COMMENT PRÉVOIR, RETARDER OU DÉCLENCHER LE VÊLAGE
La surveillance des vêlages est une tâche contraignante. La prise de la température reste la prévision la plus économique et la plus fiable, l'usage de médicaments n'étant pas sans conséquences.
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POUR LA SURVIE DU VEAU, ET LA PRÉVENTION DE LA MORBIDITÉ DU JEUNE ET DE SA MÈRE, la surveillance du vêlage est un élément clé. Contrairement aux femelles d'autres espèces comme la truie, la vache présente une grande variabilité tant pour le jour que pour l'heure du vêlage. Surveiller nécessite donc de prévoir cette mise bas ou, à défaut, de contrôler son déclenchement, en la retardant ou en la provoquant.
Se méfier des signes trompeurs
La connaissance de la date d'insémination ou de la saillie ne renseigne qu'approximativement sur la date de vêlage. Même au sein d'une race donnée, la durée de la gestation est variable dans l'espèce bovine. En général, les vêlages s'étalent sur une vingtaine de jours autour de la date moyenne. La mesure des mensurations foetales par échographie ne permet pas de mieux cerner la date de la mise bas. La palpation de la position du foetus dans l'utérus en fin de gestation n'est pas plus informative. Si la présentation antérieure ou postérieure s'établit dans le dernier tiers de la gestation, la position et la posture du veau changent plusieurs fois au cours des 96 h qui précèdent la mise bas. Les modifications comportementales de la mère qui accompagnent habituellement la préparation du vêlage (agitation, inquiétude, isolement) ne sont pas non plus des indicateurs précis. Ils apparaissent dans un délai variable selon les individus, parfois même alors que les contractions utérines ont déjà débuté. Il n'a pas été démontré que le cycle lunaire a une influence sur le jour du vêlage.
Cependant, des éleveurs et des vétérinaires ne manquent pas de remarquer que les jours de pleine lune s'accompagnent d'un plus grand nombre d'intervention pour les vêlages.
Observer les signes annonciateurs du jour
Une préparation externe complète avec relâchement des ligaments sacrosciatiques, plénitude mammaire et tuméfaction vulvaire, est acquise dans les 48 heures qui précèdent le vêlage avec un étalement de l'apparition de ces signes sur toute cette période. Une distension mammaire évidente et un oedème vulvaire marqué indiquent systématiquement que le vêlage aura lieu dans les 12 heures. La profondeur du relâchement des ligaments sacrosciatiques apporte une bonne précision. On peut mesurer ce relâchement à l'aide d'une toise : l'une des branches repose sur la pointe de la hanche et sur la ligne du dos, l'autre, graduée, coulisse perpendiculairement jusqu'à l'endroit le plus profond.
Lorsque la profondeur de ce relâchement augmente de plus de 5 mm d'un jour à l'autre, la probabilité de vêlage dans les 24 heures est de 94 %.
Mais cette mesure n'est utilisée que dans le cadre d'unités de recherche. Il n'y a pas de toise disponible à ce jour pour les éleveurs.
Prévoir les signes indicateurs de l'heure
La chute du taux de progestérone qui intervient lors du déclenchement de vêlage est associée à une chute de la température corporelle : elle commence à baisser 48 h avant la mise bas et baisse de plus de 0,5 °C au cours des 16 h précédant le vêlage. La prise quotidienne de la température d'une vache présentant des signes de préparation permet ainsi de préciser l'heure du vêlage : si la température rectale est supérieure ou égale à 38,9 °C, la vache a peu de chance de vêler dans les 12 h. En réalisant cette mesure le soir, on exclut un vêlage de nuit. Si la température devient inférieure à 38,5 °C, la vache vêlera dans les 24 h dans 98 % des cas et dans les 12 h dans 75 % des cas. Des sondes vaginales existent pour alerter l'éleveur sur son téléphone portable de cette chute de température de 0,4 °C, signe d'une mise bas dans les 24 h.
