DOPER LA GLYCÉMIE RELANCE LE RÉFLEXE DE SUCCION

RIEN DE PLUS STRESSANT ET ÉNERVANT QU'UN VEAU QUI NE VEUT PAS BOIRE.

Les causes sont nombreuses : anoxie (manque d'oxygénation du cerveau au moment de la mise bas), contaminations infectieuses au moment du vêlage (colibacillose, salmonellose…), carences en iode ou en sélénium conduisant à des veaux mous au vêlage. Mais cela peut être tout simplement un état d'hypoglycémie. La situation est classique si le vêlage est un peu long (cas des génisses et vaches en hypocalcémie) et difficile, ou si la vache a eu tendance à maigrir en fin de tarissement. On peut alors se retrouver avec un veau en hypoglycémie qui ne boit pas suffisamment et dont la glycémie ne remonte pas. Le glucose étant le seul nutriment énergétique du cerveau, le centre commandant la succion ne peut pas fonctionner normalement. Résultat : le veau refuse de boire et on entre dans un cercle vicieux.

Bien sûr, la prise rapide d'au moins 2 l de bon colostrum (dans les deux heures suivant le vêlage) est un point essentiel pour faire monter la glycémie du veau. On parle souvent du rôle immunitaire du colostrum. À juste titre d'ailleurs, mais on néglige que son rôle primaire est nourricier. En effet, ce colostrum est 4,5 fois plus concentré en matière azotée, 1,3 fois en matière grasse, et 1,5 fois en minéraux que le lait de vache. C'est à la suite de la digestion du colostrum que des nutriments tels que le glucose sont résorbés. La prise d'un seul litre dans les douze premières heures, comme c'est souvent le cas, est très insuffisante. Le veau né dans de mauvaises conditions doit également être maintenu au chaud pour éviter que le peu d'énergie qui lui reste ne serve à lutter contre le froid et pour faciliter la digestion qui se fait mal sur un veau en hypothermie. La présence de la mère dans les premières heures est également un facteur favorisant le démarrage d'un veau faible.

Par ailleurs, la distribution de glucose 5 % à ces veaux en hypoglycémie aide à relancer le réflexe de succion. Il peut être administré en perfusion. Il suffit de présenter un biberon avec un litre de lait au veau ou de le mettre sous sa mère. On peut également administrer 200 à 300 ml sous la peau en deux ou trois points, un quart d'heure avant de lui proposer une tétée. Il n'est pas rare de voir un veau déclencher le réflexe de succion pendant une simple perfusion de glucose.

APPORT DE GLUCOSE SANS AUCUN RISQUE

Lors d'un examen clinique standard, une analyse de la glycémie permet de savoir si un veau non-déshydraté a quand même besoin d'être perfusé avec une solution glucosée ou non. Il peut également être intéressant de faire une glycémie sur un veau né par césarienne ou de vêlage assisté lorsqu'il a du mal « à démarrer ». Elle permet une prise en charge rapide du nouveau-né et évite les démarrages difficiles souvent compliqués d'infections dans les premières semaines de vie. Le jour de sa naissance, le veau doit avoir une glycémie située entre 0,6 et 0,7 g/l, taux proche de celui de sa mère. Le veau étant un monogastrique au début de sa vie, sa glycémie normale augmente progressivement et atteint environ 0,9 g/l à un jour pour aller jusqu'à 1 g/l vers quatre à cinq jours. Il n'est pas rare de trouver des glycémies bien plus basses sur des veaux en méforme dans les jours suivant leur naissance. Les diabétiques propriétaires d'un glucomètre peuvent facilement prendre une goutte de sang à l'oreille du veau pour vérifier sa glycémie.

Quoi qu'il en soit, le glucose 5 % ne coûte pas cher et n'est pas nocif. Il est facile à administrer. Il n'y a absolument aucun risque à en administrer à un veau en sous-cutané, s'il ne veut pas téter le jour ou le lendemain du vêlage.