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Démonstration de la rentabilité d’une vaccination contre les mammites

Mode d’emploi. Combiné à d’autres mesures de prévention, le vaccin anti-mammite aura un effet amplificateur. C’est ce qui garantit sa rentabilité. © Claudius Thiriet

Prévention. La rentabilité de la vaccination contre les mammites, qui doit impérativement s’accompagner d’autres mesures préventives, est difficilement perçue par les éleveurs. Une étude récente, dans des élevages robotisés, apporte des éléments. La moindre perte de lait est un facteur clé du retour sur investissement.

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Avec aujourd’hui deux vaccins qui protègent contre 80 % de germes responsables des infections mammaires (encadré ci-contre), la vaccination contre les mammites devrait s’envisager dans de nombreuses situations d’élevage. Force est de constater que peu d’éleveurs l’utilisent en France. Le protocole vaccinal peut paraître chronophage, mais c’est davantage le retour sur investissement qui est difficile à appréhender pour cette action préventive coûtant entre 30 et 50 € par vache la 1re année, selon le protocole choisi avec le vétérinaire. Un vaccin est trop souvent perçu comme une assurance tout risque contre la maladie. Or, celui contre les mammites est loin de répondre à ce standard. Car cette pathologie reste particulière. Tous les élevages laitiers connaissent des mammites.

Amplifier les mesures de prévention

Le « zéro-mammite » n’existe pas. Et le rôle de la vaccination n’est pas d’empêcher que les germes entrent dans la mamelle. L’objectif du vaccin est de réduire le plus possible l’incidence des mammites et de faciliter leur prise en charge. « Rien n’est efficace à 100 % contre les mammites. Le vaccin est d’abord un outil de prévention supplémentaire. Car c’est bien l’empilement des mesures de prévention, avec l’effet amplificateur que cela induit, qui permettra une efficacité suffisante sur les infections mammaires », explique Stéphanie D’Esquermes, vétérinaire au laboratoire Hipra. Autrement dit, la vaccination doit s’accompagner de règles d’hygiène pendant la traite et dans le bâtiment de façon à éviter de créer des réservoirs de germes. Et lorsque les pathogènes sont entrés dans la mamelle, il faut faire en sorte qu’elle puisse se défendre en assurant une immunité de base grâce à une alimentation de qualité et des animaux en bonne santé. La vaccination viendra ensuite amplifier toutes ces mesures. « C’est pour cette raison que le vaccin peut présenter une efficacité variable d’un élevage à l’autre car l’environnement est toujours différent. D’où l’importance d’être encadré sur le terrain afin de trouver la meilleure combinaison pour accompagner la vaccination et obtenir cet effet d’amplification qui garantira la rentabilité du vaccin », insiste Stéphanie D’Esquermes.

Comment agit le vaccin

Contre les germes de contagion (staphylocoques mais aussi parfois streptocoque uberis), qui provoquent souvent des mammites subcliniques chroniques, difficiles à guérir, l’objectif est de limiter ce réservoir mammaire des germes et ainsi casser la contagion. On peut se poser la question de vacciner aussi les vaches déjà infectées. C’est ce qui est préconisé et pour deux raisons. Les vaches récemment infectées verront leur immunité dopée par le vaccin et se débarrasseront plus facilement des germes. Quant aux vaches infectées depuis longtemps, elles sont, pour la plupart, incurables. Mais en attendant leur indispensable réforme, la vaccination réduira l’excrétion des germes et protégera les congénères saines. D’autant qu’il n’est pas toujours facile de repérer dans un troupeau quelle vache est incurable ou pas. Donc on vaccine tout le monde de façon à obtenir une immunité de groupe.

L’action du vaccin sur les germes dits « d’environnement » (E.Coli, strept. Uberis) est un peu différente. Ces derniers s’incrustent moins dans la mamelle mais provoquent une réaction inflammatoire violente qui peut détruire le tissu mammaire et aller jusqu’à la mort de l’animal. L’objectif ici est de diminuer le nombre de mammites cliniques et leur sévérité. Plusieurs études expérimentales montrent que la vaccination atténue les signes cliniques, la vache perd moins en production, guérit plus vite et récupère plus rapidement son potentiel. « C’est un élément très important mais qui est difficile à évaluer pour l’éleveur. Avec notre vaccin Ubac, nous avons bien ces deux effets : une diminution de la sévérité et du nombre de mammites cliniques et un impact sur les cellules en évitant les mammites chroniques. Sur le terrain, les éleveurs reconnaissent que les mammites guérissent plusfacilement et que les antibiotiques retrouvent de l’efficacité », complète Stéphanie D’esquermes.

Dominique gréMY

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