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Les vêlages de printemps remis en cause par le changement climatique

Les vêlages de printemps font que la saison de reproduction se déroule en début d'été, alors que les parcelles sont en proie à la sécheresse.

Pour maintenir son chargement malgré le changement climatique, les conseillers proposent de se pencher sur son calendrier de vêlage. Une manière de sélectionner les périodes sur lesquelles l’on souhaite nourrir moins d’animaux.

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Alors que la canicule transforme inexorablement les prairies en paillasson, la question de l’adéquation entre la taille des troupeaux et la ressource en fourrage se pose. Avec moins d’herbe, difficile de maintenir un chargement constant. Mais avant de tailler dans le vif, les chercheurs proposent d’exploiter « diverses clés d’adaptation dans la conduite du troupeau » à l’occasion de travaux sur l’impact du changement climatique sur l’élevage de ruminants.

Parmi elles figure l’adaptation des périodes de vêlage. Si les vêlages de printemps sont souvent présentés comme l’option la plus économique, les successions d’épisodes secs en été pourraient bien rebattre les cartes.

Les vêlages de printemps à l’épreuve de la sécheresse estivale

La France connaît un pic de vêlages en races allaitantes sur les mois d’avril et mai. Traditionnellement, la pousse de l’herbe coïncide alors avec la montée en lactation des vaches, et les besoins d’affouragement l’hiver sont restreints. Les vaches sont hivernées sevrées, et l’espace nécessaire sur la stabulation est réduit : 11 à 12 m² par vache peuvent suffire en l’absence de veaux.

Mais pour avoir des veaux au printemps, il faut mettre les vaches au taureau en début d’été, là où parfois, l’herbe vient à manquer. « Avec des printemps de plus en plus précoces et l’augmentation de la fréquence des étés secs et des épisodes caniculaires, les vêlages de printemps sont les plus exposés », appuient les conseillers de la Chambre d’agriculture Bourgogne-France-Comté. La vache doit alors assurer sa lactation et la reproduction alors que la quantité comme la qualité de l’herbe peut être altérée. D’autant que la chaleur pèse sur la reproduction, avec une baisse potentielle de la fertilité comme de l’activité sexuelle des animaux.

Dans ce contexte, il peut être tentant d’avancer de quelques mois la période de vêlages, voire de miser sur des vêlages d’automne. « Des vêlages plus précoces permettent de mieux maîtriser la reproduction puisque celle-ci dépend essentiellement de l’alimentation », poursuivent les conseillers. Une manière de savoir ce que les vaches ont dans l’assiette à cette période clé.

Mais tout dépend de sa stratégie fourragère. Si la complémentation en énergie et azote est facile à mettre en place en cas de reproduction pendant l’hivernage, « des vêlages précoces sont gourmands en charges liées à l’alimentation par rapport à des systèmes 100 % foin, bien adaptés en cas de vêlages de fin d’hiver ». Autrement dit, pour les vêlages d’automne, il est nécessaire d’avoir du stock en grange.

Mais les vêlages de printemps ne se font pas sans stock sur pied, et ils peuvent rester une option intéressante à qui sait adapter son système. « Dissociation de la période de pousse de l’herbe et de consommation, décalage de la pousse par le déprimage ou l’étêtage, gestion du pâturage par saisons pratiques avec des surfaces de base et des surfaces de sécurité lorsque la ressource n’est pas suffisante… » : la gestion du creux hivernal doit être réfléchie pour maintenir des performances malgré la sécheresse, voire les coups de chaud.

Des vêlages d’automne pour éviter le creux d’herbe

Les vêlages d’automne, sur les mois d’août, septembre et octobre demandent d’hiverner les couples mères-veaux. « Une telle période de vêlages nécessite des stocks autour de 3 t MS/UGB hiverné et de bonnes valeurs alimentaires », notent les conseillers. Il faut également de la place pour hiverner vaches et veaux, avec 14 à 15 m² par couple.

Mais le vêlage d’automne aide à garder un œil sur les vaches en chaleur. « Cela permet d’avoir un bon contrôle, à partir du moment où la ration des vaches est correctement établie. De plus, la reproduction n’est pas impactée par d’éventuels aléas climatiques », pointent les conseillers de la Chambre d’agriculture.

Les vaches sont ensuite taries à l’approche de l’été, avec un sevrage lorsque l’herbe commence à se faire rare. Le gros bémol concerne peut-être les travaux des champs, qui peuvent concurrencer le travail à l’étable sur la période automnale.

Des vêlages d’hiver pour une gestion de la repro au bâtiment

Les vêlages d’hiver peuvent également constituer un compromis. Il permet d’assurer un sevrage des animaux à l’été, et offre aux éleveurs la possibilité de recourir à l’insémination artificielle car la majeure partie de la reproduction se déroule au bâtiment. Les vaches allaitantes profitent ensuite de la pousse de l’herbe avec des veaux encore relativement jeunes.

La pratique a également ses défauts, car elle oblige les vaches à des transitions alimentaires lors de périodes clés. Les vêlages vêlent au retour en bâtiment et changent de ration. Les dernières semaines de reproduction peuvent également être concomitantes avec la mise à l’herbe.

Le vêlage d’hiver présente toutefois l’avantage de ne pas concurrencer le travail en plaine.

La double période de vêlages pour répartir les risques

Enfin, la double période de vêlages est peut-être l’option « qui présente le plus d’avantages », tout en restant l’une « des plus contraignantes ». Elle permet de répartir les risques, tant en termes d’aléas de marchés que sanitaires. Elle permet de faire vêler les génisses à 30 mois, soit un compromis entre le vêlage 2 et 3 ans. « Avec des mises bas étalées sur 2 mois, en mars-avril et en septembre-octobre, et une période de tarissement stricte, la moitié du troupeau est tarie en été et en hiver », constatent les chercheurs.

Cela permet également de réduire le nombre de veaux à hiverner, et le risque en cas de sécheresse estivale. Autrement dit : on ne met pas tous ses œufs dans le même panier.

Mais sans rigueur, « le risque est de se retrouver à terme avec une seule longue période », alertent les conseillers. Il est impératif d’être très strict sur les dates de retrait du taureau.

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