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Alimenter « Les génisses sont élevées avec un repas par jour »

Allaitement. Les associés du Gaec de Savie misent sur un concentré très appétent pour passer à un repas de lait par jour, et ainsi alléger le temps de travail. Une pratique qui pourrait pénaliser la couverture des besoins énergétiques.

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Un sevrage à 6 semaines, sur la base d’un repas par jour pour réduire non seulement les coûts, mais aussi le temps de travail : c’est la promesse de Raltec, un aliment starter formulé pour un sevrage précoce. Il se présente sous la forme de petits granulés (2,5 mm) très appétents et très énergétiques, composés de matières premières nobles (maïs floconné, orge, farine de soja grillée et décortiquée, farine de blé, huile végétale, poudre de lactosérum), enrichies en minéraux, vitamines et oligoéléments. Il dose 16,6 % de MAT et plus de 1 UFL. « Mis à disposition en libre-service avec de la paille de bonne qualité, de l’eau et du sel, cet aliment est prévu pour assurer un développement rapide de la panse, des papilles et de la flore ruminale, assurant ainsi une haute digestibilité des nutriments ingérés par les veaux. Cela permet de faire des génisses plus lourdes, plus tôt, pour un sevrage dès la cinquième semaine en race holstein et une semaine plus tard pour des races comme la montbéliarde ou la normande », explique Patrick Cheucle. Éleveur allaitant, responsable de la société W2N, il cherche à développer en France ce concept né il y a trente ans en Espagne. Les associés du Gaec de Savie l’ont adopté il y a cinq ans afin de réduire le temps de travail dédié à la distribution du lait.

Ici, les montbéliardes vêlent sur aire paillée. Le premier jour, chaque veau reste avec sa mère biologique. « Si le vêlage se passe bien, il prend son colostrum sous la mère. Dans le cas contraire, nous n’hésitons pas à traire deux litres de colostrum à la main pour le distribuer au biberon », explique Robin Forissier.

« Dès l’âge de 15 jours »

Le nouveau-né est ensuite transféré en case individuelle dans un espace nurserie jusqu’au sevrage. Pendant les quinze premiers jours de vie, les petites femelles sont nourries au lait entier sur la base de deux repas de trois litres, dans un seau équipé de tétine flottante (la première semaine avec le lait maternel trié par le robot de traite, puis au lait de mélange). La buvée est distribuée à 40-42°C à l’aide d’un taxi-lait. Puis, elles passent à un repas de 3 litres/jour (matin ou après-midi) à partir de la troisième semaine jusqu’au sevrage.

Parallèlement, les veaux ont de l’aliment Raltec à disposition dès la première semaine, avec de l’eau et du foin à volonté. Ce sera le seul concentré jusqu’au sevrage, soit un total de seulement 35 kg/génisse + 140 litres de lait. « Certains veaux consomment de l’aliment dès le premier jour, d’autres pas avant 10 jours, observe l’éleveur. Au moment du sevrage, ils en consomment de 1,5 à 2 kg/j. » Robin évalue alors de façon systématique le poids des génisses à l’aide d’un ruban : si elles pèsent moins de 90 kg, la phase lactée est prolongée d’une semaine.

« Une économie de 80 € sur la phase lactée »

Dans la pratique, le sevrage a lieu à 10 semaines. On est donc loin du sevrage très précoce annoncé par Raltec. L’explication se trouve dans le choix du lait entier : il permet difficilement de couvrir les besoins du veau pour envisager la mise en œuvre d’un programme de sevrage précoce en un repas par jour. La conduite adoptée par l’éleveur s’avère cependant plus économique : « Une économie de 80 €/veau par rapport à un plan d’allaitement classique avec 450 litres de lait et 75 kg de concentré, observe Olivier Robert, conseiller à Loire Conseil Élevage. Mais les problèmes de coccidies rencontrés après le sevrage, à la suite du transfert des génisses dans un autre bâtiment, avec les grandes génisses et les vaches taries, pourraient s’expliquer par un défaut d’immunité lié à un déficit énergétique subi pendant la phase d’allaitement ». Au cours des six derniers mois, la mortalité des petites génisses de 0 à 30 jours s’élève d’ailleurs à 9,4 % et à 10 % de 1 à 6 mois (une génisse).

Après le sevrage, la ration de base des génisses se compose d’un mélange d’enrubannage et de foin à volonté, avec un concentré fermier (tourteaux de colza et céréales), complété par un aliment anticoccidien pendant une semaine. Elles sont mises à la reproduction à partir de 15 mois et 380 kg, « un poids estimé à l’œil », précise l’éleveur.

A ce niveau les résultats sont satisfaisants. Ainsi, le taux de réussite en première insémination artificielle sur les primipares est de 65 %, avec une moyenne de 1,6 paillette et 8 % d’animaux à plus de trois inséminations artificelles. L’âge moyen au premier vêlage relativement tardif de 29 mois s’explique par le recours à la transplantation d’embryons. Une pratique qui oblige à décaler des animaux afin de constituer des lots de receveuses. Robin est en effet un passionné de la race et de concours. Il a remporté quatre prix consécutifs de meilleure mamelle du département : « Avec cette pratique d’élevage un peu à la dure, les génisses sont beaucoup moins grasses, tout en conservant un bon développement squelettique et de l’éclatement. »

Jérôme Pezon

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