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DAMIEN LACOMBE, président de Sodiaal « Sodiaal n’a pas produit plus de beurre-poudre que d’habitude malgré cette crise gravissime »

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Y a-t-il eu des ruptures dans votre collecte depuis le début de la crise ?

Damien Lacombe : 100 % du lait Sodiaal a été collecté. En solidarité avec les filières AOP, nous avons aussi, au début de la crise, collecté 1 Ml sans débouché auprès de PME du Massif central, frappées comme nous par la baisse des ventes de fromages AOP. Ce lait, transformé à façon en produits industriels sur un de nos sites, n’aura aucune incidence sur la valorisation du lait de nos sociétaires.

Avez-vous dû fermer certains sites ?

D. L. : Oui, trois usines de fromages AOP ont été temporairement fermées début avril. Deux semaines pour nos sites de Saint-Flour (Cantal) qui fabriquent nos bleus d’Auvergne et du Malzieu (Lozère). Le litrage qui y représente plusieurs millions par mois, a été réparti dans les autres usines du groupe.

Avez-vous vu un effet d’une baisse des livraisons chez vos adhérents qui auraient suivi le plan du Cniel ?

D. L. : En avril, notre collecte s’est infléchie de - 1,1 %. Les effets de la météo dans un premier temps, de l’adhésion au plan du Cniel dans un second temps, ont joué. Plus de 4 000 de nos sociétaires émargeront à l’aide du Cniel.

Quels ont été les impacts, négatifs et positifs, du Covid-19 sur vos principaux marchés ? Cela en aura-t-il sur votre mix-produits (40 % PGC France, 40 % PGC export et RHF, 20 % produits industriels) ?

D. L. : Sur le débouché PGC France, nous avons suivi les tendances générales de la filière laitière avec une hausse des demandes­ très forte sur les produits basiques tels que le lait de consommation, le beurre, la crème et le fromage râpé. Il est certain, qu’au vu de ces évolutions, les lignes ont bougé dans notre mix-produit, avec un peu plus de GMS mais on va parler de quelques pourcents, et il est bien trop tôt pour dire si cette tendance va perdurer. Après le boom des achats des premières semaines, on a vu s’opérer un retour vers la normale fin avril, notamment sur ces produits basiques.

En revanche, notre activité AOP a été sinistrée et le reste, après deux mois de crise. Cette situation est très préoccupante. Comme tous les fabricants d’AOP, nous avons été contraints de stocker nos fromages. J’en appelle d’ailleurs à la responsabilité de chacun quand ils seront remis sur le marché. Pour le secteur de la RHF (restauration hors foyer), nous avons, comme tous les acteurs, enregistré un effondrement de nos ventes, avec, au début du confinement, une baisse de plus de 60 % de l’activité. Si ce débouché commence à frémir aujourd’hui, il est toujours sinistré, et le restera tant que les restaurants et la restauration collective n’auront pas retrouvé leur activité antérieure.

Notre débouché PGC export vers l’UE n’a pas trop pâti de la crise. Ce n’est pas le cas, en revanche, du grand export, après un premier trimestre qui avait aussi été très négatif. Néanmoins, les commandes semblent repartir sur l’Asie .

Au final, la forte demande sur les produits basiques n’a pas compensé les pertes de la RHF et de l’export. Nous avons aussi fait face à des coûts supplémentaires (mesures d’hygiène, surcoût logistique…) que nous estimons de + 2 à + 3 % de nos coûts totaux.

Avez-vous produit plus de poudre de lait et de beurre que d’habitude ?

D. L. : Avec notre secteur AOP, c’est le gros point noir de ce début d’année. On ne peut pas dire que nous avons fabriqué plus de beurre industriel et de poudre 0 % que dans un pic saisonnier normal, mais la valorisation de ces produits s’est écroulée, reflet de la situation de crise que nous vivons. Comme pour les PGC export, la demande chinoise frémit mais elle est encore très loin de ses niveaux d’avant crise. En fin de compte, pour Sodiaal, il n’y a pas forcément eu plus de lait dirigé vers le beurre-poudre. Cela s’explique par le fait qu’au début de la crise, nous avons puisé dans nos stocks de produits finis pour répondre à la forte demande des GMS de produits basiques. Et depuis début avril, notre lait a été transformé pour reconstituer ces stocks tout en continuant de répondre à cette demande soutenue de la grande distribution. Notre souci du moment est, sur ces produits industriels, un problème de valorisation. Car ils ont perdu leur valeur, au même titre que nos fromages AOP dans nos caves.

Serez-vous en mesure, en juillet, aout et septembre, de retourner la saisonnalité prise sur avril, mai et juin, en appliquant stricto sensu votre formule de prix ?

D. L. : La saisonnalité sera bien retournée, comme nous nous y sommes engagés. Mais il faut être conscient que nous avons devant nous une crise économique sans précédent à affronter.

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