Login

LA DÉSINFECTION ANNUELLE POUR RÉDUIRE LES PATHOLOGIES

Une bonne ventilation et le respect des densités animales sont les préalables à l'épandage d'un asséchant à des fins de désinfection. © CHRISTIAN WATIER

Avec le recul du pâturage, la désinfection des bâtiments est difficile à mettre en oeuvre. Il s'agit pourtant d'une mesure sanitaire de base pour réduire la pression infectieuse.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

CERTAINS AGENTS PATHOGÈNES PEUVENT PERSISTER très longtemps dans l'environnement : cette capacité augmente d'autant plus lorsqu'ils sont à l'abri dans des matières organiques ou s'ils se retrouvent sous forme enkystée, à l'instar des cryptosporidies, des coccidies ou de certains champignons comme la teigne. Une forte prévalence des maladies signe alors un déséquilibre entre la pression infectieuse dans le bâtiment et le capital immunitaire des animaux. « Dès lors, la désinfection des bâtiments d'élevage fait partie des éléments de biosécurité à mettre en oeuvre dans tous les élevages ayant été confrontés à un épisode pathologique majeur pendant l'hiver, explique Éric Pierrel, directeur du GDS du Jura. Elle devra également être réalisée dans les systèmes fromagers au lait cru comme mesure préventive contre les salmonelles et les listérias. »

En revanche, la désinfection annuelle n'a pas lieu d'être en l'absence de problèmes, « dans ce cas, il n'y a pas de raison de modifier le microbisme ambiant », précise Didier Guérin, vétérinaire et directeur du GDS de la Creuse.

La désinfection est à effectuer dès la sortie des animaux en pâture. Elle comprend trois étapes.

- Vider les fosses et curer les fumiers ; vider et nettoyer les abreuvoirs, sortir le petit matériel qui sera nettoyé à part.

- À l'aide d'un jet à basse pression, laver l'ensemble des installations (murs, sols en béton et tubulaires) et laisser détremper avant de décaper les surfaces, idéalement avec un nettoyeur à haute pression à l'eau chaude (+/- 100 °C).

- La désinfection pourra être réalisée 24 heures après le décapage, avec des produits homologués pour leurs propriétés bactéricides, virucides, fongicides, voire ookysticides si la coccidiose et la cryptosporidiose sont fréquentes chez les veaux. « On pulvérisera un désinfectant sur les tubulaires et sur les murs. Mais sur les sols, la désinfection sera très peu efficace du fait de l'absence de vide sanitaire », explique Éric Pierrel.

En effet, la désinfection devrait être suivie d'un vide sanitaire de quinze jours jusqu'à ce que le bâtiment soit sec. Mais cela n'est pas applicable en élevage laitier. Dans les systèmes pâturants, on peut néanmoins procéder entre deux traites au curage, suivi d'un nettoyage approfondi et d'un décapage. « L'absence de vide sanitaire n'empêche pas de réaliser ces deux étapes pour baisser la pression infectieuse. Elles permettent à elles seules d'éliminer 90 % des microbes présents dans le bâtiment », souligne le docteur Guérin. En zéro pâturage, le nettoyage pourra être réalisé par zone de bâtiment successive, suivi d'une désinfection des tubulaires et des murs. Le directeur du GDS du Jura rappelle aussi l'intérêt du « blanchiment » des étables, encore pratiqué dans son département : « Il consiste à éliminer la porosité des surfaces à la craie afin d'éviter les dépôts de matières organiques. »

ÉVITER LES DÉSINFECTANTS À PH BASIQUE

Dans le cas des sols en terre battue, le curage et le balayage visent à enlever le plus possible de matières organiques. On pourra ensuite appliquer un asséchant, mais pas de chaux, pourtant souvent présentée comme un désinfectant utilisable en élevage laitier.

« Ces désinfectants à pH très basique sont favorables à la multiplication des colibacilles, dont les principales conséquences sont les diarrhées néonatales et les mammites d'environnement », prévient le docteur Guérin. Des essais seront mis en place cet automne par le GDS pour confirmer cette hypothèse selon laquelle le milieu basique est favorable à la multiplication des colibacilles. En attendant, le vétérinaire recommande d'employer des asséchants de type neutre dans les élevages bovins et ovins.

« L'asséchant n'est nécessaire que s'il y a un problème de ventilation. Dans ce cas, le premier réflexe doit être d'améliorer cet aspect de l'ambiance du bâtiment et de s'assurer du respect de la densité animale. »

OBLIGATOIRE DANS LES NICHES À VEAUX

Concernant les niches à veaux, la désinfection doit être systématique entre chaque animal. Le choix du produit à pulvériser dépendra du profil infectieux : « L'eau de Javel n'est pas suffisante, rappelle Éric Pierrel. Le minimum est de pulvériser un produit virucide, fongicide et bactéricide, ou un produit à large spectre avec une action spécifique sur les coccidies et les cryptosporidies, par exemple le Kenocox. »

JÉRÔME PEZON

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement