Hipra Premier vaccin pour les mammites à « Streptococcus uberis »

Neuf ans après Startvac, vaccin indiqué dans la prévention des mammites à Escherichia coli et Staphylococcus aureus, le laboratoire Hipra lance Ubac, le premier vaccin assurant une protection contre les mammites à Streptococcus uberis.

Les germes visés par ces deux vaccins sont impliqués dans 80 % des mammites. On distingue souvent les mammites dites « d’environnement » (E. coli), et celles dites « de réservoir mammaire ou de contagion » (S. aureus) avec plutôt des mammites cliniques pour les premières et des vaches à cellules pour les secondes. La difficulté avec S. uberis est qu’il a tendance à jouer sur les deux tableaux, avec la possibilité de s’incruster dans les tissus de la mamelle. Ainsi, comme le staphylocoque, certaines souches de S. uberis ont la capacité de faire du slime (feutrage qui englue la surface de la bactérie), puis de s’organiser en biofilm qui protège la bactérie des défenses immunitaires et confère une plus grande résistance aux antibiotiques. Cela peut provoquer des mammites chroniques avec relargage régulier de bactéries dans le lait.

Davantage de guérisons spontanées

Près de dix ans de recherches ont été nécessaires à Hipra pour développer ce nouveau vaccin dédié à S. uberis et trouver les bons antigènes répondant aux différentes souches connues de la bactérie. Mais aussi des antigènes constitutifs des composants de la paroi de la bactérie qui jouent un rôle dans son adhérence au tissu mammaire et dans la structuration du biofilm. Ensuite, il a fallu formuler l’adjuvant nécessaire à ce vaccin inactivé. L’autre innovation d’Hipra est là : associer différents adjuvants à un immunostimulant, utilisé pour la première fois en santé animale, qui attire et active les cellules (dendritiques) du système immunitaire. La production d’anticorps est ainsi stimulée. L’étude préclinique a consisté à reproduire des mammites cliniques sur deux lots de vaches après le vêlage. Le lot d’essais recevait deux doses de vaccin : deux mois et trois semaines avant vêlage. Sur ce lot vacciné, il a été observé moins de signes cliniques, un doublement des guérisons spontanées et un retour rapide à une production laitière normale après l’inoculation.

Une meilleure défense face à l’infection

L’étude clinique s’est déroulée dans six élevages espagnols, soit un total de 580 vaches saines au moment du vaccin. Les vaches ont reçu le protocole recommandé : deux injections avant vêlage (J - 60 et J - 21) et une après vêlage (J + 14). Le suivi a duré sur les cinq premiers mois de la lactation. Résultats sur les vaches vaccinées : les mammites cliniques à Streptococcus uberis ont diminué de 52,5 %, induisant autant de traitements antibiotiques en moins.

Il est noté aussi un niveau de cellules divisé par trois dans les quartiers infectés par S. uberis (mammites subcliniques). La perte de lait sur les vaches ayant présenté au moins un épisode de mammite subclinique est nettement plus faible (+ 456 litres sur 147 jours par rapport au témoin). Il apparaît bien que les vaccinées se défendent mieux par rapport à l’infection.

Hipra propose un protocole de vaccination sur le troupeau de façon à acquérir une immunité de groupe, importante pour les germes de contagion. Selon les germes présents dans l’élevage, le vétérinaire pourra conseiller l’usage de l’un ou l’autre vaccin, ou les deux : Startvac et Ubac.

Le laboratoire rappelle que le vaccin reste un outil de prévention. Son rôle n’est pas de guérir, et encore moins d’empêcher les germes d’entrer dans la mamelle. Une lutte efficace contre les mammites nécessite la combinaison d’actions de prévention : une litière propre, la réforme des vaches chroniquement atteintes et la stimulation des défenses de la mamelle par l’équilibre alimentaire. La vaccination est un levier supplémentaire.