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La France doit-elle accompagner le marché mondial et viser 28 Mt de lait ou se recentrer sur le marché européen plus rémunérateur ?

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Thierry Roquefeuil :

«  Afficher un objectif de volume n’a pas de sens. Nous produisions 24 Mt en 1984. Nous en produisons autant en 2018. Le nombre d’élevages laitiers baisse de 3 % chaque année et cela va continuer. L’objectif est donc de maintenir ce niveau de collecte avec des fermes économiquement et socialement viables sur le territoire. Le marché mondial est l’une des réponses. Je n’imagine pas que la France laisse sa place à d’autres et je ne suis pas d’accord pour dire que l’on y exporte des produits sans valeur. La filière fait le choix de produits « premium » de qualité. Elle veut répondre aux attentes des consommateurs français et européens, mais aussi aux classes aisées des pays hors Europe via de la poudre infantile bio, des fromages, etc. Pour cela, il faut une adéquation entre l’offre et la deman de par des négociations entre les OP et les entreprises. »

Laurent Pinatel : « La France doit produire pour des marchés rémunérateurs pour les paysans et paysannes, en France et à l’export. La course à la valeur ajoutée, équitablement répartie, doit remplacer la course aux volumes. Nous militons donc pour une régulation dynamique de l’offre en fonction de la demande à l’échelle européenne. Un tunnel de prix doit empêcher les entreprises d’utiliser le prix payé au producteur comme variable d’ajustement de leur stratégie économique.

Concernant le marché national, la grande distribu­tion et l’industrie doivent sortir de leur jeu de dupes. Dans notre optique, il faut mettre en place des contrats tripartites entre les producteurs, les industriels et les distributeurs pour sécuriser, avec un prix rémunérateur, un volume de production par actif afin de maintenir de nombreuses fermes sur le territoire. »

Daniel Condat : « La France doit valoriser son savoir-faire et la qualité de ses produits. Tous les marchés qui permettent une rémunération du lait à un prix supérieur aux coûts de production sont bons à prendre. Un système de régulation doit être piloté par les organisations de producteurs pour ajuster la production aux besoins.

Il faut aller plus loin que les organisations de producteurs actuelles qui sont non commerciales. L’objectif est qu’elles deviennent des approvisionneurs de laiteries, y compris des coopératives. Les outils industriels peuvent très bien appartenir aux producteurs, mais être approvisionnés par des organisations de producteurs pour plus de transparence. Cela passe par une massification des producteurs. Il faut éviter la surproduction qui induit gaspillage et baisse de prix, et se traduit par le mépris du travail formidable des producteurs. »

© Yann Cainjo/GFA - Laurent Pinatel, porte-paroles de la Confédération Paysanne.

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