PAR EDWIGE BORNOT ET FRÉDÉRIC BABOUILLARD, À VILLAINES-EN-DUESMOIS (CÔTE-D'OR) : Trucs d'éleveurs

« Une chambre à air en guise de chaussette »

Le Gaec Babouillard a sa propre technique pour mettre une vache sur trois pattes au cornadis et soigner une patte. C'est avec un télescopique, depuis l'aire paillée, que Frédéric opère. « Pour lever la patte, on place tout simplement une sangle au niveau du jarret (surtout pas du canon), en prenant soin de tirer bien à la verticale de la pointe de hanche. Cela pour l'équilibre de la vache mise sur trois pattes », précise Edwige, sa soeur et associée. C'est elle qui a la charge des cinquante-trois brunes, à 10 000 kg de lait en moyenne.

LAISSER LE PANSEMENT AU MOINS 15 MINUTES

Le Gaec a aussi une façon très astucieuse de traiter tout type d'infection interdigitée comme les fourchet, cerise ou limace. Le parage réalisé, on utilise ici une chambre à air de roue avant de tracteur pour faire un bain de pied individuel. Enfilée comme une chaussette, la chambre à air (d'une vingtaine de centimètre de diamètre, à adapter selon la grosseur des pattes) est tout simplement nouée sur le canon à ses deux extrémités.

C'est beaucoup plus efficace qu'avec un sac d'engrais qui se perce dès que la vache met le pied au sol et plus économique en liquide désinfectant, du sulfate de cuivre dilué à 15 %. La vache ainsi traitée, une fois bloquée au cornadis immédiatement après la traite, reste environ 45 minutes avec son pansement avant d'être libérée. Edwige, qui a été vétérinaire praticienne avant de s'installer, conseille pour une bonne efficacité de laisser le « pansement » au minimum 15 minutes.

« Mieux vaut opérer à deux et rapidement, surtout quand il s'agit de nouer la seconde ficelle, le liquide ayant été versé. Selon la plaie, la vache a vite fait de botter dès que le produit agit », explique Edwige. Autre conseil, porter des lunettes pour éviter des projections de sulfate de cuivre dans les yeux en cas de chambre à air trouée ou mal nouée. Dans la stabulation, le réservoir du Dac porte encore les traces d'un des tout premiers bains de pied réalisés avec… un sac d'engrais.

JEAN-MICHEL VOCORET

Pour mettre sur trois pattes une vache bloquée au cornadis, on utilise le télescopique au Gaec Babouillard. Cela avec une sangle placée au niveau du jarret et surtout pas du canon. Mieux vaut utiliser une sangle qu'une corde pour le confort de l'animal.

Pour ne pas déstabiliser la vache, il convient de tirer bien à la verticale de la pointe de hanche. Une fois l'animal sur trois pattes, le pareur peut opérer en toute quiétude.

La chambre à air est enfilée comme une chaussette sur la moitié de sa longeur puis nouée avec une ficelle au niveau du canon.

Après avoir reposé la patte au sol, la chaussette est remplie d'une solution de sulfate de cuivre. Reste ensuite à nouer l'autre extrémité sans perdre de temps. Mieux vaut alors porter des lunettes de protection car, selon la sensibilité de la plaie, la vache peut botter et du sulfate de cuivre être projeté.

L'avantage de la chambre à air sur le sac d'engrais pour cette technique, c'est qu'elle ne se perce pas, exige moins de désinfectant et peut être réutilisée plusieurs fois.

PAR EDWIGE BORNOT ET FRÉDÉRIC BABOUILLARD, À VILLAINES-EN-DUESMOIS (CÔTE-D'OR) Trucs d'éleveurs

A découvrir également