les génisses directement d’élevages certifiés sans pouvoir les choisir, et le pourcentage de mes génisses classées U+ à l’abattoir a pas mal chuté. Je sortais bien plus de U+ que de R+, aujourd’hui, je suis à 50/50 R+/U+ », témoigne Jean-Michel Alory. « Financièrement, la différence est énorme. La dernière grille donne 4,10 € en R+ contre 4,60 € en U+. C’est un des facteurs de variation importants de la marge de l’atelier. »

« Pour les JB, c’est pareil, presque tout se joue lors de l’achat. Il faut les trier sur leur conformation (arrière), les épaules, le gabarit. Je sais quasiment le résultat que je vais faire quand je vois le lot. Le choix des broutards influence la marge brute directe de l’atelier. C’est pour cette raison que je les choisis à 90 % de race charolaise. Je pense que c’est ce qu’il y a de mieux pour engraisser le JB (meilleurs GMQ, carcasses lourdes). »

Ces productions restent très conjoncturelles

Autre levier important de rentabilité dans les ateliers d’engraissement, la réussite de la phase d’adaptation pour minimiser les pertes. « Pendant 8 ans, je n’ai jamais eu une seule perte », témoigne l’éleveur. « Je pense que c’est lié à deux facteurs. Le premier est la vaccination systématique à l’entrée. »

Les facteurs clés de succès :

  • Rendement de l'ensilage de maïs en tonnes de matière sèche (MS)
  • Choix et triage des animaux
  • Vaccination systématique à l'entrée
  • Phase d'adaptation assez longue
   

« Le deuxième facteur est une phase d’adaptation assez longue (3 semaines) qui débute la 1ère  semaine par une consommation exclusive de foin. Ça permet de bien les stimuler. J’ai beaucoup moins de soucis au plan santé, digestif, depuis des années que je respecte cette étape fourragère. La 2ième semaine, selon leur appétit et leur état, je commence à leur donner un peu d’ensilage de maïs tout en gardant une base de foin le matin. La 3ième semaine, ils consomment encore du foin, mais j’augmente la part d’ensilage. »

Malgré les performances techniques, il n’en reste pas moins que ces productions sont très conjoncturelles et dépendent fortement du prix d’achat des broutards et du prix de vente de la viande.

Avec la réforme de la Pac, c'est surtout le marché qui va guider son choix

« Dès qu’il y a un semblant de crise, c’est le JB qui subit la première volée », constate toujours l’éleveur. Et avec les changements de Pac et d’attribution des primes en viande, l’éleveur est susceptible de faire évoluer sensiblement son exploitation. Pour l’instant, il attend de voir évoluer la situation. « Mais s’il y avait quelque chose à changer dans son système, il s’orienterait plutôt vers une régression de l’atelier JB au profit de l’atelier génisses », complète Thierry Ofredo. « A moins qu’il ne réinvestisse dans un bâtiment plus fonctionnel pour développer davantage l’atelier JB. C’est surtout le marché qui va guider son choix. »

D’une manière générale, les ateliers JB sont les productions les plus remises en cause par les modalités de la nouvelle Pac. Ainsi, selon une étude réalisée par les réseaux d’élevage de Basse Normandie, l’arrêt de l’engraissement de JB (atelier 150 têtes) au profit de la vente des surfaces en culture (90 ha) fait monter le revenu agricole de 12.542 € actuel à 25.297 € dans la nouvelle Pac. Alors que l’option « poursuite de l’engraissement » fait chuter ce même revenu à 7.154 €.

Pour en savoir plus :
(cliquez sur le titre qui vous intéresse)

  

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