PARATUBERCULOSE : ANALYSER LE LAIT POUR LA DÉTECTER PLUS TÔT
Une fois par an, le Groupement de défense sanitaire de l'Orne analyse le lait de tank de tous ses adhérents. Les plans d'assainissement sont ainsi lancés beaucoup plus en amont de l'expression des premiers symptômes.
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VOICI QUATRE ANS QUE LE GROUPEMENT DE DÉFENSE SANITAIRE DE L'ORNE organise le dépistage de la paratuberculoseà partir de l'analyse du lait de tank. Rappelons que cette maladie, due au bacille de Johne, est très contagieuse. L'analyse des anticorps sécrétés par les vaches contaminées est pratiquée par les laboratoires interprofessionnels opérant dans le département sur les échantillons prélevés en janvier pour le paiement du lait. Tous les élevages laitiers adhérents du GDS (quasiment tous ceux de l'Orne) passent ainsi à la moulinette, sans que cela nécessite une quelconque démarche de leur part. De plus, c'est gratuit. Les laboratoires utilisent le kit de la société américaine Idexx qui dose les anticorps. « Sa détection n'était pas assez fine. Le GDS de l'Orne, en partenariat avec les GDS de l'Ouest et de Nord-Picardie, l'a retravaillée pour définir un seuil plus pertinent. Ces quatre années d'analyses nous indiquent qu'il est fiable », indique Arnaud Delafosse, le directeur.
Quel est l'intérêt de cette analyse ? « Il est majeur, répond-il. Les analyses permettent de repérer beaucoup plus précocement les élevages touchés par la paratuberculose. »
Auparavant, les interventions débutaient a posteriori, c'est-à-dire à l'apparition des symptômes : baisse de production, problème de fertilité et diarrhée persistante sans fièvre, ni perte d'appétit. « Quand un animal exprime la maladie, 20 à 25 % des animaux sont déjà infectés. Tandis qu'au lancement du plan d'assainissement après des résultats d'analyse positifs, ce sont en moyenne 5 à 6 % des animaux qui le sont. »
En complément de l'analyse du tank, le GDS recommande une détection de la bactérie par PCR (polymerase chain reaction). Si la bactérie est présente, ce test identifie la séquence d'ADN qui la caractérise. « L'analyse du lait n'est pas un outil suffisant pour être sûr à 100 % que l'élevage est indemne. Par exemple, si une vache ou deux sont contaminées dans un troupeau de 80 à 100 animaux, les anticorps peuvent se retrouver dilués dans le lait analysé. » Le test PCR s'effectue sur des prélèvements de déjections sur l'aire d'attente, zones de raclage, fumière et box de vêlage, réalisés par le vétérinaire, qui sont ensuite mélangés (coût pour l'adhérent GDS : 10 €).
Arnaud Delafosse regrette que les tests PCR soient peu pratiqués : 20 en 2015 pour 1 250 analyses de lait dans les élevages sans plan d'assainissement(1). Pour les encourager et faciliter la vente d'animaux, le Groupement de défense sanitaire délivre une attestation « élevage à très faible risque de paratuberculose » après l'analyse de janvier, à condition qu'une PCR négative s'intercale entre deux « laits de tank » négatifs (voir ci-dessus).
L'ATTESTATION « À TRÈS FAIBLE RISQUE » RECONNUE DANS L'OUEST
L'attestation est valable jusqu'en janvier de l'année suivante. Elle est renouvelée après le nouveau résultat « lait de tank » si, bien sûr, il est négatif. Son impact est encore modeste car seules dix attestations ont été fournies en 2015. L'Orne est le seul département du Grand Ouest à offrir cette garantie mais les GDS des treize autres départements la reconnaissent. Ils souhaitent la développer.
Quand l'analyse « lait de tank » ou la détection par PCR est positive, l'élevage rentre dans le plan classique d'assainissement (veau séparé rapidement de sa mère, sérologie sur les animaux de plus de 24 mois, réforme des positifs). Si la première est positive, il est inutile de contrôler par la seconde. Le résultat est fiable.
La détection plus précoce permet-elle un assainissement plus rapide ? « C'est le but, souligne Arnaud Delafosse, mais ces quatre années ne sont pas suffisantes pour l'affirmer. »
Les quatre années de dépistage donnent aujourd'hui une bonne photographie du niveau d'infection des élevages laitiers ornais. La moitié est totalement ou quasiment indemne « avec quatre analyses de lait de tank négatives consécutives mais sans PCR systématiques complémentaires », précise-t-il. 40 à 45 % sont faiblement infectés, c'est-à-dire avec quelques animaux atteints, et 5 à 10 % le sont assez fortement. « Nous ne sommes plus dans le flou. »
L'objectif est d'assainir le cheptel et d'éviter les recontaminations par les achats.« La paratuberculose est un sujet sensible.
Il faut s'en préoccuper. Même si ce n'est pas prouvé, des chercheurs évoquent un lien chez l'homme avec la maladie de Crohn (douleurs abdominales, diarrhées fréquentes). »
ASSAINISSEMENT : ÊTRE PLUS EFFICACE
Avec les quatre autres GDS normands, le GDS de l'Orne travaille donc parallèlement à améliorer l'efficacité de l'assainissement. Ils ont fait évoluer l'interprétation de la sérologie Elisa qui repère les animaux contagieux. « Depuis trois ans, nous sommes capables d'identifier ceux fortement et faiblement contaminés, ce qui permet une politique d'assainissement plus adaptée. » Dans le premier cas, ils excrètent des milliards de bactéries par les bouses. Il faut les réformer dans les deux mois maximum. Dans le second, on peut attendre trois à quatre mois de plus.
L'autre évolution porte sur la gestion de la fin du plan d'assainissement. Pour éviter une sérologie par animal, ce qui représente un coût, les GDS normands pratiquent le mélange de dix sérums. S'il s'avère positif, le laboratoire reprend chacun d'entre eux et les analyse.
CLAIRE HUE
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