MAMMITES ET INFERTILITÉ : L'ANTI-INFLAMMATOIRE PEUT SE JUSTIFIER DANS TOUS LES CAS
Une étude démontre qu'associer le Metacam au traitement antibiotique, même sur mammites légères, améliore significativement certains critères de reproduction.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
LES MAMMITES, PREMIÈRE PATHOLOGIE CHEZ LA VACHE laitière, sont responsables de pertes économiques importantes : baisse de la production laitière, moindre longévité des animaux, fertilité diminuée. C'est ce lien entre mammite et fertilité, souvent méconnu, qui a fait l'objet d'une étude récente. La fertilité des vaches laitières n'a de cesse de se dégrader depuis des années. C'est devenu la première cause de réforme avec des statistiques inquiétantes : un éleveur français renouvelle en moyenne un tiers de son troupeau chaque année ; une vache sur quatre est réformée pour infertilité. « L'allongement de la carrière d'une vache est un levier plus puissant que la réduction de l'âge au premier vêlage pour améliorer sa marge nette », note Olivier Perret (Cogedis). Et la baisse du prix du lait renforce ce poids de la longévité sur la rentabilité des élevages.
Or, « l'influence des mammites sur l'infertilité est démontrée », comme le rappelle Laurence Guilbert-Julien, responsable ruminants au laboratoire Boehringer Ingelheim. Plusieurs études en attestent : 77,3 jours d'intervalle vêlage-première IA pour les vaches ayant subi une mammite clinique contre 67,8 jours pour les vaches saines. Le nombre d'IA avant fécondation augmente aussi de façon importante : de 1,8 paillette pour les vaches saines à 3,4 paillettes pour les vaches qui déclarent une mammite après l'IA. « Une multitude d'articles publiés dans les revues scientifiques confirment cet effet négatif des mammites, qu'elles soient sévères ou modérées, quel que soit le germe, ou que la mammite intervienne avant ou après l'IA ou même pendant le premier mois de gestation. Toutes les performances de reproduction peuvent être touchées », explique Laurence Guilbert-Julien. Sur le terrain, les éleveurs le constatent aussi : « Elle est vide parce qu'elle a fait une mammite. » Ce lien mammite et fertilité correspond à des mécanismes complexes et variés. Une mammite est une inflammation qui répond à une agression bactérienne. Cela va amener la sécrétion de plusieurs substances (dont la prostaglandine) qui auront un effet sur le corps jaune et le follicule avec des conséquences directes sur l'expression des chaleurs, la qualité des ovocytes ou la mortalité embryonnaire. La douleur et le stress qu'engendrent l'infection, l'hyperthermie, la baisse de l'appétit sont autant d'éléments défavorables. Alors comment mieux gérer ce lien mammite, inflammation, infertilité dans le troupeau ?
LE COÛT DE L'INJECTION POURRAIT ÊTRE UN FREIN
Boehringer présente pour cela une première étude européenne (502 vaches dans 6 pays) qui évalue, lors d'une mammite déclarée, l'association à l'antibiotique d'une injection de Metacam. Il s'agit d'un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), polyvalent, qui existe depuis plus de quinze ans. Il est prescrit pour différentes infections (en complément d'un traitement) ou pour gérer les douleurs postopératoires. Dans l'étude européenne, les vaches ayant déclaré une mammite (les mammites graves étaient exclues) ont reçu avec le traitement antibiotique soit du Metacam, soit un placebo (pour constituer deux lots de vaches comparables). Elles ont été suivies sur leurs bactériologies et leurs résultats de reproduction. Dans le lot Metacam, le taux de réussite en première IA a progressé de 10 %, le nombre d'IA/IA fécondante a baissé de 0,5 et le pourcentage de vaches gestantes à 120 jours a progressé de 10 %. « Cette étude démontre que traiter l'inflammation, quelle que soit la gravité de la mammite, a eu un effet positif sur la fertilité. Aujourd'hui, le réflexe AINS existe pour des mammites aiguës, nous pouvons aussi le conseiller pour un usage au quotidien sur des mammites faibles ou modérées », soutient Nicolas Nehlig, responsable marketing chez Boehringer. Le délai d'attente de cinq jours pour le lait n'est en rien handicapant car le Metacam est toujours associé à un antibiotique. Le coût de l'injection (environ 30 euros) sera peut-être plus difficile à accepter.
DOMINIQUE GRÉMY
Pour accéder à l'ensembles nos offres :