Anses Tester les broutards, une option pour exporter malgré la MHE
A compter du 1er octobre, le dépistage sera obligatoire pour les bovins sortant des zones dites « réglementées ». Tests, et travail sur les accords commerciaux devraient permettre à l’hexagone de trouver des solutions face à la crise de la MHE. Stéphan Zientara, vétérinaire à l’Anses nous en dit plus sur les conditions sanitaires nécessaires à la réouverture des échanges. [Article mis à jour le 29/09/23 à 21h40]
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Au 28 septembre au matin, l’hexagone comptait 19 foyers de MHE (maladie hémorragique épizootique) « et nous ne sommes pas à l’abri d’en découvrir d’autres » explique Stéphan Zientara, directeur du laboratoire de santé animale de l’Anses. Face à cette maladie vectorielle, nombreux sont les éleveurs du Sud-Ouest à avoir peur de rester avec leurs broutards sur les bras. Entre interdiction de quitter l’exploitation pour les bovins présents à moins de 150 km d’un point d’infection, et réticences de nos partenaires commerciaux, la crainte est légitime. L’Algérie, qui importe entre 41 000 et 69 000 broutards chaque année a annoncé la suspension des échanges d’animaux avec la France par mesure de précaution.
Dépistage obligatoire au 1er octobre
Mais les pouvoirs publics semblent déterminés à proposer rapidement des perspectives aux éleveurs. « Désormais, tout animal amené à quitter la zone réglementée liée aux foyers confirmés de cette maladie, devra avoir fait l’objet au préalable d’un test de dépistage en laboratoire attestant l’absence de contamination, en complément de la désinsectisation déjà prévue par l’arrêté du 23 septembre dernier » explique le ministère de l’Agriculture dans un communiqué de presse le 29 septembre au soir.
Cette mesure vise à sécuriser la reprise des mouvements de bovins depuis les zones dites « tampon ». Dans le même temps, le ministère poursuit ses échanges avec les partenaires commerciaux pour réouvrir les marchés fermés à l’annonce de l’apparition de la MHE en France. « La priorité est de préserver – dans le respect des exigences sanitaires – les flux commerciaux vers les grands pays traditionnellement importateurs d’animaux français, tant en Europe (Espagne, Italie, Grèce) qu’en Afrique du nord » poursuit le ministère.
Tester les bovins
En effet pour l’expert de l’Anses, rien ne sert d’être alarmiste. « MHE et FCO sont deux maladies assez proches. Nous pouvons donc capitaliser sur l’expérience acquise lors des précédentes crises ». Dans le cas de la fièvre catarrhale ovine, la mise en place de tests, et d’autorisations de commercer avec les régions disposant du même statut sanitaire avait permis de donner de nouveaux horizons aux éleveurs. Mais en l’attente de négociations entre Etats, la législation européenne sur les maladies réglementées fait foi.
L’Espagne étant déjà touchée par la maladie, il est peu probable qu’elle ferme la porte aux bovins français. « Si les animaux passent d’un département infecté à un autre département infecté, les risques sont faibles », relève le vétérinaire.
Mais la situation se complique avec l’Italie. Indemne de MHE, le pays apparaît totalement légitime pour demander des garanties. Dans ce cas, « on pourrait imaginer la mise en place de tests », explique Stéphan Zientara. « Avec le même prélèvement sanguin, il est possible de faire un test pour la FCO, et un test pour la MHE ».
Une maladie saisonnière
Autre point commun avec la FCO, la MHE est une maladie saisonnière. Avec la baisse des températures, le nombre de moucherons vecteurs de la MHE diminue, et la propagation de la maladie avec eux. « En Andalousie, on n’observe pas de cas entre la fin décembre et le début du mois d’avril. Et l’hiver andalou est plus doux que l’hiver français ». Mais la trêve hivernale ne suffira pas à rendre aux régions affectées leur statut indemne. « Il faut constater deux années sans circulation virale pour être considéré comme tel », commente le virologue.
Mais pour maintenant, l’enjeu reste de déterminer l’ampleur de la propagation de la maladie sur le territoire. « Les mesures à prendre ne seront pas les mêmes si la France est concernée du Nord au Sud, ou si la maladie se cantonne au Sud-Ouest », détaille le vétérinaire. 14 laboratoires pourraient effectuer des milliers de tests pour prendre la mesure de la situation. Pour le reste, la régionalisation des restrictions et l’expertise sanitaire française devraient aider à entrer en négociation avec nos partenaires commerciaux.
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