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« Nous mettons tout le monde autour de la table »

Stratégie. Dans le but d’optimiser ses performances technico-économiques, le Gaec La Gendrotais réunit deux fois par an ses nutritionnistes, conseillers en robots et son vétérinaire, afin d’établir un plan d’action commun.

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Àl’initiative de Lely Center Armor, une offre d’accompagnement de projets a été mise en place avec les quatre partenaires majeurs de l’exploitation, qui permet ainsi de capitaliser les facteurs clés de la réussite, d’affiner les besoins et d’assurer la performance l’élevage sur le long terme.

Eilyps, entreprise de conseil en élevage d’Ille-et-Vilaine, et les partenaires continuent ces réunions straté­giques après la mise en route du robot. L’objectif est d’optimiser tous ensemble­ les performances technico-économiques en s’appuyant sur la complémentarité de chacun. Ainsi, nous nous sommes retrouvés au Gaec La Gendrotais avec les quatre associés, le consultant robots et nutrition d’Eilyps, le technicien du fournisseur d’aliment (Agrial) mais aussi le vétérinaire référent et le conseiller­ de la concession robot. C’était la quatrième réunion de ce type dans l’exploitation.

Tous impliqués au même niveau

La rencontre commence toujours par un tour de l’élevage, ateliers veaux, génisses, vaches laitières, etc., où chacun pose ses questions, fait partager ses remarques. La matinée se poursuit en salle, où commence la concertation. Quels leviers techniques faut-il actionner ou corriger pour atteindre les objectifs du Gaec ? Chaque participant autour de la table présente ses propositions, pour aboutir, à la fin de la réunion, à un plan d’action validé par les éleveurs. « Je ne voulais plus de ces rencontres successives en tête-à-tête où l’un dit ça, l’autre le contraire, explique Alex, le plus jeune des associés, qui s’est installé en 2018. Là, nous aboutissons tous à un consensus. S’il fonctionne, tout le monde est content ; dans le cas contraire, nous sommes tous impliqués au même niveau. » La « GTE » Eilyps permet de jauger l’évolution des performances économiques à la suite des différentes orientations retenues par les éleveurs. En 2019, le Gaec La Gendrotais a investi dans un bâtiment neuf, équipé de trois robots de traite en ligne. L’ancien bâtiment accueillait 195 vaches pour 135 places, et une salle de traite TPA en 2 x 10, ce qui demandait six heures de traite par jour. En un an et demi, la production du troupeau est passée de 1,6 à 1,9 Ml, tout en diminuant le nombre de vaches à 166 en 2021. « Le nouveau bâtiment a une capacité de 190 places mais notre but n’est pas de le saturer dans les prochains mois, explique Alex. Nous recherchons avant tout le confort des animaux et la qualité du lait, tout en réalisant la référence que la coopérative nous a attribuée – à 1,92 million de litres –, cela avec la meilleure marge sur coût alimentaire possible et en faisant vieillir les vaches. » Messieurs les conseillers, à vous de jouer.

Maintien du pâturage

Détail important : le Gaec a conçu son bâtiment en vue de maintenir le pâturage sur les 12 ha de prairies accessibles. Un pâturage dynamique a donc été organisé, avec 18 paddocks de 65 ares qui tournent quotidiennement. Les portes sont ouvertes de 7 h 30 à 20 h 30, jusqu’aux fortes chaleurs. Ensuite, on inverse, avec un pâturage nocturne. Une porte de tri fait revenir les animaux dans le bâtiment six heures après la dernière traite. « Les robots et le bâtiment confortable nous ont permis ce bond en avant, tout en limitant considérablement l’astreinte et la pénibilité du travail. Mais je pense que nous en avons encore sous le pied en matière de productivité », affirme Alex.

Il s’agit, dans cet élevage, d’augmenter les performances d’un troupeau qui a déjà atteint le haut niveau : des moyennes de 35 kg (à 42,2 de TB et 32,7 de TP) et 107 000 cellules, avec 38 % de primipares. Les premières rencontres stratégiques ont permis d’identifier quelques soucis d’acétonémie et d’acidose en début de lactation­. Cela a conduit à entamer un travail sur l’alimentation des vaches taries. Une préparation de quatre semaines avec une ration encombrante (ensilage de maïs, foin et paille), un minéral à Baca négative et un apport en acides aminés. Le résultat a été immédiat : une meilleure maîtrise des problèmes sanitaires, des multipares à 44,7 kg au pic, et une bonne persistance.

Un travail important reste à faire concernant les primipares : le logiciel du robot fait état d’une inversion des taux 15 jours après vêlage, signal d’une acidose qui pénalise le pic (33,8 kg) et nuit à la production (28,3 kg en moyenne). Cela s’accompagne d’une augmentation des leucocytes. Il est par exemple proposé de réaliser un lot de préparation au vêlage spécial pour ces futures vaches laitières, avec pour objectif de dépasser les 30 kg de lait de production en première lactation.

Après échange entre les intervenants, la première étape finalement retenue sera de s’assurer que ces génisses arrivent au vêlage à 24 mois avec un poids suffisant, soit 650 kg. Des pesées à 6 mois, à l’IA, puis au vêlage seront programmées pour contrôler la croissance des génisses. Un autre des leviers sera de rentrer les génisses du pâturage beaucoup plus tôt avant le vêlage : 1,5 à 2 mois, au lieu de trois semaines actuellement, de façon à mieux les préparer et ne plus pénaliser la croissance.

Des vaches plus efficaces

Depuis leur arrivée dans le bâtiment, les multipares ont trouvé leur équilibre. Le vétérinaire fait remarquer la très faible mortalité : une seule vache (cardiaque) en un an. Les infections mammaires sont maîtrisées, et les indicateurs de la reproduction s’améliorent : l’intervalle vêlage/IAF est passé de 110 à 105 jours. Le nombre de refus au robot montre aussi que les animaux sont dynamiques et circulent bien dans le bâtiment.

« Avec l’augmentation du coût des aliments, nous souhaitons améliorer encore l’efficacité de nos vaches », insiste Alex. Il a été décidé d’ajuster la couverture des besoins en acide aminé dans le prémix à l’auge. Une réflexion a débuté quant à l’ajout d’un troisième aliment au robot : l’idée serait alors d’ajouter une VL 4 litres plus minéralisée, qui serait réservée aux fortes productrices, en complément de la VL classique. Mais cette décision n’a pas encore été prise.

Toujours dans une logique d’efficacité, le plan de complémentation au robot sera déplafonné de façon à accompagner les plus fortes productrices en fonction de leur production réelle, dès 30 jours. Le niveau de renouvellement va être revu à la baisse : de 38 % en 2020, l’objectif est de descendre à 30 %, avec une réflexion à mener sur le génotypage afin de perfectionner la sélection. Enfin, les efforts de prévention qui ont fait leur preuve vont être maintenus : risques liés aux mycotoxines, au stress thermique des taries, ou encore aux transitions alimentaires.

Dominique Grémy

© D. Grémy - Dans la salle de réunion du Gaec, deux à trois heures de discussions, qui se concluront par un déjeuner en commun. Autour de la table (de g. à d.), Jean-Pierre Viel (consultant robots et nutrition Eilyps), Pascal Perrault (technicien aliment Agrial), Alex Barel (associé du Gaec), Manuel Robcis (vétérinaire de l’élevage), Marie Barel (associée du Gaec), Philippe Barel (associé), Philippe Huet (associé), Thierry Regeard (concession Lely). Sophie Géant, conseillère Eilyps de l’élevage, n’était pas présente ce jour-là.D. Grémy

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