MAMMITES CLINIQUES : LES ÉLEVAGES BIO SONT MOINS TOUCHÉS
Une étude montre que si les élevages bio ont plus de vaches à comptages cellulaires élevés, ils subissent néanmoins une moindre incidence des mammites cliniques.
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LE GDS BRETAGNE A RÉALISÉ UNE ÉTUDE auprès d'éleveurs laitiers conventionnels et bio chez lesquels des techniciens sont intervenus. Cet organisme propose à ses adhérents un audit avec assistance à la traite, en cas de dégradation de la qualité du lait. Au préalable, une étude épidémiologique est réalisée à partir des documents d'élevage disponibles : comptages cellulaires individuels et carnet sanitaire. Le type de réservoir, le mode de transmission et les principales bactéries potentiellement impliquées sont identifiés. Il s'ensuit une assistance à la traite, dont l'objectif est d'observer l'ensemble des facteurs de risques.
La majorité des élevages suivis ont été recrutés par les techniciens GDS. Certains avaient sollicité spontanément un suivi. Les vingt-cinq élevages conventionnels (41, +/10 vaches traites) et quarante-quatre élevages biologiques (38, +/- 7 vaches traites) étaient répartis sur toute la Bretagne.
PAS DE DIFFÉRENCE SUR LA TECHNIQUE DE TRAITE
Cette étude n'a pas montré de gros écarts en termes de conduite d'élevage ni de résultats techniques entre éleveurs biologiques et conventionnels. Il est à noter que le recrutement des élevages reposait sur le volontariat et les éleveurs inclus ne sont pas strictement représentatifs de la population. Ils souhaitaient solutionner leurs problèmes de qualité du lait via le GDS et sont probablement plus sensibles que d'autres à ce problème. La perception de la problématique mammite, ainsi que la capacité à la comprendre et à la détecter influencent les résultats.
Toutes les données n'étaient pas disponibles pour l'ensemble des exploitations.
Par exemple : 72 % des élevages conventionnels et 63 % des biologiques ont présenté le registre de traitements ; 84 % des conventionnels et 54 % des bio ont présenté des comptages cellulaires individuels.
Le nombre de vaches leucocytaires est plus élevé en élevage biologique. Ce constat est fait dans différentes études sans pour autant que l'écart soit important. La maîtrise des leucocytes en élevage bio est décrite par ailleurs comme étant aussi efficace qu'en élevage conventionnel. Les résultats orienteraient vers un modèle contagieux, et donc une contamination à la traite. Cependant, aucune différence notable n'apparaît dans l'installation ou la technique de traite. Mais les vaches leucocytaires sont conservées pour réaliser le quota. La fréquence de mammites subcliniques s'accroît avec l'âge en élevage biologique. Aussi, ne pas réformer les animaux infectés et traiter les incurables augmentent la pression infectieuse.
PREMIERS JETS : RIGUEUR ÉQUIVALENTE EN BIO ET EN CONVENTIONNELS
La rigueur dans l'examen des premiers jets est équivalente et le nombre de mammites cliniques rapportées est plus faible chez les bio. À moins que l'enregistrement des traitements soit moins systématique, les élevages biologiques sont moins touchés par les mammites cliniques.
Malgré la prévention des mammites d'origine environnementale chez les conventionnels, l'impact des mammites cliniques est plus élevé. Dans les élevages biologiques, différents facteurs peuvent expliquer la plus faible incidence des mammites : le niveau de production, la génétique, le recours à des pratiques alternatives non enregistrées sur le carnet sanitaire et donc non comptabilisées dans cette étude. La proportion de nouvelles infections après la période sèche a tendance à être plus élevée en bio. La qualité du logement des vaches taries est comparable dans les deux types d'élevages, mais le traitement antibiotique intramammaire préventif systématique est interdit en bio. Les alternatives trouvent ici toute leur importance.
La conduite des traitements est nettement moins bonne en élevage biologique. Pourquoi ce point est-il moins bien maîtrisé que les autres ? Les éleveurs limitent-ils volontairement les traitements ? Les bio bénéficient-ils de protocoles de soins adaptés et directifs ? Malgré tout, les taux de guérison, tant en lactation qu'au tarissement, ont tendance à être meilleurs en élevage biologique.
Encore une fois, ceci est probablement lié au niveau de production, à la génétique...
Chez les éleveurs biologiques suivis ici, la prévention est bonne. Cependant, la réforme doit être raisonnée et les traitements doivent bénéficier d'une amélioration notable encadrée par le vétérinaire. Hormis le cas des vaches présentant des récidives et qui devraient être réformées, le cahier des charges agrobiologique n'interdit pas le traitement adapté des mammites. Le tarissement, lui, peut être problématique.
Plusieurs axes de recherche se profilent donc : les freins psychologiques à la conduite des traitements, le traitement sélectif au tarissement et les pratiques alternatives.
GRÉGOIRE KUNTZ, IVANNE LEPERLIER ET DANIEL LE CLAINCHE, GROUPE QUALITÉ DU LAIT, GDS BRETAGNE
Grégoire Kuntz : « La productivité laitière plus faible peut expliquer la moindre incidence des mammites dans les élevages biologiques. »
Les éleveurs bio ont plus tendance à conserver les vaches récidivistes pour produire leur référence.
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