LA FOURBURE, CAUSE DE BOITERIE MAJEURE CHEZ LA PRIMIPARE
La maîtrise des facteurs de risque et la prévention de la fourbure augmentent de façon significative la longévité du troupeau. Trois axes sont à suivre de front : l'alimentation des vaches en lactation, l'élevage des génisses et le confort du bâtiment.
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L'APPARITION D'UNE BOITERIE CHEZ UNE PRIMIPARE augmente le risque (de 1 à 3) de voir cet animal boiter à nouveau au cours des lactations suivantes. Les phénomènes infectieux à l'origine des boiteries n'affectent pas significativement plus les primipares que les vaches adultes. Ce n'est pas le cas de la fourbure, génératrice de boiteries sévères pouvant mettre en péril l'avenir de l'animal. D'où l'intérêt de la prévenir.
Aiguë ou subclinique La seconde est à l'origine de lésions et de complications
La fourbure (ou pododermatite aseptique) peut se définir comme étant l'ensemble des phénomènes qui contribuent à provoquer une compression du pododerme à l'intérieur de la boîte cornée. Cette compression peut être localisée ou généralisée dans le cas d'une fourbure aiguë. Celle-ci affecte en priorité les primipares. Dans ce cas, l'animal exprime une douleur intense, avec l'encolure tendue de manière à soulager le train postérieur. Elle refuse les déplacements et reste la plupart du temps couchée, souvent en dehors des logettes. On peut mettre en évidence un gonflement du bourrelet périoplique et repérer des zones de chaleur au niveau de la couronne.
Ces fourbures aiguës sont une alerte pour l'éleveur mais ne génèrent que peu de lésions podales. L'usage d'anti-inflammatoires non stéroïdiens à haute dose permet de soulager les animaux atteints.
C'est la fourbure subclinique qui est à l'origine de lésions du pied. Dans les élevages concernés, elle est toujours plus sévère sur les génisses avec un taux de morbidité pouvant atteindre 50 % et des cas de mortalité. Les complications (arthrite des articulations, rupture du tendon fléchisseur du pied…) sont fréquentes et souvent sévères. Les contusions du jarret, avec complication en arthrite, sont parfois à rattacher à ce symptôme. En effet, au moment du coucher, la génisse se laisse brutalement tomber, occasionnant contusion, puis hématome, et arthrite du jarret.
Des origines multiples Acidose, peripartum et sols durs pour sabots tendres
L'organisation du réseau vasculaire à l'intérieur du sabot est complexe avec des shunts artério-veineux dont le rôle est de court-circuiter le flux sanguin lorsque le pied vient à l'appui, minimisant ainsi la compression du derme. En cas d'acidose ruminale, de mammite ou de métrite, la production de toxines vasoactives provoque l'ouverture de ces shunts. On peut observer alors des oedèmes importants et des colorations en rouge ou jaune de la corne de la sole. Plus généralement, les stress métaboliques survenant dans la période du peripartum entraînent une dégradation de la qualité et de la pousse de la corne avec altération des aplombs et apparition de lésions aux points de compression. Ces phénomènes vasculaires, liés le plus souvent à une mauvaise conduite des transitions alimentaires, se cumulent avec d'autres facteurs de risque pour la fourbure.
L'approche de la mise bas est concomitante du relâchement des ligaments du bassin du fait de l'augmentation du taux d'oestrogène. Mais ce phénomène affecte tous les autres ligaments de l'organisme et notamment ceux qui participent à la suspension de l'os du pied dans la boîte cornée. Si on ajoute à cela l'augmentation importante de la masse corporelle de la génisse consécutive à la croissance du foetus et au développement mammaire, le relâchement de l'appareil suspenseur expose fortement la génisse parturiente à la fourbure. Le phénomène est amplifié par le fait que les coussinets digitaux de la génisse sont constitués de tissus beaucoup moins élastiques et déformables donc qui amortissent moins que ceux d'une vache adulte.
