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ÉVALUER L'EFFICACITÉ DES PRODUITS D'HYGIÈNE DE LA MAMELLE

© CHRISTIAN WATIER

L'entrée en vigueur de la directive biocide va permettre d'écarter de la commercialisation des produits jugés non efficaces. Cette nouvelle réglementation évalue leur pouvoir désinfectant mais pas leurs propriétés cosmétiques.

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GRÂCE À L'ARRIVÉE DE LA DIRECTIVE BIOCIDE, la commercialisation des produits d'hygiène de la mamelle sera mieux encadrée. Cette nouvelle réglementation entre en application progressivement dans les mois à venir. Elle va permettre d'écarter de la vente un certain nombre de produits jugés non efficaces ou dangereux. Malgré tout, ceux qui seront homologués n'auront pas tous les mêmes qualités.

L'évaluation se déroule en deux phases. Une commission autorise les substances actives sur la base d'un dossier prenant en compte l'efficacité et l'absence de toxicité pour l'animal, l'utilisateur et l'environnement. Ensuite, c'est le produit lui-même, associant une ou plusieurs matières actives, qui doit prouver son efficacité et son absence de toxicité pour obtenir une AMM (autorisation de mise sur le marché). En matière d'activité désinfectante, les produits doivent satisfaire à un test. Au minimum, ils devront respecter la norme EN 1656.

LE TAUX D'IODE LIBRE N'EST PAS UN CRITÈRE SUFFISANT

Il s'agit d'un test réalisé in vitro sur trois types de bactéries en cause dans les mammites : Escherichia coli, Staphylococcus aureus et Streptococcus uberis.

Elles sont placées à l'intérieur d'un tube à essai et mélangées à une substance interférente à base de lait écrémé à 1 %. Le test est réussi lorsque le produit de post-trempage détruit 100 000 germes (soit 5 logs) en cinq minutes à une température de 30°C. « Cette norme n'est pas très exigeante, analyse Francis Sérieys, consultant en santé et qualité en production laitière à Filière blanche. Par exemple, pour le prétrempage, les produits doivent agir en trente secondes. Surtout, ce test ne mesure que leur aspect antiseptique. Mais ces produits doivent aussi avoir une action cosmétique pour améliorer l'état et la résistance de la peau du trayon », souligne-t-il. Les fabricants utilisent différentes molécules pour assurer l'action désinfectante. L'iode est la plus utilisée et représente environ 70 % du marché.

Le taux d'iode total est indiqué sur l'emballage du produit et varie entre 1 500 et 10 000 ppm. Ce dernier chiffre signifie que le poids d'iode total représente 1 % du poids total du produit. Attention : cette concentration élevée n'est pas synonyme d'un meilleur pouvoir désinfectant. Car seule la partie libre de cet iode, de l'ordre de 10 ppm, est active et exerce un pouvoir bactéricide. « La teneur en iode totale n'est pas un critère d'efficacité », déclare Francis Sérieys. D'autres molécules sont utilisées, comme le dioxyde de chlore. Comme l'iode, il a la particularité d'avoir une action oxydante non spécifique, ce qui évite les phénomènes de résistance. Il tue sans discrimination toutes les bactéries. « Y compris celles de la flore naturelle qui a un rôle physiologique pour la préservation de la peau. » La chlorexidine et l'acide lactique sont deux autres substances actives parmi les plus répandues.

« Elles sont moins agressives mais agissent plus lentement. Elles sont moins indiquées pour le prétrempage. »

CORPS SURGRAISSANTS INDISPENSABLES

Pour le trempage après la traite, il est important que les produits utilisés améliorent l'état et la résistance de la peau des trayons. Ils sont exposés à des contraintes physiques durant la traite. Leur longueur augmente de plus de 50 %.

Afin de conserver leurs qualités d'élasticité et de souplesse, les produits doivent contenir des substances surgraissantes. Elles vont renforcer la couche lipidique à la surface et ainsi limiter les pertes d'eau. Des substances humectantes doivent aussi être incorporées. Leur pouvoir hygroscopique va faciliter la capture de l'humidité ambiante. « Les firmes utilisent des substances telles que la glycérine, la lanoline, le sorbitol ou le monopropylène glycol… »

ESTIMER LA VISCOSITÉ

Cet aspect cosmétique est très important mais n'est pas du tout testé dans la directive biocide. L'éleveur peut observer lui-même l'effet du produit sur l'état des trayons. Concernant l'action antiseptique, il peut demander si le fabricant a réalisé des tests qui vont au-delà des normes exigées par la directive biocide. « Par exemple, en augmentant la concentration de substances interférentes de 1 % de lait écrémé à 10 % de lait non écrémé. Ou en réduisant le temps de contact de cinq minutes à trente secondes pour une utilisation en prétrempage. Il peut également demander quelle est la persistance de l'action désinfectante d'un produit de post-trempage. »

Le prix va influencer son choix. Mais l'agriculteur doit aussi tenir compte des quantités consommées. Des différences très importantes existent entre les produits. Lorsqu'ils sont peu visqueux, la consommation se limite à 1,5 à 2 l par vache et par an. Elle monte à 4 l ou plus avec des produits très visqueux. Les substances cosmétiques augmentent plus ou moins la viscosité. Les fabricants ajoutent parfois des produits épaississants censés améliorer la persistance du produit mais qui les rendent aussi plus visqueux. « Mais on tombe quelquefois dans le commercial, le principal effet étant alors d'augmenter les quantités consommées. »

NICOLAS LOUIS

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