SCHMALLENBERG : UN NOUVEAU VIRUS ATTAQUE LES RUMINANTS
Le symptôme principal de la présence du virus est la naissance de nouveau-nés mal formés. La surveillance impose d'alerter le vétérinaire dès le premier cas. Il n'y a pour l'heure aucune mesure de restriction des échanges.
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DES TROUBLES DE SANTÉ D'ORIGINE INEXPLIQUÉE ont affecté des vaches laitières d'août à octobre 2011 dans le nord de l'Allemagne. Les symptômes pouvaient ressembler à la FCO : perte d'appétit, hyperthermie, baisse de la production laitière et diarrhées. Dans un premier temps, les analyses de laboratoire ont écarté un certain nombre d'agents suspectés dont la FCO. Mais en novembre dernier un virus, jusqu'alors inconnu, était mis en évidence chez ces animaux. Il a été dénommé virus de Schmallenberg, ville où se situe l'exploitation laitière à l'origine des premiers prélèvements. Il s'apparente au virus Akabane qui sévit au Japon et en Australie et qui est responsable de naissances de veaux anormaux. Mais ce n'est pas exactement le même. Rapidement, aux mois de décembre et janvier, des malformations liées à ce virus sont repérées dans des troupeaux ovins et caprins en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, au Royaume-Uni et, actuellement, en France.
Sans avoir pu le démontrer scientifiquement, les chercheurs supposent que ce virus se transmet exclusivement par un vecteur qui pourrait être un culicoïde (comme la FCO) ou un moustique, comme les autres virus de cette famille. Rien ne permet de craindre que la maladie puisse se transmettre à l'homme. Ce virus de Schmallenberg entraîne chez les ruminants adultes des symptômes bénins, voire inapparents : fièvre, diarrhées, baisse de production. Mais les seuls symptômes évocateurs sont la naissance de nouveau-nés mal formés, des cas de mortinatalité (veaux mort-nés) et, plus rarement, des avortements. Les malformations foetales doivent donc alerter les éleveurs. Les plus caractéristiques sont le blocage des articulations, le torticolis (tête retournée), une déformation de la mâchoire et un raccourcissement des tendons du jarret. En France, le 10 février dernier, 94 cas avaient été confirmés dans dix-huit départements allant de la Lorraine à la Haute- Vienne. On comptait aussi plus de 230 suspicions. Les cas français sont aujourd'hui, en majorité, observés sur des ovins. L'espèce est peut-être plus sensible mais surtout sa durée de gestation (cinq mois) a fait surgir les cas de malformation à la naissance en cette fin d'hiver sur des femelles contaminées à l'automne en début de gestation.
LES BOVINS POURRAIENT ÊTRE TRÈS TOUCHÉS DÈS CE PRINTEMPS
Il n'est pas impossible que des cas sur bovins apparaissent de plus en plus nombreux dès ce printemps. Il est donc demandé aux éleveurs d'être très attentifs et d'alerter leur vétérinaire sanitaire dès le premier cas de malformation au vêlage. Celui-ci posera un diagnostic selon le protocole de surveillance mis en place. Des prélèvements seront envoyés au laboratoire de Maisons- Alfort, le seul à disposer d'un test d'identification en PCR (repérage de l'ADN du virus) capable de confirmer ou pas la maladie. Ce plan de surveillance des malformations chez les ruminants nouveau-nés a été mis en place sur tout le territoire par la DGAL. Il n'impose aucune restriction aux échanges d'animaux ni aucune mesure de prévention et de contrôle dans les élevages.
Faut-il s'inquiéter de cette nouvelle maladie émergente ? « Nous savons encore peu de choses sur ce virus. En particulier quel impact il aura dans les foyers identifiés ni quelles formes de maladies se développeront. Quelles conséquences économiques ? Les GDS sont mobilisés pour répondre à ces questions. Ce virus, aussi nouveau soit-il, appartient à une famille connue (Orthobunyavirus), son apparition en Allemagne, certes inexpliquée, n'a rien d'irrationnel en virologie », explique Maryne Jaÿ, vétérinaire à la FNGDS. Faudra-t-il envisager un vaccin pour se protéger du virus de Schmallenberg ? Il est trop tôt pour le dire. Tous les pays d'Europe du Nord concernés par cette émergence travaillent à la mise en place d'un test sérologique qui permettrait d'affiner le dépistage et préciser l'importance de l'impact du virus. Ensuite, les équipes concernées sont prêtes à se mobiliser pour produire un vaccin. « Contrairement à ce qui s'était passé avec la FCO, nous pouvons noter l'excellente collaboration entre les pays depuis la fin 2011 », note Maryne Jaÿ.
DOMINIQUE GRÉMY
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