LUTTE CONTRE LES MOUCHES, UNE STRATÉGIE À PLUSIEURS NIVEAUX
L'efficacité des traitements repose sur une intervention précoce, ciblant les larves et les adultes. Pour ces derniers, une application sur des surfaces propres s'impose.
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LES MOUCHES SONT INCONTESTABLEMENT LES INSECTES qui créent le plus de nuisances en élevage laitier. C'est d'abord une gêne pour l'éleveur, notamment pendant la traite. Une gêne aussi dans les maisons d'habitation proches du bâtiment. L'incidence est également sanitaire avec la transmission d'agents pathogènes responsables de plusieurs maladies : mammites d'été, kérato-conjonctivites, brucellose, etc. Les mouches énervent les animaux jusqu'à entraîner des baisses de production : une perte quotidienne de 0,54 kg de lait par vache laitière a été observée sur trente-cinq jours (source Novartis).
Il existe plusieurs espèces de mouches. Certaines sont hématophages, d'autres se nourrissent de déchets organiques.
JUSQU'À 3 000 LARVES PAR KILO DE FUMIER
Leur point commun est un cycle de reproduction très rapide : moins de dix jours si les conditions de chaleur et d'humidité sont favorables.
En vingt jours de vie, une femelle peut pondre 2 000 oeufs. Un kilo de substrat organique (fumier, bouse, etc.) hébergera jusqu'à 3 000 larves. C'est une véritable bombe qui explosera aux premières chaleurs.
Ensuite, les mouches ont la capacité de passer l'hiver dans les bâtiments d'élevage à tous les stades de leur développement : oeufs, larves et adultes. Ces colonies se développeront dès le printemps. D'où l'importance d'en détruire un maximum à l'automne.
Mais la lutte commence par des mesures de prévention. L'objectif est de diminuer les milieux de vie des mouches et des larves ainsi que leurs lieux de pontes. Cela passe par des règles d'hygiène basiques : « L'idée générale est de laisser le moins possible de matière organique dans le bâtiment et à proximité », insiste Pascal Gacel, de Farago Loire- Atlantique. C'est-à-dire limiter dès que possible, au printemps, la présence de fumier dans les bâtiments et éloigner les lieux de stockage à plus de 500 m. Il est important aussi d'assécher au maximum les bâtiments en assurant une bonne ventilation. Il convient d'être rigoureux dans la propreté des abords de silo et dans la nursery, deux lieux de prédilection des insectes.
« Pour être efficace, la lutte chimique doit commencer le plus tôt possible et avec des passages réguliers », insiste Pascal Gacel. Dès les premières chaleurs, souvent en avril quand apparaissent les premières mouches adultes, il faut s'attaquer aux deux stades du cycle : larvaire et adulte. Un kilo de fumier pouvant contenir 3 000 oeufs, il est impératif de traiter, à l'aide d'un larvicide, les aires de couchages qui ne sont pas curées et les surfaces des fosses à lisier et de la fumière. On cible alors les zones non piétinées par les animaux : 50 cm le long des murs, sous les auges et les abreuvoirs, autour des poteaux… Les larvicides se présentent souvent sous forme de granulés solubles, faciles à épandre avec un arrosoir ou un simple pulvérisateur.
TRAITER DES SURFACES PROPRES ET SÈCHES
Le traitement insecticide des adultes va de pair avec le larvicide. Ils doivent tous les deux être répétés toutes les six à huit semaines (durée de rémanence des produits), en privilégiant les bâtiments fréquentés par les animaux pendant l'été. Soit un total de quatre traitements dans la saison, le dernier ciblant les mouches d'automne pour détruire un maximum d'insectes capables de passer l'hiver. Il s'agit d'utiliser un produit homologué, de respecter le dosage et la concentration indiqués, mais surtout d'appliquer l'insecticide sur une surface propre et sèche. « C'est rarement le cas en élevage bovin. Une partie de l'insecticide est alors dégradée par les poussières et la matière organique résiduelle, d'où une perte d'efficacité souvent observée. Ce n'est pas le produit qui est en cause mais son utilisation », insiste Pascal Gacel. Les insecticides se pulvérisent sur les murs entre 1 et 3 m de hauteur, après un passage préalable du nettoyeur à haute pression. « Il faut insister sur les locaux de la nursery et les bâtiments des génisses qui sont de gros réservoirs. Les traitements en présence des animaux sont à proscrire. Comme pour toute manipulation de produits biocides, il faut s'équiper de gants et d'un masque et éviter tout contact avec la peau. »
Combien cela coûte-t-il ? Pascal Gacel estime que pour une exploitation laitière moyenne du département de Loire-Atlantique, le coût est d'environ 480 € pour les quatre traitements larvicides et adulticides.
LE CAS DU LOCAL DE TRAITE
L'utilisation des insecticides est déconseillée dans la salle de traite et dans le local du tank à lait. La lutte mécanique est ici recommandée. On peut utiliser des brasseurs d'air dans l'aire d'attente et la salle de traite pour créer des courants d'air, néfastes aux vols des mouches si la hauteur de plafond permet un fonctionnement en toute sécurité. En cas de forte infestation et par beau temps, la brumisation est efficace. Les destructeurs électriques avec tubes fluorescents peuvent être intéressants dans le local du tank. Il faut privilégier les bleus et les verts, couleurs qui repoussent les mouches, au détriment des teintes jaunes, blanches ou orangées qui les attirent.
Le traitement des animaux est complémentaire de celui des bâtiments. Il vise aussi d'autres types d'insectes volants que ceux présents dans les bâtiments, et assure la tranquillité des animaux, même en pâture. Ces insecticides doivent posséder une autorisation de mise sur le marché (AMM) et sont soumis à une ordonnance vétérinaire. Ils sont applicables en pour-on ou en pulvérisation avec une rémanence pouvant aller jusqu'à deux mois. Ils s'appliquent avec des équipements de protection adéquats en évitant les jours de pluie.
DOMINIQUE GRÉMY
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