100 vaches et plus Des grands troupeaux laitiers pas si différents des autres
Lors du Space, les Chambres d’agriculture de Bretagne ont voulu en finir avec les « mythes » et autres idées reçues sur les grands troupeaux, ceux à plus de 100 vaches, dont la conduite et la réussite ne sont pas si différentes de celles des autres troupeaux bretons.
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Les grands troupeaux, mythe ou réalité ? Ceux à plus de 100 vaches, qu’en France on qualifie de "grands troupeaux", commencent à s’installer dans le paysage agricole. En Bretagne, leur nombre a été multiplié par 6 en 10 ans. « Il y en aurait près de 1.000, soit 6 % des effectifs, estime Guylaine Trou, de la Chambre d’agriculture de Bretagne, lors d’une conférence au Space. Si en France, on estime qu’à plus de 100 vaches c’est un grand troupeau, ce n’est pas le cas dans la plupart des autres pays laitiers où c’est la moyenne. »
Elles ne pâturent plus ?
Hormis leur effectif, les grands troupeaux ne sont pas si différents des autres. Certains pratiquent le pâturage, d’autres préfèrent les fourrages conservés. « C’est une idée reçue de dire qu’en grand troupeau, les vaches ne pâturent plus, tranche Vincent Jégou, conseiller d’entreprise à la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor. Plus que la taille du troupeau, c’est l’accessibilité des parcelles qui détermine le pourcentage d’herbe pâturée dans la ration. En termes de système fourrager, tout est possible dans un grand troupeau à partir du moment où c’est cohérent avec son parcellaire, ses conditions pédoclimatiques et ses goûts. Il n’y a pas non plus de différence de production par vache ou de concentré par vache selon la taille du troupeau (voir tableau). De même dans les grands troupeaux comme dans les autres, il y a une forte hétérogénéité des résultats ».
| Réseau grands troupeaux | Moyenne BretagneCEL |
Nb VL | 119 | 49 |
kg lait brut/VL | 8033 | 7860 |
g de concentré/kg lait | 151 | 141 |
% maïs | 37,5 | 38,5 |
Source : Chambres d’agriculture de Bretagne
Des grands troupeaux s’en sortent bien financièrement grâce à leur bonne maîtrise technique et économique, d’autres sont à la peine, et ont du mal à digérer les investissements ou peinent à obtenir des résultats techniques à la hauteur. Ceux qui sont dans le quart supérieur en termes de marge brute se distinguent par un parcellaire groupé permettant le pâturage, y compris pour les génisses, l’utilisation de rations semi-complètes et l’élevage de tous les veaux.
Par contre, quand les effectifs dépassent les 100 vaches, les dépenses de santé s’alourdissent. Pas à cause des mammites - maîtrisées quand l’hygiène de la traite reste bonne - mais par des dépenses sur les produits nutritionnels en prévention et un élevage des veaux plus délicat.
3,7 UTH en moyenne
Là où les grands troupeaux se différencient, c’est dans leur management. « L’agriculteur doit passer de « éleveur de vaches » à « manager de salariés », remarquent les conseillers. Car, si avec 3,7 UTH de moyenne dans les grands troupeaux, « il y a moins de travail d’astreinte par personne, souligne Guylaine Trou, il y a plus de travail de suivi. Dans les grands troupeaux, les éleveurs sont plus animaliers, passent plus de temps au suivi des animaux, par exemple pour la détection des chaleurs ». En parallèle de l’augmentation de la taille, le salariat se développe avec une hausse de 60 % en Bretagne entre 2000 et 2010. Un développement du salariat qui se confirmera certainement avec les départs en retraite annoncés dans près de la moitié des exploitations laitières d’ici à 10 ans.
Les grands troupeaux se différencient aussi dans la nécessaire organisation technique, avec une forte présence de mélangeuses, des rations diversifiées et une conduite en lots. Pour le pâturage, l’aménagement de chemins et de réseaux d’eau est nécessaire. La stabulation doit être adaptée aux effectifs importants. « Pour simplifier le travail, les grands bâtiments sont souvent en logettes et lisier, avec plus de recours à l’automatisation (racleurs, distribution de la ration…) souligne Sébastien Guiocheau, de la Chambre d’agriculture de Bretagne. Ce qui augmente le coût à la place, à 6 800 euros ».
Pour sortir gagnant d’un agrandissement, il faut être vigilant que la reprise de foncier soit bien structurante, que les investissements restent maîtrisés, que le travail soit réparti et organisé. Reste à voir l’impact sur la taille des troupeaux qu’auront la fin des quotas et les éventuelles allocations de lait sans transfert de foncier.
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