« Grâce à l’IA profonde, nous avons gagné en fertilité »
Doses sexées. Dans cet élevage de montbéliardes, les doses sexées sont déposées en insémination profonde pour améliorer le taux de fertilité. Seules les vaches dont la génétique intéresse les éleveurs produisent des génisses de renouvellement.
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Quand l’inséminateur vient sur l’exploitation d’Olivier et David, il a une chance sur trois de pratiquer une insémination profonde. Cette technique consiste à déposer les spermatozoïdes dans la corne utérine, et non à la sortie du col de l’utérus, comme c’est le cas avec l’insémination classique (voir L’Éleveur laitier n° 244, mars 2016). Le principal intérêt est d’améliorer la fertilité en évitant le parcours du combattant que constitue la traversée de l’utérus pour les spermatozoïdes.
Autant le gain technique est limité sur des doses « classiques » (voir encadré), autant avec des doses sexées ou sur des femelles ayant des difficultés à prendre, ce procédé se révèle efficace. En tout cas, Olivier en est convaincu !
« L’échographie nous incite à faire un meilleur suivi des femelles »
« À l’arrivée des doses sexées, nous y sommes allés prudemment. Nous en mettions uniquement sur les meilleures vaches car les génisses prenaient mal. Nous avons commencé les inséminations profondes au printemps 2016. Au vu des résultats de fertilité, il ne nous a fallu que quelques mois pour passer toutes les doses sexées en insémination profonde ! » explique Olivier.
L’insémination profonde est précédée d’une échographie qui permet de valider l’aptitude à l’insémination et d’identifier le côté pré-ovulatoire afin de déposer la semence dans la bonne corne utérine. « Cette échographie nous incite à faire un meilleur suivi des femelles, assure Olivier. Ainsi, nous détectons plus facilement les femelles à problèmes. Nous évitons d’inséminer des femelles pour rien ou qui ont très peu de chances de prendre. »
Au niveau d’exploitation, le nombre de doses sexées nécessaire pour une fécondation est passé de 2,2 en insémination classique à 1,5 en insémination profonde, soit l’équivalent des doses classiques.
« 0,7 dose économisée ! »
Pour les 40 femelles inséminées en race pure, cela représente une économie de 28 doses sexées à 40 € la dose, soit 1 120 €. L’intervalle vêlage-vêlage a aussi été réduit en un an pour passer de 13 mois et 8 jours à 12 mois et 21 jours. « Ces résultats nous encouragent à mettre des doses sexées sur des femelles pour lesquelles nous n’aurions pas osé avant par crainte qu’elles ne prennent pas, révèle Olivier. Faire de l’insémination profonde, c’est mettre toutes les chances de notre côté. »
Le surcoût d’une dose sexée en insémination profonde par rapport à une dose classique en insémination conventionnelle est de 36 € (25 € pour la dose, 11 € pour l’insémination au sein de la coopérative d’insémination XR Repro). Pour le Gaec, cela représente un budget supplémentaire de 1 440 € par an juste pour le renouvellement. Pour Olivier et David, cet investissement se justifie largement. « L’usage des doses sexées augmente la probabilité d’avoir des génisses issues de nos meilleures vaches et donc intéressantes à garder pour le troupeau. »
« Une stratégie à l’échelle de notre exploitation »
Cette amélioration de la fertilité via l’insémination profonde a permis à Olivier et à David de réviser leur stratégie de reproduction. « Pour obtenir nos 30 génisses nécessaires au renouvellement, nous inséminons 40 femelles en doses sexées et en insémination profonde, explique Olivier. Nous gardons un peu de marge pour celles qui ne prennent pas, celles qui se blessent… »
Les autres femelles sont inséminées avec des doses de charolais. Le marché de Saint-Laurent-de-Chamousset, à 5 km de la ferme, valorise très bien les veaux croisés de 3 semaines : entre 320 et 450 € par femelle et entre 430 et 580 € par mâle. « À ce prix, nous avons un véritable intérêt à limiter le nombre de veaux montbéliards pour n’avoir que les femelles nécessaires au renouvellement. Le surcoût de l’insémination profonde est remboursé par les économies de doses sexées et le sexage se rentabilise par la vente des animaux croisés. La production de veaux croisés fait partie intégrante des revenus de l’exploitation. »
« Nous envisageons l’IA profonde pour tous »
Avant l’utilisation de l’insémination profonde, la baisse de fertilité due au moindre nombre de spermatozoïdes dans les doses sexées obligeait d’inséminer deux tiers des femelles avec des doses montbéliardes. Maintenant, un tiers suffit, ce qui permet de produire 70 veaux croisés charolais, soit 30 à 40 de plus qu’avant. « Nous sommes tellement satisfaits de cette nouvelle méthode que nous commençons à utiliser des doses sexées en insémination profonde pour les veaux croisés. Nous envisageons même de le faire pour tous. Les mâles sont achetés en moyenne 150 € de plus que les femelles. Ça paie largement la dose ! »
Émilie AuvrayPour accéder à l'ensembles nos offres :