« Nous avons réduit nos frais vété rinaires avec l’acupuncture »
Alternative. Anne-Sophie Brasseur a commencé à intervenir sur ses veaux et ses laitières en acupuncture fin 2019, à la suite d’une formation organisée par la chambre d’agriculture. Sur sa première année de recul, elle constate une forte réduction des frais vétérinaires.
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Installée hors cadre familial avec son mari, Benoît, en 2015, Anne-Sophie Brasseur était ennuyée par des gros nombrils sur les veaux. « Lors d’un chantier d’ensilage, un collègue a parlé à mon mari de cette formation à l’acupuncture organisée par la chambre d’agriculture. Comme nous voulions améliorer globalement la santé de notre troupeau sans médicament, on s’est dit “pourquoi pas” », se souvient la jeune femme, auxiliaire de vie de formation.
Anne-Sophie suit donc une première session de deux journées, fin 2019. « L’acupuncture s’est montrée très concluante pour les gros nombrils, qui se dégonflent dans les vingt-quatre à quarante-huit heures. J’ai essayé de plus en plus de choses et globalement, nous sommes vraiment satisfaits et ça se traduit concrètement », souligne l’éleveuse. Les frais vétérinaires sur les veaux, les génisses et les vaches laitières se sont en effet élevés à 3 959 € en 2020 contre 6 693 € l’année précédente. Et les éleveurs s’attendent à baisser encore en 2021.
« Lors de ma première formation de deux jours, fin 2019, nous avons vu 21 points d’acupuncture. Mais il y en a d’autres ! » sourit Anne-Sophie, qui a suivi les deux jours de la session de perfectionnement début 2021. Revoir certaines notions s’est révélé très intéressant, par exemple pour replacer les points sur des veaux qui toussent ou pour les vaches qui présentent des problèmes de chaleurs. « Je n’avais pas osé le faire l’an dernier car je n’étais pas sûre de moi. Mais ça fonctionne : la vache qui avait des problèmes est revenue en chaleur en trois jours. Mais je n’ai pas encore beaucoup de recul pour ce cas précis. »
Désormais, elle agit aussi en prévention. Il ne s’agit pas de traiter tout le troupeau, ce qui serait franchement fastidieux, mais de s’attacher aux trois ou quatre meneuses (lire encadré page suivante). « La vétérinaire nous a conseillé de le faire au changement de ration et en préparation à la mise à l’herbe. » Ce qui intéresse grandement les éleveurs, bien décidés à intensifier leurs actions de prévention, notamment à la préparation au vêlage. « En formation, on commence le matin par des aspects théoriques, et l’après-midi, on met en pratique, pour trouver les points en fonction des particularités anatomiques des animaux. Cela enlève la peur de se lancer car la vétérinaire est là pour nous corriger si besoin. »
Toute séance commence par le recentrage de l’animal et par le triangle de l’immunité (foie-rein-rate) avant de se concentrer sur les points liés à ce qu’on veut traiter, voire des points généraux comme celui dit « aspirine », au jarret, contre la douleur. Prenons les mammites. « Je commence en salle de traite car je fais systématiquement le premier jet donc je peux détecter rapidement s’il y a un problème. Puis je complète dans la stabulation. On commence à voir l’amélioration souvent le lendemain, mais il ne faut pas hésiter à recommencer, et apprendre à être patient. Certaines reviennentsaines en 4 séances. Mais, si vous avez une vache blindée de cellules, cela peut être impossible à rattraper, alors là, c’est la réforme. » Le contrôle laitier souligne la réalité de ces améliorations : Lola (la numéro 48) est ainsi revenue de 1 million de cellules à 197 000 entre deux contrôles.
Résultats concluants sur des non-délivrances et des dartres
L’été dernier, Anne-Sophie a traité des problèmes de délivrance, les questions d’odeur se sont réglées en une journée. Elle s’est également attaquée aux dartres qui apparaissaient dans une case de 12 jeunes. « J’ai traité les deux génisses qui commençaient à en avoir et en deux jours, les plaques ont séché. Aucune autre génisse de la case n’en a eu contrairement à ce que nous avions vécu d’autres années. Mais la formatrice nous a bien dit que l’acupuncture ne ferait rien sur les verrues, c’est dommage mais il y a des limites et on peut le comprendre. »
Depuis sa seconde session de formation, la jeune femme reconnaît qu’elle travaille également sur elle-même. « Nous avons des montbéliardes, je les trouve plus dures alors je faisais moins les aiguilles sur elles. Ce qui est important c’est de se faire confiance et d’être patient. Et d’être calme quand on y va ! Les vaches sentent bien comment vous êtes », sourit celle qui se trouve un tempérament de feu et qui préfère pratiquer les aiguilles en présence de son mari, car il est plus calme qu’elle… Outre la formation, la dépense est faible : une boîte de 100 aiguilles coûte en effet 10 €.
YANNE BOLOHPour accéder à l'ensembles nos offres :