Le Salon de l'élevage s'ouvre au cœur de l'épizootie de FCO en Bretagne
Gouvernement en formation, attentes fortes des éleveurs et explosion des maladies animales... Il y a comme une sensation de déjà-vu au Salon international de l'élevage (Space) qui s'ouvre mardi à Rennes. À la différence que cette année, la Bretagne est au cœur de l'épizootie de fièvre catarrhale qui touche brebis, vaches et moutons (FCO).
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Sur les plus de 530 bovins et 150 ovins et caprins qui devaient être présentés aux concours ou aux ventes aux enchères de ce rendez-vous pour les éleveurs amateurs de génétique, seule la moitié seront finalement présents, ont annoncé les organisateurs une semaine avant l'ouverture.
Cette décision a été prise à l'issue d'une campagne de tests PCR puisque tous les animaux présents devront être testés négatifs pour la FCO 3 et 8, ainsi que pour la maladie hémorragique épizootique (MHE).
« C'est certainement un des contextes les plus inédits (...) Ce sont des moments difficiles, du travail en plus, des coûts de traitement en plus, avec des conséquences financières énormes dans les exploitations », a déclaré Jean-Yves Rissel, responsable des présentations animales du Space, lors d'une conférence de presse.
6 000 foyers de FCO 3 et 8 depuis juin en Bretagne et Normandie
Le Space avait mis en place un strict règlement sanitaire l'an dernier car d'autres régions avaient connu une flambée de FCO, qui a décimé des troupeaux de brebis et entraîné des baisses de production de lait de vache, la maladie entraînant souvent des avortements précoces.
Mais la Bretagne, première région laitière relativement épargnée en 2024, n'a « pas anticipé » en 2025, alors « qu'on avait réussi à avoir des vaccins gratuits », a déploré Jean-Yves Rissel, qui appelle à rendre la vaccination obligatoire en 2026.
Depuis juin, la Bretagne et la Normandie ont enregistré environ 6 000 foyers de FCO 3 et 8, les deux sérotypes qui circulent dans le pays, et ont dû vacciner à tour de bras alors que les animaux étaient pour la plupart sortis des étables.
La commissaire générale du salon Anne-Marie Quéméner s'attend toutefois à un record de participation depuis le Covid, avec plus de 1 200 exposants et 100 000 visiteurs de 120 pays attendus sur les trois jours.
Visite ministérielle incertaine
Le doute plane en revanche sur la traditionnelle visite gouvernementale au Space depuis la création en 1995 du salon. L'année 2024 avait fait exception, ni Michel Barnier alors fraîchement nommé à Matignon, ni le ministre sortant Marc Fesneau n'avaient fait le déplacement.
La ministre de l'agriculture sortante, Annie Genevard, avait à cœur d'inaugurer le Space 2025 mais la gestion des affaires courantes ne lui permet techniquement pas d'effectuer ce déplacement sauf si le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu décidait de s'y rendre avec elle, a indiqué à l'AFP le ministère.
Le contexte est toutefois plus apaisé qu'en 2024, qui avait commencé par des manifestations d'agriculteurs, frustrés de voir la concrétisation des promesses du gouvernement stoppée par la dissolution et l'instabilité gouvernementale.
Nommée au lendemain du Space 2024, Annie Genevard était arrivée rue de Varenne après un été catastrophique pour les éleveurs avec les maladies animales, mais aussi pour les céréaliers et les viticulteurs.
Des éleveurs inquiets
Depuis, la loi d'orientation agricole (LOA) et la loi visant à « lever les contraintes » pesant sur les agriculteurs (loi Duplomb) ont été votées. Les décrets visant à appliquer la simplification du régime d'autorisation ou d'évaluation environnementales sont en consultation et devraient être publiés dans les prochains mois.
La grippe aviaire a été maîtrisée cette saison, la campagne gouvernementale de vaccination contre la FCO lancée en juillet – un peu tard selon les éleveurs – et le nombre de foyers de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) recule dans les régions alpines, bien que la stratégie d'abattage total des troupeaux pour éradiquer cette maladie continue d'être contestée par la Coordination rurale et la Confédération paysanne.
Face à cette instabilité sanitaire, amplifiée par le changement climatique, et tandis que le cheptel français continue à reculer en raison des départs à la retraite des éleveurs, ces derniers restent inquiets.
Ils dénoncent une concurrence étrangère « déloyale » et jugent insuffisantes les garanties données par l'Union européenne, qui espère faire approuver rapidement l'accord de libre-échange avec des pays latino-américains du Mercosur.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :