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Faire pâturer les gestantes après les laitières présente-t-il un risque ?

« Je veux exploiter au maximum l’herbe par le pâturage. J’hésite à faire entrer les vaches taries et génisses pleines dans chaque paddock de pâturage derrière les laitières, une fois que celles-ci en auront changé. Y a-t-il un risque sanitaire ? »

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Réponse de l’Expertstrong

L a première crainte pourrait porter sur la transmission de la paratuberculose aux génisses amouillantes via les bouses des vaches laitières ayant pâturé au préalable. En fait, ce risque est très limité car la contamination d’un bovin se réalise essentiellement durant le premier mois de la vie de la génisse et jusqu’à 6 mois. Et s’il s’avère que la génisse pleine se trouve infectée, la latence de la maladie ne la rendra excrétrice à son tour dans ses bouses, et éventuellement malade, que plusieurs années plus tard. Elle aura plus de chance d’être réformée avant l’apparition de la maladie (âge moyen de réforme des vaches : 3 lactations). Cela minimise donc fortement le risque.

Gérer les zones ombragées

Autre risque identifié et maîtrisable :  les zones ombragées. Les femelles s’y regroupent mais avec le défaut de créer des périmètres relativement souillés par les bouses. Cela favorise la transmission de bactéries pathogènes (streptococcus uberis, par exemple), source de mammites ultérieures. Évidemment, ce phénomène n’est pas propre au pâturage après les laitières. Il sévit aussi dans les pâtures dédiées uniquement aux gestantes. Dans les deux cas, la solution la plus simple est l’utilisation d’un obturateur de trayon sur les seules multipares. Il n’est pas préconisé pour les génisses pleines. La fréquentation des zones ombragées, utiles à la maîtrise du stress thermique, peut être régulée par le déplacement d’un fil électrique si la longueur de haie est importante.

Empierrer le tour des abreuvoirs

La vigilance s’impose également autour des bacs d’abreuvement. Boue et humidité permettent la survie des bactéries de la dermatite digitée Mortellaro. Une vache précédemment pâturante peut « ensemencer » la zone boueuse qui contaminera les taries. Il faut donc empierrer le tour des abreuvoirs. Éviter aussi les pierres sur les chemins d’accès aux paddocks. Cela limitera les boiteries avant vêlage par blessure de la corne du pied.

Positif :  l’herbe offerte est maîtrisée

Côté alimentation, outre la valorisa- tion maximale de l’herbe sur pied, faire pâturer les taries et les génisses amouillantes derrière les laitières est positif. Cela écarte le danger d’offrir une trop grande quantité d’herbe, riche en calcium, phosphore et potassium, à l’origine de potentielles fièvres de lait, non-délivrances et œdèmes mammaires. En effet, schématiquement, un excès de calcium et potassium inhibe la synthèse d’une hormone (la parathormone) nécessaire au déstockage des calcium et phosphore osseux lors du vêlage. Pour rappel, lorsque les gestantes ont leurs propres pâtures, la règle est de les rationner à 15 ares par tête en pleine pousse d’herbe au printemps, puis à 20 ares.

Respecter les règles alimentaires des gestantes

Le pâturage du paddock déjà visité par les laitières doit être complété par de la fibre (paille ou foin) pour maintenir le maximum de capacité d’ingestion. Il faut donc s’organiser en conséquence. Quel que soit le mode de pâturage, le régime des gestantes ne change pas. En plus de la fibre, il faut assurer par un concentré les besoins en énergie et azote (9 UFL et 1000 PDI/jour trois semaines avant vêlage) et maîtriser la balance anions-cations alimentaires par un complément minéral et vitaminé spécial taries. Afin d’assurer un suivi correct et par simplification du travail, les trois semaines de préparation au vêlage peuvent être en bâtiment avec arrêt du pâturage.

Maintenir la prévention parasitaire

Bien sûr, il faut interdire aux gestantes l’abreuvement en bordure de rivière, dans les mares et autres eaux stagnantes, pour limiter les risques abortifs. De l’eau potable doit être mise à disposition au pâturage. Sans relâcher les efforts sur la prévention contre les strongles digestifs, les mouches (vectrices de mammites notamment) et les tiques (vectrices de maladies abortives).

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