Mouches : un combat vain si on ne s’attaque pas aux larves
Maîtriser les mouches et leurs désagréments est possible, à une condition : ne pas se limiter à la lutte contre les seules adultes, mais traiter surtout leurs larves.
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Impossible d’éliminer les mouches et les désagréments qui vont avec dans un élevage (gêne pendant la traite, transmission d’agents pathogènes, baisse de production des animaux…). Leur cycle de reproduction extrêmement rapide et leur capacité de ponte phénoménale expliquent cela (voir infographie). Cependant, les maîtriser est une chose à la portée de tous, sous réserve d’intégrer un point capital : lutter avec des traitements insecticides contre les seules mouches adultes quand elles deviennent envahissantes est un combat perdu d’avance. Il est crucial d’attaquer le mal à la racine : au stade larvaire et cela avant que les larves ne se transforment en pupes. Sur ces dernières, les traitements larvicides sont en effet inefficaces.
Seuls trois larvicides homologués
« Si la majorité des éleveurs de porcs et de poules pondeuses ont depuis longtemps intégré cette réalité, c’est très loin d’être le cas des éleveurs de bovins et notamment des laitiers », explique Jacques Poulichot, chef des ventes élevage chez Lodigroup (fabricant de produits insecticides et larvicides). Vincent Potaufeux, directeur du GDS des Vosges, confirme cet état de fait.
Du fait de la réglementation biocide européenne, le nombre de matières actives utilisables comme insecticides, mais surtout larvicides, s’est resserré ces dernières années. Là où l’on compte encore une petite dizaine de molécules utilisables au stade adulte, il n’en subsiste que trois homologuées contre les larves de mouches et les vers à queue (qui se multiplient dans les fosses à lisier). Se présentant sous forme de poudre, le diflubenzuron (Device PM) est en réalité peu utilisé en élevage bovin. Ce n’est pas le cas de la cyromazine (Neporex, Maggot, Hokoex…) qui se présente sous la forme de granulés. Le S-méthoprène (Larvenol) est plus récent sur le marché. Cette molécule, utilisée depuis 1985 aux États-Unis, n’a été homologuée qu’en 2014 par la réglementation biocide européenne.
Comme les deux autres larvicides, le S-méthoprène agit comme un inhibiteur de croissance des insectes. « Se comportant comme une hormone juvénile, il fait croire à la larve, la pupe ou la nymphe qu’elle est toujours jeune et que le temps de passer au stade adulte n’est pas venu », explique Jacques Poulichot. Le S-méthoprène se présente sous forme liquide à pulvériser (si vous avez de grandes surfaces à traiter) ou de granulés.
Le S-méthoprène est donné pour être actif huit semaines, là où l’application de la cyromazine doit être renouvelée toutes les six semaines. Comme cette dernière, le S-méthoprène peut être épandu en présence des animaux. Sur le plan toxicologique, évalué avec la DL 50 (dose létale), le S-méthoprène apparaît comme moins toxique par voie orale. Il en faut dix fois plus pour provoquer une toxicité aiguë par voie orale chez un rat (DL 50 de 34 000 mg/kg contre 3 387 mg/kg pour la cyromazine)(1).
« L’efficacité se joue d’abord sur le respect des conditions d’application »
Au-delà de ces quelques différences, retenez que « 95 % de l’efficacité d’un traitement larvicide se joue sur le respect des conditions d’application. Pas sur le choix de la matière active », insiste Vincent Potaufeux. Dans ce domaine, le message est le même depuis des années.
Pour être efficace, la lutte chimique doit débuter le plus tôt possible et surtout avec des passages réguliers. Cela donc dès les premières chaleurs, quand apparaissent les premières mouches adultes, en s’attaquant aux deux stades : larvaire et adulte.
Les larvicides doivent être épandus sur les zones humides et riches en fumier et purin, propices au développement des larves (fumière, fosse, préfosse). Sous forme de granulés, la dose recommandée est de 25 g/m². Dans les bâtiments, ciblez les zones périphériques des aires paillées sur une bande de 50 cm de large, là où la litière n’est pas piétinée par les animaux (et les larves détruites) le long des murs, au pied de chaque poteau et sous les mangeoires et les abreuvoirs. Et si la nurserie jouxte la salle de traite, ne l’oubliez pas. C’est souvent la source de retour des mouches.
Jean-Michel Vocoret(1) DL 50 chez le rat par voie orale du saccharose : 29 700 mg/kg ; du sel de table : 3 387 mg/kg
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