Par ailleurs, l'élevage des génisses est fréquemment réalisé dans un bâtiment avec aire paillée. Les déplacements des animaux dans ces stabulations sont réduits au minimum. Au contraire, la vache en production fréquente souvent des stabulations à logettes, parfois sur caillebotis. Les contraintes mécaniques subies par le pied dans ces bâtiments aux sols durs constituent des facteurs aggravants de la fourbure. Par ailleurs, les déplacements des animaux dans de tels bâtiments sont souvent plus importants que dans les systèmes à aire paillée. Cela génère un martèlement incessant du derme de la sole, amplifiant le phénomène. Chez la génisse, l'augmentation des déplacements dus à la configuration de la stabulation est significativement augmentée par la socialisation, d'où l'intérêt d'intégrer les génisses par lots et non pas individuellement. Les génisses, outre le fait qu'elles ont un appareil suspenseur déficient, subissent les conséquences de ces transitions entre sols mous et sols durs avec une augmentation forte des déplacements. Elles sont donc plus exposées que les adultes au risque de fourbure.
La prévention De l'élevage des génisses au bâtiment des laitières
Rappelons que l'alimentation du troupeau de renouvellement doit être orientée vers une rumination la plus efficace possible : limitation de l'alimentation lactée, utilisation de rations fibreuses, développement maximal de la panse.
• L'élevage de la génisse. L'appareil suspenseur du pied des génisses doit être soumis en permanence à des stimulations qui renforcent sa solidité anatomique. Il semblerait que l'élevage des génisses sur des aires d'exercice en pente ou leur passage sur des prés escarpés les endurcissent vis-à-vis de la fourbure. Il faut donc stimuler des déplacements sur des sols durs et éviter tout phénomène d'acidose ruminale, cause de fourbure, dans les périodes de croissance.
• L'équilibre de la ration L'équilibre de la ration doit prévenir toute acidose ruminale. C'est vrai pour toutes les vaches mais c'est capital pour les primipares en début de lactation. Dans les grands troupeaux aux vêlages groupés, il peut être nécessaire d'élaborer une ration propre aux primipares qui ne négligera pas l'apport de brins longs et de tampons (bicarbonate). Par ailleurs, les transitions alimentaires devront être menées en prévision de la baisse de pH ruminal. Ainsi, l'apport en fin de gestation de céréales à paille, visant à préparer la paroi et le microbisme ruminal à ces variations de pH, peut être envisagé, sans pour autant amener une prise de poids trop importante.
• Le confort du bâtiment Une vache doit passer au minimum 10 à 12 heures par jour couchée pour dormir et très souvent pour ruminer. Or, les bâtiments à logettes, plus que ceux à aire paillée, génèrent des phénomènes de compétition et de dominance avec augmentation des déplacements pour l'accès au couchage et à l'auge. La solution est d'avoir des logettes confortables pour y attirer toutes les vaches. Certains éleveurs aménagent une aire paillée proche des logettes. Elle est destinée à la convalescence des malades et à l'adaptation des génisses. De plus, dans les grandes structures, les stations debout prolongées sont un facteur aggravant de la fourbure. Les animaux doivent attendre parfois deux heures matin et soir dans l'aire d'attente de la salle de traite. La mise en place de tapis en caoutchouc dans les aires d'exercice et les aires d'attente réduira le martèlement du derme de la sole, tout en réduisant le risque de glissade et de chute. Quand cela est possible, le fait de séparer les primipares des vaches adultes améliore significativement le score de la locomotion à l'échelle du troupeau tout entier.
D'APRÈS JEAN-MICHEL BONNEFOY, VÉTÉRINAIRE DANS L'AIN
La mise en place de tapis de caoutchouc dans les aires d'exercice et d'attente réduira le martèlement du derme de la sole, tout en réduisant le risque de glissade et de chute.
Sur cet onglon de génisse, on a dépassé le stade hématome pour des signes de fourbure plus aiguë avec, au centre du talon de l'onglon externe, le vif quasiment à nu. C'est le signe de problèmes mécaniques car seul l'onglon externe est atteint. Parmi les causes possibles : un défaut de transition du sol ou un problème de station debout trop prolongée (logettes inconfortables).
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