À l'avenir, le dosage du taux de progestérone pourrait être une alerte fiable. Lorsque la concentration atteint le seuil de 0,4 ng/ml, la vache vêlera dans les 24 h dans 90 % des cas. Pour l'instant, il n'y a pas de système de dosage de la progestérone disponible pour une utilisation dans l'élevage.
Le degré d'ouverture du col, premier stade du vêlage, permet de connaître le délai qui va s'écouler avant la sortie du veau. À moins de 2 cm (deux doigts), il faudra attendre plus de 7 h, entre 8-12 cm (une gestation est variable chez les bovins. Elle s'étale sur jours autour de la date moyenne main), le vêlage aura lieu entre 2 et 8 h plus tard. Dans le cas où cette intervention est absolument nécessaire, elle doit respecter les règles d'hygiène : queue attachée, nettoyage à l'antiseptique de la zone périnéale, mains et bras lavés et port de gants de vêlage.
Maîtriser le moment de la mise bas
L'objectif est de limiter le nombre de vêlages nocturnes. Chez la vache, les vêlages sont spontanément répartis de façon uniforme entre le jour et la nuit, avec une moindre proportion au cours des périodes de traite et d'alimentation et une préférence pour les phases d'absence humaine. La proportion de vêlages nocturnes est variable d'une exploitation à l'autre (24 à 54 %). L'un des leviers serait de modifier l'activité des femelles en fin de gestation, en les alimentant de préférence le soir. Des vaches en fin de gestation alimentées à 22 h vêlent, pour 80 % d'entre elles, dans la journée contre 43 % pour celles alimentées le matin. Jouer sur le type de ration pourrait avoir une influence : des vaches nourries à 18 h, avec une ration riche en fourrage, vêlent de jour pour 80 %, contre 38 % si elles sont nourries au même horaire avec une ration riche en concentrés. L'efficacité de cette méthode n'est pas retrouvée dans tous les essais.
Utiliser la voie médicamenteuse
Une dose intramusculaire ou intraveineuse de clenbutérol, administrée avant la dilatation complète du col utérin (ouverture inférieure à 8-12 cm), retarde l'expulsion du foetus de 5 à 10 h. Plus le col est dilaté au moment de l'administration et plus le report obtenu est court. Le traitement n'a pas d'effet délétère sur la santé du foetus et n'augmente pas le risque de dystocie ou de rétention placentaire. Il ne diminue ni la fertilité postpartum ni la production laitière de la vache. Cette utilisation du clenbutérol ne peut être qu'exceptionnelle : quand l'éleveur a vu le vêlage s'initier et se sait indisponible les quelques heures qui vont suivre. L'injection ne peut être pratiquée que par le vétérinaire.
Induire le vêlage peut avoir un intérêt pour obtenir une mise bas à un moment ciblé afin d'améliorer la surveillance ou mettre fin à une gestation dans le cas où celle-ci s'accompagne d'un oedème mammaire important avec risque de décrochement. Les éleveurs néozélandais l'utilisent aussi pour synchroniser la production de lait avec la pousse de l'herbe. Deux molécules sont utilisées : les corticoïdes et/ou la prostaglandine F2 alpha. Dans les systèmes privilégiant la période de vêlage et accordant peu d'importance à la survie du veau, des inductions peuvent être pratiquées jusqu'à un mois avant terme. Dans ce cas, 90 % des vaches vêlent dans les 48 h qui suivent la deuxième injection du protocole. Les inductions très précoces se soldent par un taux de mortalité des veaux de 17 à 45 %, des baisses de production laitière de 4 à 10 % et une morbidité des mères en hausse. Ce protocole a donc peu d'intérêt dans nos conditions d'élevage. Plus couramment, le vêlage peut être induit dans les 14 jours qui précèdent le terme théorique.
La mise bas intervient entre 30 et 50 h après injection. Le taux de mortalité des veaux n'est pas affecté mais on note un pourcentage très élevé de rétention placentaire (75 à 100 %).
SYLVIE CHASTANT MAILLARD ENV D'ALFORT
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