La mesure du pH urinaire est-elle utile pour dépister l'acidose ?
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QUESTION D'ÉLEVEUR
Mon troupeau conduit en ration complète souffre apparemment de façon chronique de subacidose. Mesurer le pH urinaire peut-il être un moyen de le vérifier. Un éleveur de l'Ain
LA RÉPONSE DE L'EXPERT YVES DEBEAUVAIS, VÉTÉRINAIRE POUR VACHES LAITIÈRES EN HAUTE-SAVOIE
« Dans les troupeaux suspectés de subacidose, le pH urinaire est davantage le reflet global de l'excrétion de l'excès normal de minéraux alcalins de l'alimentation que des dérèglements du rumen. »
Si vous lisez des articles scientifiques sur le sujet, vous trouverez certainement une relation entre le pH de la panse et des urines. En effet, lors des recherches, l'acidose ruminale est « provoquée » en donnant au même moment un gros repas acidogène à toutes les vaches. L'acidose étudiée est alors aiguë et synchrone sur tous les animaux. Le pH ruminal peut s'abaisser jusqu'à 5, deux à quatre heures après le repas, pour quelques heures au plus. Ensuite, la salive de la rumination tend à le normaliser. Quelques heures après le repas, le pH urinaire baisse à partir de son niveau « normal » (autour de 8) pour rester « acide » pendant quelques jours selon l'intensité de l'acidose de départ. En élevage, c'est ce qui arrive lors d'ingestion accidentelle de grandes quantités de concentrés par quelques animaux. Il est alors habituel de trouver des pH urinaire voisins de 5 pendant les trois ou quatre jours qui suivent… sur les survivantes ! Dans les troupeaux suspects de subacidose, il en va tout autrement.
• CHAQUE ANIMAL A SA PROPRE DYNAMIQUE DE PH RUMINAL. Elle dépend de la composition, la présentation et les modalités de distribution de la ration (complète, Dac, nombre de distributions…), de la fréquence et la durée de ses repas, de sa vitesse d'ingestion, de l'intensité du tri, des conditions d'abreuvement et de rumination… Bref, autant d'éléments de son confort en général, de son niveau hiérarchique et de son appétit du moment, qui dépend luimême du bien-être ruminal. A la suite d'un épisode d'acidose, le plus souvent assez bref, l'animal réagit par une baisse d'appétit « auto-correctrice ». L'intensité du tri et la vitesse d'ingestion sont également modifiées. Dans ce cas, il est plus pertinent de parler d'instabilité ruminale… sur la journée et entre les différents individus qui ingèrent, ruminent, digèrent de façon différente mais qui, chacun, limitent les variations du pH ruminal, par leur comportement d'ingestion notamment.
Les pH urinaires sont alors davantage le reflet global de l'excrétion de l'excès (normal) de minéraux alcalins de l'alimentation. Les vagues d'acides organiques (AGV, acide lactique) en provenance des brefs pics d'acidose ne sont pas suffisantes pour modifier vraiment le pH urinaire, surtout en ration complète ou semi-complète souvent repoussée.
• POUR AUTANT, IL EST TRÈS INTÉRESSANT d'évaluer le pH urinaire des laitières pour vérifier que les apports de minéraux (en particulier Baca) sont adéquats avec leur stade physiologique. L'homogénéité des résultats (évaluer dix vaches par lot) permet aussi de penser que toutes ingèrent, digèrent et se comportent de façon optimale. Si les résultats sont hétérogènes, les valeurs basses peuvent pointer des animaux ayant ingéré un très gros repas (concentrés ou tri intense) dans les heures précédentes, ou une vache atteinte de cétose (les corps cétoniques sont des acides). Les valeurs hautes peuvent signer une alcalose métabolique (stress de chaleur, excès de tampons dans la ration). Il est alors plus qu'utile d'apporter les corrections adéquates à un fonctionnement homogène du troupeau.
Les vaches n'ont pas toutes le même comportement devant la même ration © Y.D.
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