Bien-être animal Comment soigner ses vaches sans les stresser ?
Apaiser. La vache n’aime ni la soudaineté ni la contrainte physique. Sa contention aux cornadis pour un soin ou une insémination rassemble ces deux situations d’inconfort. La comportementaliste animale Pauline Garcia propose un protocole pour les rassurer.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Le bovin est un animal peureux et émotif qui a besoin d’être rassuré. « Or, dans un élevage, le stress est présent partout », pointe Pauline Garcia, comportementaliste animale et éleveuse de salers dans le Cantal. Elle est revenue cet automne dans le Morbihan à la demande du GIEE Bien-être humain et animal (voir ci-dessous). « Les interactions entre congénères, celles avec les humains et le logement en sont les trois principales causes. Face à une agression ou à une situation qu’il perçoit menaçante, son organisme sécrète de l’adrénaline et de la noradrénaline, ce qui engendre une augmentation de la fréquence cardiaque » complète-t-elle. Les soins par injection et les inséminations aux cornadis en font partie. « La vache gérera ces deux situations si, dès son plus jeune âge, elle est confrontée à la nouveauté. Elle aura appris à maîtriser ses émotions et à s’adapter [L’éleveur laitier de décembre 2021, p.54]. » Cela n’empêche pas de limiter les sources de stress, à commencer par une tenue de couleur sombre et une intervention quand les laitières ne sont pas face au soleil. « Elles sont sensibles aux contrastes et à l’éblouissement.» De même, écouter la radio, réaliser le soin au milieu de bruits d’engins ou parler fort à son ou sa collègue ou à l’intervenant génèrent du stress. Si la laitière n’a pas bénéficié jeune d’un protocole d’apprentissage, celui proposé ci-contre par Pauline Garcia aide l’animal à mieux gérer les soins. « Par des simulations au stylo à bille, il ne faut pas hésiter à entraîner une adulte vierge de tout enseignement à la relation. Elles faciliteront les interventions suivantes. »
AUX CORNADIS, FAIRE UNE PIQÛRE EN 5 ÉTAPES :
- ÉTAPE 1 : Décontracter la vache par un peu d’aliments. La vache déteste avoir sa tête bloquée. L’idéal est de proscrire les cornadis et de favoriser les cages de contention. De plus, elle n'établit pas une mauvaise association entre soin et cornadis. Sur la table d’alimentation, glissez devant elle une bassine de couleur noire puis ajoutez un peu de concentré. Si elle mange, c'est signe qu'elle a surpassé sa peur. De plus, tête en bas, sa vision est limitée : elle a moins d’informations à gérer. En revanche, vous voir lui donner une ou deux poignées crée une émotion positive. Elle s’en souviendra les fois suivantes. Le faire lentement car elle a une vision saccadée et sur le côté pour éviter son recul alors qu’elle est entravée. Quand c’est possible, privilégier le côté droit.
- ÉTAPE 2 : Évaluer le niveau d'agitation. Vous pouvez reculer de quelques mètres pour vous éloigner de l'espace personnel de la laitière, ce qui la remettra en confiance. Dans tous les cas, le faire quand elle s’agite. Revenir ensuite, toujours lentement, et rester sans bouger à ses côtés à un mètre. Ce test d'approche évalue son niveau d'agitation.
- ÉTAPES 3 ET 5 : Gratter la vache. Le grattage sollicite les points d’apaisement que sont la tête, l’encolure et l’attache de la queue. Muni d’une brosse à crin pour chevaux afin de passer la barrière pileuse, devant les cornadis, vous pouvez gratter l’encolure et la tête de bas en haut. Vous reproduirez le sens du léchage des bovins. Attention à ce que l'animal ne bloque pas votre bras. Gratter avant la piqûre (étape 3), puis juste après (étape 5) pour contrecarrer l’injection par une action perçue comme positive. Conclure par une poignée d'aliment. La libérer une fois calme.
- ÉTAPE 4 : piquer après les premiers grattages. Avant de piquer la vache à l’encolure, si vous la sentez agitée, ne pas hésiter à la gratter durant plusieurs minutes. On peut aussi lui donner de nouveau de l’aliment pour détourner son attention. Ici, la comportementaliste animale Pauline Garcia, la pique avec une pointe de stylo à bille. Cette simulation peut être un bon entraînement avec les laitières sensibles.
- DERRIÈRE LES CORNADIS : Lors d'une injection au niveau de l'attache de la queue ou d'une insémination, la vache bloquée aux cornadis ne peut pas tourner la tête. Elle ne voit pas l’intervenant placé dans son angle mort. Si ce dernier agit directement, il la surprendra et accroîtra son inconfort dû à la contention. L’idéal est de coordonner votre action à la sienne. Pour détourner l’attention de la femelle (ou des femelles s'il s'agit d'une action groupée), vous distribuerez un peu d’aliments. Lui, s’il a le temps, avant l’intervention, il grattera et massera son côté droit, en progressant de l’encolure vers l’attache de la queue. Après, il la récompensera (étape 5). Sinon, à vous de jouer ce rôle. Déroulez ce protocole sur les vaches les plus sensibles. Pour les moins émotives, la distribution alimentaire suffira.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :