MÉDECINES ALTERNATIVES : DES PRATIQUES PROMETTEUSES
Une enquête réalisée en Bretagne montre que 21 % des éleveurs, surtout en bio, utilisent des médecines alternatives pour soigner leur troupeau. Une majorité s'en dit satisfaite.
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EN BRETAGNE, UN ÉLEVEUR CONVENTIONNEL ET PLUS DE TROIS BIO SUR CINQ font appel aux médecines alternatives. Il s'agit de l'homéopathie, de l'aromathérapie et de la phytothérapie. Si les formations et l'accompagnement vétérinaire doivent progresser, les résultats semblent satisfaisants sur le terrain. Cette approche pourrait contribuer à la réduction de la consommation d'antibiotiques.
Les risques de résistances bactériennes conduisent à une réflexion globale sur les moyens de réduire la consommation d'antibiotiques. Le plan Ecoantibio 2017 fixe l'objectif d'une baisse de 25 %.
Prévenir les risques d'infections est le premier levier pour y parvenir. Aussi, la biosécurité doit être développée dans les élevages bovins ouverts et soumis à une importante circulation (voir L'Éleveur laitier n° 227, page 98). Certaines médecines alternatives sont utilisées à titre préventif.
Si une maladie se déclare malgré tout, l'objectif est la guérison. Soigner ses animaux par les médecines alternatives est une approche séduisante pour un éleveur. Elles impliquent l'observation attentive des animaux, la compréhension des méthodes et le suivi précis des résultats. Certains passionnés semblent obtenir de très bons résultats. Dans le contexte de la réduction de l'utilisation des antibiotiques, les médecines alternatives représentent une piste qui mérite d'être explorée.
LA MOYENNE D'UTILISATION EST DE CINQ ANS
La première étape a consisté à réaliser un état des lieux en Bretagne. Fin 2013, 379 éleveurs ont été enquêtés au cours de visites de routine. Une majorité d'entre eux sont des producteurs de lait (92,5 %), en conventionnel (92,6 %).
La proportion d'éleveurs utilisateurs des médecines alternatives est relativement élevée (21 %) avec une nette différence entre les éleveurs conventionnels (18,5 %) et les biologiques (72 %). La moyenne d'utilisation est de cinq ans, mais il existe une forte variabilité. Certains en sont à leurs débuts et d'autres ont quinze ans d'expérience.
UNE EFFICACITÉ QUI DOIT ÊTRE ÉVALUÉE PAR DES RÉSULTATS MESURABLES
Réduire les coûts n'est pas la principale motivation des utilisateurs (69 %), même s'ils observent une diminution des frais de traitement. Les éleveurs biologiques enquêtés voient tous dans les médecines alternatives une solution pour respecter le cahier des charges agrobiologique qui limite le nombre de traitements. Parmi eux, 85 % distinguent cette contrainte technique de la nécessité de réduire les antibiotiques. Cette prise de conscience se retrouve chez 52 % d'éleveurs conventionnels. Les convictions personnelles pèsent beaucoup dans les motivations (81 %).
L'enquête confirme que les affections le plus souvent traitées par ces médecines sont les diarrhées des veaux, les métrites, et les mammites cliniques et subcliniques. D'autres affections sont souvent citées : boiteries, traumatismes, parasitisme et affections autour du vêlage. Les éleveurs sont globalement satisfaits. On peut imaginer qu'expérience et satisfaction sont liées.
La formation initiale des éleveurs utilisateurs reste limitée et variable selon les domaines : homéopathie 36 %, aromathérapie 26 % et phytothérapie 12,8 %. Ces formations dispensées par différents organismes sont généralement courtes : une demi-journée à trois jours complets au maximum. Seuls 12,9 % des utilisateurs ont un vétérinaire référent. Aussi, 36 % rencontrent des difficultés dans la détection et l'interprétation des symptômes et dans le choix des produits.
Certaines formations font l'objet d'un suivi de perfectionnement et de groupes de travail. Il existe également d'autres sources d'information : échanges (80,5 %), lectures (54,6 %) ou internet (12,9 %).
Pour conseiller l'utilisation des médecines alternatives à grande échelle, leur efficacité doit être évaluée de manière objective via des résultats mesurables, comme les comptages leucocytaires. De même, le cadre réglementaire doit être connu. En respectant ces conditions, les médecines alternatives ouvrent des perspectives prometteuses.
L'aromathérapie permet de prévenir les mammites grâce à des massages aux huiles essentielles. © CLAUDIUS THIRIET
L'homéopathie peut s'appliquer par pulvérisation locale. © CLAUDIUS THIRIET
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