Reprendre les fondamentaux de l’élevage et lâcher la seringue
Les maladies infectieuses apparaissent lorsqu’il n’y a plus d’équilibre entre l’immunité du troupeau et la pression d’infection dans les bâtiments. Revenir à ces deux fondamentaux est le meilleur moyen de limiter le recours aux antibiotiques.
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La demande de baisse d’utilisation des antibiotiques et l’arrêt des antibiotiques critiques ne sont-ils pas une chance pour l’élevage ? Vétérinaire en Côte-d’Or, Edwige Bornot fait partie des personnes qui en sont convaincues depuis des années. « On a longtemps fait croire que la seringue automatique était la solution à la plupart des problèmes d’élevage, pour en oublier l’un des fondamentaux : la santé est dans l’assiette. » Dans la nôtre certes, mais aussi dans celle des animaux d’élevage.
Le fait est que les maladies infectieuses apparaissent au sein d’un troupeau lorsqu’il n’y a plus d’équilibre entre l’immunité et la pression d’infection dans les bâtiments. Autrement dit, quand il y a trop de bactéries ou de parasites pour un système immunitaire dépassé. Bien sûr, les antibiotiques restent des médicaments essentiels pour le soin de problèmes infectieux. Mais le mieux est de prévenir l’apparition des maladies.
Doper l’efficacité du système immunitaire
Cette vétérinaire de terrain vous propose de revenir aux fondamentaux de votre métier, c’est-à-dire chercher à augmenter l’efficacité du système immunitaire de vos animaux.
Tout commence par une bonne préparation à la mise bas, période critique où l’immunité tend à baisser. En amont, il faut donc déjà gérer correctement le parasitisme pour éviter que des animaux arrivent affaiblis au vêlage . Cela passe aussi par une ration de préparation au vêlage avec un suivi de la Baca (bilan anions/cations), essentielle pour la santé des vaches au vêlage. Attention, une transition alimentaire est nécessaire si la ration change beaucoup. Sinon, le rumen ne saura pas la valoriser. La complémentation dépend de la qualité des fourrages. Une analyse est indispensable, mais c’est l’état clinique des animaux qui donne le mieux la réponse. Les apports énergétiques, protéiques, minéraux, en oligo-éléments et vitamines (sélénium, vitamines A et E) sont tous importants pour une bonne réussite du démarrage de la lactation.
La meilleure préparation de la ration avant vêlage ne sert à rien si l’eau n’est pas disponible en quantité et qualité, si la vache boite ou s’il y a trop de concurrence à l’auge.
Autre étape clé pour doper l’immunité : l’ingestion d’un colostrum de qualité (réfractomètre), précocement et en quantité suffisante (10 % du poids du veau dans les six premières heures avec un maximum dans les deux premières heures). On n’a toujours pas fini de le ressasser, c’est certainement le meilleur gage de santé pour les veaux. Non seulement il prévient de l’apparition de plusieurs maladies, mais il assure surtout une future bonne croissance. C’est le meilleur investissement. La prévention de l’apparition des diarrhées en passe obligatoirement par là.
Pas de système immunitaire efficace non plus sans confort animal. Cela vaut pour tous les animaux, et surtout les veaux. « Si leur litière est humide, leur parc plein de courants d’air ou que les lots ne sont pas homogènes, une grande partie de leur énergie servira à lutter contre le froid et l’inconfort au lieu de faire de la croissance et de développer les compétences du système immunitaire. La seule norme dont il faut se souvenir pour le logement des veaux est : est-ce que j’aurais envie de faire une sieste à leurs côtés ? »
La mise en place de vaccinations permet d’acquérir une immunité spécifique, par exemple contre les colibacilles ou les coronavirus, limitant le recours par la suite aux antibiotiques.
Baisser la pression d’infection
« Une fois les animaux mis en condition pour résister aux infections, il convient ensuite d’en baisser la pression. C’est-à-dire de diminuer le nombre de bactéries présentes. » L’objectif est crucial pour les veaux. D’où ses conseils.
Soignez l’hygiène du matériel d’élevage. C’est un facteur très important, notamment autour de l’allaitement. « Le lait caillé, déposé sur les parois, constitue rapidement un bouillon de culture et peut facilement entraîner des diarrhées », explique-t-elle.
Isolez les animaux malades. Ils constituent des amplificateurs qui favorisent la multiplication des bactéries et la contamination d’un grand nombre de veaux. Par exemple, c’est le cas avec la pasteurellose lorsqu’un veau reste infecté de façon chronique. C’est aussi le cas avec un veau à colibacillose qui se contamine avec quelques dizaines de milliers de bactéries, mais qui en excrète plusieurs milliards.
Contrôlez la température des litières dans les lots d’animaux. C’est un élément simple, intéressant à surveiller. En cas de température supérieure à 38°C ou de diarrhées en série sur les veaux, il faut curer (même chose pour les mammites). S’il y a eu de sérieux soucis de maladies en saison, il faudra curer, laver, désinfecter et réensemencer. L’idéal est de réaliser un vide sanitaire quand c’est possible.
Ventilez efficacement. Cela permet de renouveler l’air vicié et d’éliminer un grand nombre de bactéries. Et cela ne vaut pas que pour les jeunes animaux.
Jean-Michel VocoretPour accéder à l'ensembles nos offres :